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Emile Zola, Nana, Chapitre VII, 1880

Par   •  21 Octobre 2018  •  1 437 Mots (6 Pages)  •  2 861 Vues

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Ce portrait public et social semble décrire d’une façon presque fantastique Nana, une simple prostituée qui dans cette scène, reste nue pendant que son amant lit un article sur elle dans le Figaro. Elle commence par analyser les parties de son corps, puis semble s’admirer, s’étant « absorbée dans [le] ravissement d’elle-même » comme il est dit à la ligne 19.

Nous pouvons assister à la réécriture d’un motif pictural traditionnel, celui de la femme au miroir. Le miroir n’a pas seulement pour fonction de refléter une image ; l’âme devenant un parfait miroir participe à l’image et par cette participation elle subit une transformation. Il existe donc une configuration entre le sujet contemplé et le miroir qui le contemple. L’âme finit par participer de la beauté même à laquelle elle s’ouvre. Ici le miroir qui contemple Nana représente toutes les personnes qui assistent à la scène, c’est-à-dire le narrateur, le lecteur et Muffat. Ce qui transparaît par cette image au miroir c’est l’âme de Nana. Le narcissisme érotique avec le personnage qui s’est plongé dans une auto-contemplation fait du lecteur un voyeur comme nous pouvons le voir à la ligne 19 « il leva les yeux », ligne 20 « regardant avec attention », ligne 22 « étudia » et aussi ligne 25 « s’examinant ».

Cette description détaillée de Nana contient une abondance de détails anatomiques qui rend cette approche d’avantage scientifique que littéraire avec les termes « cou », « hanche », « torse », « bras », « taille », et « dos » de la ligne 19 à 27. Cette description visuelle alterne entre gros plans et plans plus larges avec les termes « de dos et de face » mais aussi « profil » et « « les reins ». Nous avons cette impression d’une caméra qui balais le corps de Nana conférant alors une épaisseur tout réaliste au portrait. Cela montre également que le romancier naturaliste se revendique avant tout comme observateur.

La régression de Nana au stade de la découverte et l’exploration enfantine de son corps démontre cette perversion de l’enfance. Cette image d’elle est souillée par la mise en scène de ce jeu pervers qu’est ce plaisir solitaire en présence d’un homme spectateur. L’abondance des termes évoquant le mouvement par exemple « à droite, à gauche », « la taille roulant » plonge le personnage et les spectateurs de la scène dans l’univers érotique mais ici connoté d’une façon négative. Cette évocation se poursuit à travers les expressions « regardant le feu » à la ligne 13, « à la diable » ligne 16 et « signe brun » ligne 20 qui comme marque du diable assimile le personnage à une créature maléfique. La danse finale avec une altération en « s » ligne 27 et une assonance en « en » mime les ondulations de la danse rappelant la figure de la tentation. L’almée ligne 27 est la figure de la femme fatale, et fait référence à la figure mythique Salomé dansant devant Aérode. Nous pouvons alors faire un parallèle entre fascination et aliénation et souligner ainsi la menace que Nana représente pour la société.

Pour conclure, nous pouvons dire que ce portrait au miroir est à la fois très traditionnel puisqu’il respecte les codifications de genre et de l’écriture réaliste mais offre également à travers une vision métamorphosante mêlant la putréfaction et l’empoisonnement au corps de la femme, une vision négative de la société française sous le second Empire. Nana apparait comme le symbole de la corruption et décadence qui va perdre la France en cette fin du XIXème siècle avec la bataille de Sedan. En effet, Nana mourra de la petite vérole quand le pays aura à affronter les Prussiens pendant cette bataille.

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