Athènes sous le gouvernement d'Eubule
Par Stella0400 • 30 Mars 2018 • 4 123 Mots (17 Pages) • 598 Vues
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Isocrate considère l’eisphora comme un fléau (discours sur la Paix, contemporain de la guerre des Alliés). Isocrate apparaît comme le maître à penser des « modérés » athéniens. Dans ses discours, il promeut le concorde (homonoia) qu’il conçoit comme une concorde spéciale entre riches et pauvres. Son discours l’Aréopagitique est un appel à cette concorde.
Xénophon, dans son ouvrage Les Poroi encourage les citoyens à développer leurs propres richesses plutôt qu’à rechercher l’hégémonie. Tandis que les riches parient sur l’augmentation des ressources par la paix, les pauvres, qui espèrent trouver un salaire ou des allocations dans l’engagement sur des trières ou dans le partage des revenus de la puissance d’Athènes, semblent plus bellicistes. Le parti de Démosthène est opposé à ces idées, notamment entre 348 et 340.
Toutefois, le peu de sources dont nous disposons rendent ambiguë la position d’Eubule à propos de la paix. Pour certains auteurs, on ne peut pas parler d’une véritable politique pacifiste. En effet, Eubule n’est pas un partisan de la paix à tout prix, si l’on en juge par la façon dont Philippe est arrêté aux Thermopyles en 352 et dont la Chersonèse de Thrace est secourue en 351. Ensuite, les comptes navals ont conservé le souvenir de bois acheté par Eubule pour construire les navires. L’orateur et logographe Dinarque évoque les trières construites « sous Eubule ». La flotte passa en effet de 283 trières en 357/357 à 349 en 353/352. Cette volonté de reconstituer la flotte athénienne est loin d’être pacifiste… La marine athénienne surveillait toujours la Mer Egée.
Nombre d’historiens ont attaché à la politique d’Eubule un caractère forcené, un refus d’engagement extérieur. Dans les années qui suivent la défaite d’Athènes en 355 il n’est pas question d’abandonner les positions jugées vitales pour Athènes même si l’heure n’est plus aux expéditions lointaines.
La politique extérieure d’Athènes, si elle joue sur un registre moins agressif, n’en conserve pas moins ses objectifs traditionnels, sauvegarde de ses frontières immédiates, maintien de son approvisionnement en blé. Il n’apparait donc pas possible pour certains de parler d’un parti de la paix à Athènes à l’époque d’Eubule.
- Repenser la cité athénienne
A partir du IVème siècle, on observe par ailleurs un véritable engouement financier à Athènes.
Dans la 1ère moitié du IVème siècle, les revenus intérieurs d’Athènes paraissent peu élevés, en particulier parce que l’exploitation des mines du Laurion n’a repris que lentement après la guerre du Péloponnèse. Athènes ressort aussi affaiblie économiquement de sa défaite dans la guerre des alliés en 355. C’est alors que la piraterie se développe, Philippe de Macédoine étant accusé de la soutenir. Les questions de politique étrangère et de gestion des finances prédominent. « Riches » et « pauvres » s’affrontent à leur sujet, puisqu’il n’est plus question de luttes entre démocrates et oligarques.
C’est l’heure de la remise en cause des choix antérieurs avec l’arrivée au pouvoir d’Eubule qui marque une certaine rupture au niveau économique. Avec le titre de président des préposés au théorique, il va tenter pendant une dizaine d'années, de ~ 356 à ~ 346, de rétablir les finances de la cité et de trouver ailleurs les revenus que l'Empire ne fournit plus. Avec Eubule, les athéniens cherchent de nouveaux revenus et mettent en place les cadres institutionnels qui en permettront une meilleure gestion
Depuis 355, les finances d’Athènes doivent être réorganisées en fonction des ressources existantes et des besoins les plus nécessaires : c’est à cela que s’attache Eubule. Il va pour cela s’inspirer des Poroi de Xénophon (publiés en 355 !) dont il était proche.
Eubule et ses partisans ont différentes idées en ce qui concerne Athènes entre 355 et 350. Avec Eubule, les Athéniens cherchent de nouveaux revenus et mettent en place les cadres institutionnels qui en permettront une meilleure gestion. Ils appellent ainsi à :
- Trouver d'autres sources de revenus permettant à la cité d'assurer son ravitaillement en grains et l'entretien de sa flotte d'une part, le paiement des différents misthoi d'autre part. Le ravitaillement de la cité en blé et de matériaux pour la construction était au premier plan des préoccupations des Athéniens.
- Ils préconisent de favoriser en particulier le retour des marchands étrangers au Pirée, de façon à accroître les taxes que la cité prélevait sur les transactions et sur ces marchands eux-mêmes, lorsqu'ils avaient le statut de métèques. La perpétuation de la puissance athénienne au IVème siècle a été permise par le maintien du Pirée comme plus important centre de redistribution des marchandises. (mais le poids et la richesse accrue de la Macédoine, ntmt après 338, vont durablement modifier les équilibres)
- La législation commerciale et bancaire s’adapte (tribunaux spécialisés chargés de juger les affaires commerciales dikai empikoriai susceptibles de s’élever entre négociants.
- Il est possible aussi que la nouvelle législation sur les mines, qui devait entraîner un réveil de l'activité du Laurion, ait émané de l'entourage d'Eubule, de même que la loi de Périandre, qui étendait à la triérarchie le système des symmories. symmories triérarchiques : vers 357, Périandre fait voter une loi qui étend le système des symmories de l’eisphora à la tétrarchie. Les 1200 citoyens les plus riches sont regroupés en 20 symmories, représentant chacune la même fortune, qui se chargent de l’armement des trières. Cela en faisait un véritable impôt qui cessait de peser sur les seuls citoyens riches puisque cette loi permet de répartir les charges sur une plus grande partie du corps civique. Une telle politique pour être efficace supposait le maintien de la paix, à l'intérieur comme à l'extérieur.
- La politique d’Eubule s’avéra fructueuse, puisque les recettes publiques ordinaires passèrent de 130 talents au temps de la guerre des alliés à 400 talents en 339 selon les Philippiques de Démosthène. Mais cela n’est pas suffisant pour dépasser la Macédoine. Les ressources de Philippe étaient constituées non seulement de taxes douanières mais aussi de revenus miniers. Il est possible que ces ressources aient fini par représenter 10 fois celles d’Athènes (où toutefois les riches assumaient
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