Essays.club - Dissertations, travaux de recherche, examens, fiches de lecture, BAC, notes de recherche et mémoires
Recherche

Fiche de lecture

Par   •  24 Septembre 2017  •  2 762 Mots (12 Pages)  •  1 047 Vues

Page 1 sur 12

...

La troisième et dernière partie est intitulée « le couple se joue au premier matin ».

La bonne manière

L’argumentation de l’auteur commence par souligner l’importance des objets du milieu où se passe la scène. Ils estompent les blancs et contribuent à donner des informations sur le partenaire. Ce processus d’inspection est précipité par la présence de ce dernier et permet à l’invité de faire preuve d’une adaptabilité remarquable. Cette aptitude est en partie facilitée grâce au dédoublement, qui est un processus ambigu. En fait, Kaufmann explique qu’il n’y a pas de vrai moi, l’identité fluctue. L’empreinte, la continuité, le dédoublement identitaire ont pour but commun de lisser les aspérités du quotidien, pour éviter un affrontement, amené notamment par le regard porté sur des éléments dérangeants. Les matins sont aussi sujets à une illusion de simplicité (provoqué entre autres par l’anomie qui donne une impression de vide). Pourtant, beaucoup d’éléments ont lieu : négociation, réflexions et enjeux non négligeables. On a aussi un véritable paradoxe : on balance entre la mise en scène de soi (pour des raisons nobles liées à la relation) et l’idéal de naturel. Le premier matin obéit aux règles de face-à-face : il faut faire bonne figure et montrer une bonne capacité d’organisation. Les acteurs sont confrontés à un problème de maladresse provoqué par l’angoisse et l’envie de plaire. Par parer à cela, chacun se transforme en acteur/réalisateur et se met en scène pour camoufler les défauts. Petit à petit, avec l’empreinte, le jeu va inconsciemment devenir la réalité et les manières adoptées temporairement vont devenir des habitudes réelles : on s’invente autre. Avec l’anomie, tous les faits et gestes sont alors réfléchis et calculés, ce qui est heureusement facilité par le glissement identitaire. La réflexivité s’invite dans toutes les actions même pour des besoins « biologiques » : l’auteur relance une nouvelle fois le dilemme et la contradiction entre le confort la liberté, le naturel d’un côté et la séduction, le respect et la politesse de l’autre : quelle limite ? Kaufmann pose une autre question importante : celle de la distance. Il s’agit en effet d’une notion complexe et personnelle qu’il faut savoir décrypter pour éviter les faux pas.

La suite des événements

Il y a un véritable décalage entre la manière dont nous concevons l’amour et la réalité : nous idéalisons l’ancien modèle alors que nous vivons des histoires d’amour d’une forme nouvelle. La nuit d’amour parait comme quelque chose de mineur alors qu’il s’agit d’un événement puissant, qui s’inscrit dans un enchainement, une continuité qui constitue le couple. L’auteur avance d’ailleurs plusieurs fois l’idée qu’un couple existe parce qu’il ne rompt pas et non pas parce qu’il le décide. L’histoire d’amour implique aussi une division identitaire (dédoublement simple puis force de socialisation de l’événement et réécriture plus subjective de l’histoire de vie). L’auteur montre aussi que l’amour a été révolutionné et qu’il est désormais caractérisé par une absence de préméditation. Malgré un aspect plus ou moins accepté (car cela ne colle pas avec la vision traditionnelle des relations), il nous est expliqué que la fête est un élément constitutif de la fondation conjugale. Le phénomène peut être aussi propulsé grâce au groupe (amis). Enfin, la suite des événements implique bien sûr une grande réflexivité qui doit conduire à un moment ou l’autre à une décision.

Comment décide-t-on en amour ?

L’auteur remet dans le contexte la situation de la décision ; si les sentiments ont été déclarés préalablement, la nuit n’est qu’une confirmation de la démarche, mais nécessite de toutes manières de bien réfléchir à ce que l’on veut. Cela est donc bien éloigné d’un idéal de continuité. Le processus de réflexion est compliqué surtout quand lorsque l’on ne doit pas « casser » la dynamique qu’on a commencé à faire apparaitre. On émet une réserve qu’on tente de dissimuler pendant le face-à-face, l’autre ne devant se douter de rien. Pour cela, Kaufmann évoque différentes méthodes plus ou moins efficaces : éviter les projections à long terme, renvoyer les questions à plus tard, ou encore, plus radical, rentrer chez soi. La réflexion est aussi difficile parce qu’on peut difficilement faire une analyse rationnelle des événements. Il faut au contraire appel au sensible et à son intuition, qui peuvent parfois ne pas suffire à trancher. Le dédoublement est caractéristique des premiers matins ; il a diverses formes mais possède un centre commun : il y a conflit entre les deux moi. L’auteur conclue la partie en expliquant que l’efficacité de la réflexion matinale est douteuse et que parfois, nos perceptions sont faussées, pouvant conduire à des erreurs de jugement.

Vers un nouveau modèle amoureux

L’auteur explique que les sentiments ne sont pas enfermés dans des modèles précis. Cependant il juge utile d’aborder les mutations qu’a connues la notion d’amour pour mettre en avant le fait qu’une nouvelle forme de relation a émergé. Il parle de l’amour calculé où le mariage était régi par la famille et d’une importance cruciale. Cette conception a commencé à changer à partir du XXe siècle avec une vision plus individualiste et sentimentale. Progressivement va monter une sorte de « révolution invisible » qui va aboutir dans les années 70 à la libération des mœurs. Il distingue l’amour sentimental de l’amour romantique. Le premier est un modèle très chevaleresque, toujours dominant dans les références : une version très idéalisée et embellie de l’amour et du couple. Le second concerne un amour plus autonome où les acteurs se veulent maitres de leurs choix. Le modèle amoureux actuel, encore flou, est basé sut l’idée qu’on ne veut pas s’emprisonner dans une seule relation/émotion. Mis à part dans les livres et le cinéma, l’amour romantique est en déclin : il n’y a pas prédestination mais un véritable choix. Le nouveau modèle est issu de l’impact de la modernité et de l’ « ère de réflexivité généralisée » qu’elle implique. En fait, c’est désormais l’expérience personnelle que l’on fait primer au quotidien et cela même pour les relations. Finalement Kaufmann explique que l’amour actuel ne signifie pas une absence de sentiments, ils ont simplement changé de forme. Il est désormais

...

Télécharger :   txt (17.9 Kb)   pdf (113.2 Kb)   docx (16.1 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur Essays.club