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Analyse Ondine, Aloysius Bertrand

Par   •  4 Octobre 2018  •  2 978 Mots (12 Pages)  •  2 039 Vues

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d’Ondine.

2.2 La rencontre du réel et de l’imaginaire

Les trois premières strophes de ce poème appartiennent à un monde imaginaire, cependant l’interlocuteur est un poète qui se trouve dans un monde réel. La rencontre de ces deux mondes se fait donc à travers la conversation entre l’Ondine et le poète. Dans les trois premières strophes, l’Ondine s’exprime à la première personne c’est donc à travers ses paroles qu’Ondine tente de séduire l’homme pour l’entraîner avec elle dans ce monde fantastique où tout est fait d’eau. Pour cela, elle emploie des verbes à l’impératif « écoute» pour essayer de montrer sa supériorité, tenter de dominer le poète ému. Le royaume et le palais dont elle parle évoquent un désir d’évasion de la réalité vers un autre monde tout à fait différent et imaginaire. Cependant, le palais et le royaume sont faits d’eau, donc fragiles, contrairement à ces mêmes éléments qui sont solides dans le monde réel. Le poète, qui intervient à l’aide d’un discours indirect, a de l’insomnie, il est submergé dans un monde imaginaire et onirique. La voix qui lui parle est celle de l’Ondine, c’est une petite voix, fragile, de même que le contact qui les lie, il peut finir a n’importe quel moment, comme un rêve. En effet, le lecteur ne sait pas si le poète est entrain de rêver et la voix qui le séduit est fruit de son imagination. La narration des deux dernières strophes marque une rupture : on revient au récit selon le point de vue du poète, le locuteur a changé. Même si le poète se trouve dans un état d’insomnie, il ne perd pas la raison et rejette les tentatives de séduction de l’Ondine, qui lui demande d’aller vivre dans son palais. Mais il refuse, car il aime une mortelle, c’est maintenant lui qui domine l’Ondine, qui a une réaction infantile. Finalement elle disparaît, laissant ainsi à nouveau une atmosphère du quotidien, un poète à moitié endormi, une fenêtre et la pluie. Cela nous transmet des émotions mais toutes les strophes sont fortement liées, l’imaginaire et le réel se rencontrent.

2.3 Le personnage d’ondine

Le personnage d’ondine participe fortement à la création de cet univers fantastique.

Une voix de la nuit : La voix est le premier élément perceptible. Dès l’ouverture l’appel d’Ondine retentit et invite le poète (et le lecteur) à l’écoute. Cette injonction se répète par une anaphore au début de la troisième strophe. Le champ lexical de l’audition est ainsi très présent, de la reprise de l’impératif « écoute » (répété quatre fois) à l’utilisation de termes comme « sonores », « chanson », « murmurée », « éclat de rire ». L’ouïe est sollicitée, elle est nécessaire à l’émergence des images par la parole qui génère un univers onirique et fantastique. L’ambiguïté est d’emblée annoncée entre la voix et la vision, le terme étant l’homophone de « je vois ». Si la vision, ou description est possible, c’est parce qu’elle est d’abord perçue par l’oreille, puisqu’elle émerge dans un cadre nocturne. Avant que les paysages colorés naissent par les paroles d’Ondine, le cadre est sombre et morne cf. « mornes rayons de la lune, nuit étoilée » sont les seules sources de lumière.

Lecture analytique du poème « Ondine », Aloysius Bertrand (suite).

Une sirène dont le chant est audible par le poème en prose : Sa voix est à peine audible et elle parle en chantant « sa chanson murmurée, elle me supplia ». C’est une femme amoureuse qui a envie de séduire et de se marier. Elle veut capter l’attention du poète tel les sirènes avec Ulysse. En apparence, elle n’a rien de maléfique, l’atmosphère nocturne est calme, le beau lac est endormi et rien de dangereux qui se produit. Le lac semble être un lieu de plaisir, de richesse, de beauté. D’ailleurs, même repoussée, rabrouée, elle ne se venge pas et reste sereine dans un « éclat de rire », on dirait plutôt que dans sa famille il y a de l’espièglerie, de la gaieté, de la légèreté, de la liberté et de l’insouciance. On pourrait même dire que leur vie ressemble à une comptine, une chanson où l’on reprend le dernier mot à chaque fois « chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide ». Les assonances en -u- rappellent les sonorités des chansons d’enfants « caduc et barbu ». Ondine et ses sœurs sont espiègles, elles aiment se moquer des arbres « se moquent du saule caduc et barbu ».

Une apparition fugitive : Ondine est une créature mythologique qui fait une apparition fugitive, elle disparaît aussi vite qu’elle apparaît. Elle apparaît à la fenêtre du poète la nuit « c’est moi, Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges sonores de ta fenêtre », « rayons de la lune ». Elle disparaît « s’évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus ». Entre cette entrée et cette sortie, rien ne laisse supposer qu’elle ait pu rentrer dans la pièce. Ondine n’a pas de visage, le poète ne donne aucune indication physique mis-à-part « en robe de moire, la dame châtelaine ». Ses sœurs ont des bras d’écumes « mes sœurs caressent leurs bras d’écumes », ils ont un château et vivent dans un univers aquatique avec leur père et leur mère « mon palais est bâti fluide, au fond du lac ». Aussi, Ondine ressemble à une princesse des flots dont la vie se résume à nager. Elle vit entourée des quatre éléments dans le lac, il y a le triangle de feu, de la terre, et de l’air. Elle propose au poète un anneau et s’il accepte il deviendra prince et ensuite roi « être l’époux d’une Ondine, et de visiter avec elle son palais, pour être le roi des lacs ».

III UN TEXTE POETIQUE

Le texte en prose n’enlève rien à la musicalité du poème où l’on retrouve toute les caractéristiques sonores et rythmiques de la poésie.

3.1 La musique de l’eau.

La musique est le thème majeur de ce poème, c’est une caractéristique des poèmes en prose. On y trouve la musique de l’eau, c’est le frôlement des gouttes d’eau qui fait vibrer les vitres « les losanges sonores de ta fenêtre », « l’eau coassante », « sa chanson murmurée ». Son « éclat de rire » s’oppose à ses « larmes » et aux rires de ses sœurs « se moquent du saule caduc ». La première strophe commence par un appel, « Ecoute, écoute », dont la musique imitative évoque le bruit des gouttes d’eau : cela donne

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