L'anorexie: un phénomène complexe

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2.0 Le poids du social

Selon la sociologue Muriel Darmon, en ce qui concerne l’anorexie, il y a un facteur précis qui incite à intégrer un côté social à ce phénomène. Selon Darmon, la singularité de l’anorexie ne fait pas seulement partie des revues féminines ou des émissions de télévision. Selon elle, il existe une théorie médiatique de l’anorexie, faisant sujet d’une controverse et qui formule la question à savoir si l’industrie de la mode est responsable de contraindre ses modèles de beauté à un modèle maladif de minceur. (61) Dans son ouvrage, Devenir anorexique, une approche sociologique, Darmon affirme que certaines revues de mode, comme le magazine Elle, ont abordé à leur tour certains aspects de ce débat. Ces magazines se sont interrogés sur l’objectivation du corps de la femme et sur le rôle que jouent les canons de beauté dans le modèle corporel qu’on leur impose et qui s’avèrent être risqués pour leur santé. (61) L’aspect social pèse donc énormément sur les allocutions médicales. Selon Darmon, il ne faut pas non plus surestimer l’influence du monde de la mode et des médias sur l’anorexie.

2.1 Une carrière anorexique

Aux yeux de Darmon, en plus de la sphère psychologique, il y a un contexte social dans le phénomène de l’anorexie. Un individu peut commencer à réduire son alimentation pour causes esthétiques et sociales associées au genre, à la classe sociale, à l’âge et à ses goûts. (79) Le rationnement de cet individu se situe sur une échelle entre la normalité et l’obsession qui mettent d’autres facteurs en causes, facteurs d’ordre psychologique et biologique. Selon Darmon, il y a deux étapes lorsqu’on passe par l’anorexie mentale, la première étant étroitement liée au contexte socioculturel et à la privation alimentaire, la seconde incluant les changements psychologiques qui fixent l'abstinence de nourriture. (80) Du point de vue sociologique de Muriel Darmon, il ne faut pas considérer l’anorexie mentale comme un état ou une personnalité. Il faut savoir qu’il faut « faire » des choses en particulier pour « être » anorexique. (80)

2.2 Stratégies pour maintenir l’engagement

Dans son ouvrage, Muriel Darmon établit trois nouveaux modèles de stratégies qui sont utilisées par les jeunes anorexiques pour continuer leurs actions considérées comme déviantes malgré la surveillance qu’on leur impose. Aux yeux de Darmon, ces stratégies sont utilisées pour empêcher les conflits et les réprimandes. (203) La première stratégie abordée par Darmon est celle du contrôle de l’information par mensonges qui consiste à cacher son trouble alimentaire en laissant croire qu’une autre pathologie est présente. La deuxième stratégie étant de faire semblant : cela consiste à faire semblant de manger et à prendre la responsabilité des repas pour pouvoir mieux contrôler ce qu’elle ingère. La troisième et dernière stratégie est celle de l’exclusion sociale. La jeune fille s’isole graduellement et quitte ses responsabilités par peur de se faire stigmatiser. C’est ainsi que selon Darmon, les jeunes filles souffrant d’anorexie maintiennent leur engagement face à cette pathologie. 204-205

2.3 La résistance

Dans son ouvrage, Darmon décrit l’étape de résistance qui fait partie du cheminement de guérison des anorexiques. Les jeunes fille souffrant d’anorexie qui font durer cette étape sont considérées comme des jeunes filles anorexiques difficiles dans le milieu hospitalier. Selon Darmon, du point de vue médical, cette résistance par rapport à l’établissement et aux intermédiaires est l’expression de leur maladie. Ces jeunes filles sont rigides et manipulatrices. Aux yeux de Darmon et d’un point de vue sociologique, cette résistance peut être traduite comme un ensemble de stratégies pour arriver à ses fins. Selon Darmon, la résistance de certains anorexiques est en lien direct avec la façon dont les patientes sont passées au travers des différentes étapes du travail hospitalier. Celles qui ont fait preuve de déni, celles qui n’ont pas coopérées au traitement, celles qui n’ont pas acceptées de se prendre en mains, etc. sont beaucoup plus à risque de devenir des anorexiques difficiles lors du cheminement de guérison. (310-311)

3.0 Synthèse critique

Darmon et Dr. Pommereau n’expliquent pas de façon rigoureuse les causes qui sont en jeu dans le phénomène de l’anorexie. Ces deux auteurs soulignent l’influence des médias et du milieu de la mode. Cependant, aucun d’entre eux n’établissent de liens clairs et fondés entre les médias, les milieux de la mode et l’anorexie chez les jeunes filles. Après avoir analysé les écrits des deux auteurs, les véritables causes de l'anorexie restent encore inconnues.

En ce qui concerne la maladie mentale et la réalité dans laquelle vivent les anorexiques, les auteurs ont des points de vue assez semblables, mais ils portent leurs réflexions sur des axes différents. En effet, dans l'analyse de Muriel Darmon, il y a un aspect social qui ressort davantage tandis que dans l'analyse du Dr Xavier Pommereau, il y a un côté plus psychologique qui est présent. Dr Pommereau se concentre davantage sur les caractéristiques psychologiques ainsi que sur le rapport qu'entretiennent les jeunes filles anorexique avec la nourriture. Darmon, de son côté, base son analyse sur les facteurs sociaux qui interviennent dans la maladie et ne soutient pas que l'anorexie est un état ou une personnalité. Les deux auteurs ne font pas une analyse assez complète. Ils auraient eu avantage à toucher à tous les aspects de la vie qui sont en liens avec la maladie au lieu de se concentrer uniquement sur leur domaine respectif.

Pour ce qui est des étapes et de l'état d'esprit des jeunes filles durant l'hospitalisation, les deux auteurs mènent leurs analyses d'une façon plutôt différente. Dr Pommereau base son analyse sur l'équipe de spécialistes qui suit la jeune fille et sur l'attente du déclic qui est expliqué en profondeur. Darmon, pour sa part, il base son analyse sur les stratégies et la résistance des jeunes filles anorexiques durant l'hospitalisation. Leur analyse ne couvre pas tout ce qui touche à l'hospitalisation mais elles sont assez complémentaires.

4.0 Pour aller plus loin dans le phénomène de l'anorexie

Si on veut pousser l'analyse de l'anorexie un peu plus loin,