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Le droit de résistance au XVIe siècle

Par   •  12 Novembre 2018  •  2 237 Mots (9 Pages)  •  468 Vues

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Ce refus d'adhérer aux théories monarchomaques vient du fait que Jean Bodin entend donner à la monarchie un caractère incontestable. Sa conception de la puissance politique du roi est qu'elle doit être absolue et perpétuelle, c'est à dire souveraine. La souveraineté de l’État est considérée comme absolue, elle n'est limitée ni en puissance ni en temps. «celui est coulpable de mort qui use des marques réservées à la souveraineté». On voit ici que selon lui, le souverain ne peut en aucune manière être soumis à la volonté d'autrui, quelle qu'en soit l'autorité. La souveraineté du roi n'est pas concurrencé par celle des magistrats ainsi que le souhaiteraient certains contemporains de Bodin. La souveraineté est absolue puisqu 'elle ne peut pas être déléguée, c'est à dire que si on donne du pouvoir à des magistrats on ne leur donne pas la souveraineté, on leur donne le pouvoir d’exercer. Cette idée s'oppose donc bien aux théories monarchomaques qui critiquaient la monarchie et souhaitaient refréner le pouvoir royal. La souveraineté est définie comme étant un principe supérieur de commandement lié à l'idée de puissance publique : le pouvoir de créer et de «casser» la loi. La souveraineté étant détenue par le roi en France, le tyrannicide est donc vu comme illégitime. Cependant l'usage de la souveraineté a des limites : le respect des lois naturelles et fondamentales. Mais c'est au souverain de décider s'il se plie aux lois ou nom, c'est à dire de diriger droitement ou non.

Dans son texte, Jean Bodin est surtout préoccupé par le problème que pose le tyrannicide des tyrans d'exercice. En effet c'est pour lui «la difficulté principale de notre question». Dans De la République, Jean Bodin estime qu'il n'est pas juste qu'il soit fait l'usage de la force contre un Prince souverain puisqu'il possède la souveraineté. Ainsi, le tyran peut être cruel et hérétique sans que l'un de ses sujet ne soit en droit d'agir directement contre lui. La rébellion est donc déclarée illégitime ce qui va à l'encontre de nombreux traités publiés dans ces années -là au cours des guerres de religion.

Dans son texte, l'auteur évoque des théoriciens qui ont écrit des traités légitimant la rébellion : «plusieurs Docteurs et Théologiens, qui ont touché à cette question, ont résolu qu'il est licite de de tuer le tyran.». Il fait référence aux traités ayant été écrits après la Saint Barthélémy par des auteurs protestants. Jean Bodin, qui s'est intéressé au calvinisme et qui est un intellectuel, a lu ces traités dont l'un des plus célèbres est Francogallia de François Hotman. Le but de ces traités est de légitimer la résistance au pouvoir tyrannique, même si cela doit impliquer la lutte armée. Cependant, pour la plupart, ces traités ne justifient pas le tyrannicide particulier comme semble le prétendre Bodin dans ce texte. Selon eux, le tyrannicide ne peut être fait que s'il est décidé par des magistrats. Un tyrannicide particulier comme celui de Jacques Clément n'est donc pas licite selon eux. Jean Bodin s'oppose à leurs idées puisque selon lui, le pouvoir des magistrats n'étant qu'une concession accordée par le Prince souverain, les magistrats n'ont en aucune façon le droit d'attenter à la souveraineté du roi. Les magistrats n'ont donc pas l'autorité nécessaire à ordonner un tyrannicide. Il n'est donc pas possible pour un sujet de se rebeller contre son souverain légitime, quand bien même ce dernier se comporterait en tyran. Le souverain n'a donc à rendre compte à personne, à part à Dieu.

La principale référence des ecclésiastiques pour justifier le fait que le roi est intouchable est le retour à un texte de l'Ancien testament où David, futur roi d'Israël, refuse de tuer le roi Saül, pourtant rejeté par Dieu, pour la simple raison qu'il ne se considère pas en droit d'attenter à la vie de celui que Dieu a choisi de placer sur le trône. Jean Bodin cite d'ailleurs cet épisode de la Bible dans son ouvrage De la République.

Jean Bodin ne fixe pas de limites à sa conception de la monarchie. En effet, partisan de la monarchie absolue, étymologiquement «sans liens», le souverain est ici délié de toute limites à son pouvoir. Le Roi est donc indépendant vis-à-vis de ses sujet.

Le souverain doit malgré tout respecter des règles qui limitent son pouvoir : il doit appliquer les lois naturelles, comme la propriété privée, la loi de Dieu et les lois fondamentales afin d'être un dirigeant qui gouverne droitement. Contre un souverain qui agirait en tyran, Jean Bodin rejoint les idées de Martin Luther, qui condamnait la résistance armée à l'autorité souveraine. Selon Luther, la tyrannie n'est pas à combattre mais à endurer, bien qu'il ait légitimé la résistance vers 1530.

On voit dans ce texte que pour Bodin, contre la tyrannie, il faut s'en remettre à Dieu et espérer qu'il envoie un Prince étranger : «aussi est-ce chose très belle et magnifique à un Prince, de prendre les armes pour venger tout un peuple injustement opprimé». Son ralliement à l'opinion de Luther peut être justifié par le fait que Jean Bodin a étudié la Réforme et a témoigné d'un vif intérêt à ces idées.

Selon Jean Bodin, un sujet ne peut pas « envahir la souveraineté », cette notion de souveraineté est capitale. Bodin la définit comme étant la puissance absolue et perpétuelle sur les sujets. Donc, le prince souverain commande, mais personne ne peut le commander, ce qui induit que personne n'est en droit de s'opposer à lui, sauf cas exceptionnel. Bodin n'est pas favorable au droit de résistance et de révolte car selon lui la tyrannie est préférable à la guerre civile ou à l'anarchie. On peut comprendre son point de vue par le fait qu'il a été témoin des guerres de religion qui ont déchiré la France de son temps. Il énonce d'ailleurs que pour lui, légitimer la rébellion de la part des sujets revient à ouvrir la porte à des troubles capables de «ruiner de tres belles & fleurissantes Monarchies». On voit donc que pour lui les actes du souverain ne doivent pas être remis en cause par le peuple pour le bien de l'Etat.

Conclusion :

On a donc vu que Jean Bodin s'oppose au tyrannicide ainsi qu'il est considéré par les auteurs antiques et les théoriciens monarchomaques de son temps. Le tyrannicide d'un tyran d'usurpation est admis,

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