La cocaïne, un produit mondialisé
Par Junecooper • 23 Octobre 2017 • 2 415 Mots (10 Pages) • 805 Vues
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Dans les pays producteurs, de transit et consommateurs, ce trafic a de larges conséquences sociales et politiques : La confrontation permanente entre les cartels de drogues, la police, les gangs pour le contrôle de ce commerce ou sa destruction a fait exploser la violence. Les guerres entre cartels au Mexique ou en Colombie par exemple augmentent sensiblement le taux de mortalité dans ces pays, et maintiennent la population dans un sentiment de crainte permanent. La politique est criminalisée, par exemple à travers une corruption favorable à ce trafic illicite dans les commissariats ou gouvernements.
La lutte anti-drogue ne se fait évidemment pas qu’à l’échelle internationale. La police et les douanes cherchent elles-aussi à démanteler certains cartels de drogues et à saisir le plus de cocaïne possible.
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Souvent, comme sur la photo ci-dessus, la cocaïne est dissimulée dans des marchandises.
3/ Les consommateurs et la préoccupation écologique.
Autrefois réservée à un milieu aisé et plus particulièrement à la « jet set », l’usage de la cocaïne, du fait d’une baisse importante des prix, s’est élargi à tous les milieux sociaux dans les principaux pays consommateurs, c’est-à-dire l’Europe et l’Amérique du Nord. Si nous avons très peu d’informations concernant l’ampleur de la consommation en Afrique et en Asie, les experts pensent que du fait de l’enrichissement de ces deux parties du monde et de l’intensification du trafic africain depuis les années 2000, les consommateurs y sont de plus en plus nombreux.
Il paraît évidemment que les perspectives environnementales sont totalement ignorées dans le trafic de la cocaïne, où seul le profit compte. Bien que bien organisé, le transport de la cocaïne, que ce soit par bateaux, voitures ou même sous-marins reste en grande partie anarchique et bien loin de ces préoccupations qui semblent presque absurdes. Le trafic étant déjà illégal, il ne s’agit pas de respecter les normes ou les lois mises en vigueur. De plus, la culture de la coca a des effets parfois assez néfastes sur l’environnement : elle accentue l’érosion des sols et la pollution chimique.
III/ Mondialisation financière :
1/Le blanchiment d’argent :
Les études de l’ONUDC nous montrent que les bénéficiaires principaux de ce commerce sont les trafiquants, puisque leur gain s’élève annuellement à environ 35 milliards de dollars aux Etats-Unis et 26 milliards de dollars en Europe, tandis que les cultivateurs de coca de la cordillère des Andes se partagent uniquement 1 milliards de dollars. La moitié de ces bénéfices sont par ailleurs blanchis, principalement en Europe et aux Etats-Unis. Ces deux régions du monde représentent donc 86% du marché en termes économiques. De plus, 1.600 milliards de dollars pour la seule année 2009 auraient été blanchis par la criminalité mondiale, soit environ 2,7 % du Produit intérieur brut mondial.
Certains vont jusqu’à dire que c’est les milliards de dollars issus du narcotrafic qui ont sauvés les banques de la faillite en 2008. Les liquidités des mafias auraient permis au système de ne pas s’effondrer. La majeur partie de l’argent blanchit issu du trafic aurait été absorbé par l’économie légale. Roberto Saviano, rendu célèbre par son livre Gomorra, qui décrit avec précision les milieux mafieux et le trafic de la cocaïne, écrit : « Nul marché et nul investissement ne rapportent autant que la coke ».
Les paradis fiscaux ont un rôle incontournable dans l’économie mondialisée et dans les activités illicites. La mondialisation des flux financiers aide en effet le blanchiment de cet « argent sale » issu du narcotrafic alors que les paradis fiscaux sont un lieu de transit pour celui-ci. Un paradis fiscal est un territoire où la fiscalité est très basse : les impôts sont insignifiants voire inexistants, il y a une absence totale de transparence et d’échanges de renseignements fiscaux avec les autres Etats et une tolérance envers les sociétés fictive. Les paradis fiscaux abritent une part non quantifiable d'actifs destinés au blanchiment de l'argent sale, qui se fait en trois étapes. La phase dite de placement d’abord, où l’argent est introduit dans le système financier, la phase « d’empilement » ensuite, où de nombreuses transactions sont effectuées pour réduire la traçabilité des fonds et la phase finale, où les fonds sont investis dans des secteurs variés et deviennent impossible à différencier des fonds issus de l’économie légale.
2/ Le « deep web » :
Les marchés en ligne sont une conséquence directe de la mondialisation et de la révolution numérique. Le « web caché » représente une menace de plus en plus importante : ce marché en ligne est extrêmement bien protégé. Il y est difficilement possible de tracer les identifiants des utilisateurs et propriétaires, dont la véritable identité est protégée par des méthodes de dissimulation très élaborées. Sur ces sites, qui existent souvent à l’internationales, les vendeurs et acheteurs peuvent commercer en toute impunité, en utilisant principalement les fameux « bitcoins », une monnaie virtuelle.
Nous ignorons beaucoup de ces nouveaux trafics « alternatifs » qui se sont considérablement développés ces dernières années. Cependant, avec le démantèlement par le FBI de « Silk Road », un site important de ce « darknet », nous avons découvert que leur chiffre d’affaire, en 3 à 5 ans d’activité s’élevait à 1.2 milliards de dollars.
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Logo de Silk Road.
Conclusion :
Le trafic de cocaïne est un exemple parfait du fonctionnement de la mondialisation illégale. En effet, ceux qui l’exportent profitent des routes de la mondialisation légale et de ses moyens de transport. Les échanges très denses de produits permettent à la cocaïne de se fondre dans la masse. De plus, la cocaïne profite de la dérégulation et du décloisonnement des marchés financiers, qui créent un immense marché mondial de flux qu’il est impossible de contrôler et de surveiller. De plus, à la mondialisation financière participent les nouveaux produits financiers comme les produits dérivés et les swaps qui contribuent à opacifier les transactions, favorisant les flux illégaux. Les acteurs institutionnels semblent dépassés face
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