Le roman et la nouvelle au XIXe siècle. Nana, Emile Zola, 1880.
Par Junecooper • 27 Mai 2018 • 1 630 Mots (7 Pages) • 768 Vues
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un portrait hyperbolique renforcé par ce mélange d’horreur et de fascination que nous inspire le cadavre de Nana.
Zola a repris de Balzac le style hyperbolique puisque dans le roman, on note la présence d’hyperboles pour accentuer l’atroce façon dont meurt Nana "Cette bouillie informe»,"un rire abominable", "les charognes tolérées", "ce masque horrible et grotesque du néant", "elles semblaient déjà une moisissure de la terre...". Zola se sert aussi de jeux de lumières pour rendre le texte plus réaliste et attrayant :"La clarté de la bougie", "aspect grisâtre de boue", "un trou noir et gâté", "une croûte rougeâtre"," leur flambée de soleil, coulaient en un ruissellement d’or","sombre". L’utilisation de toutes ces hyperboles renforcent également l’expressivité de l’évocation de la mort. Cette exagèration cherchent avant tout à toucher la sensibilité du lecteur et le plonger dans l’horreur. On passe donc de l’horreur au grotesque le plus monstrueux. Les plus petits détails nous améne à l’idée que Nana ne ressemble plus à rien. La Vénus que tous les hommes convoitaient et aimaient se voit totalement défiguré par la syphilise; "oeil, celui de gauche,avait complètement sombré dans le bouillonnement de la purulence; l’autre, à demi ouvert s’enfonçait, comme un trou noir et gâté. Le nez suppurait encore ".L’horreur de la description et l’emploie de métaphore devient sarcastique et nous montre à quel point Zola voulait qu’on visualise le coprs de Nana en décomposition.
Ensuite il y a tout un travail de dramatisation effectué par Zola pour arriver à l’aboutissement de l’évocation de Nana puisque celle-ci est retardé par le babillage de ses compagnes.Il y a tout une mise en scène avec l’ouverture des rideaux et l’utilisation de la lumière. L’emploi d’adverbe " brusquement" et de verbe au passés simple " Elle tira...", "Eclaira...", "ce fut...",ainsi que les clameurs de la foule arrivant en écho du Grand Boulevard, confortent à la dramatisation de la scène.
Zola décrit la scène de façon très visuel, tel un artiste peindre, insistant sur le jeux de lumière pour donner à l’ensemble un côté plus théâtrale se focalisant principalement sur l’aspect de l’éclairage, pour que celui-ci mette en évidence le visage défiguré de Nana. "Elle songea que cette lampe n’était pas convenable, il fallait un cierge; et, après avoir allumé l’un des flambeaux de cuivre de la cheminée, elle le posa sur la table de nuit." De plus l’utilisation de métaphore qui compare la blondeur des cheveux de Nana à de l’or; « les cheveux, les beaux cheveux, gardant leur flambée de soleil, coulaient en un ruissellement d’or", n’a pas pour but de mettre en valeur cette beauté mais bien de souligner que la courtisane représente la corruption du Second Empire, puisque celle-ci n’a pas hésiter à se servir de ses charmes pour se faire entretenir par ses amants allant jusqu’a en ruiner certains (Hector de la Faloise, Steiner le banquier...). Zola joue également sur la résonance des mots, comme par exemple avec la proximité de Vénus et de Virus, "Vénus se décomposait. Il semblait que le virus pris par elle dans les ruisseaux", ce qui n’est pas sans nour rappeller de façon
ironique le rôle de Vénus tenue par Nana au théâtre.
Enfin, la scène décrite comporte une visée symbolique et politique. En effet, Zola ne se contente pas de décrire les effets de la maladie et de la mort mais il ajoute des termes à connotations morales très négatives : « corrompue », « horrible et grotesque », « dont elle avait empoisonné venait de lui remonter au visage et l’avait pourrie », « dans un rire abominable ». De fait, la décomposition du corps de Nana, symbolise la décomposition du régime. La référence à la pourriture rappelle un thème développé tout au long du roman : celui de la contamination de la société par la vénalité. Tout s’achète et tout se vend, y compris l’amour, comme en témoigne la présence de ces prostituées dans la chambre.
Zola développe ainsi toute une thématique de la corruption, qui est aussi celle de ce régime : « charognes tolérées » (allusion aux maisons de tolérance), « ferment », avec des références à la boue, à la pourriture et à la moisissure. Nana a « empoisonné un peuple » et sa mort, sa décomposition coïncident avec la décomposition et l’effondrement du Second Empire. Métonymiquement, Nana est le régime entier,travaillé par la prostitution et la corruption et il y a bien, chez Zola, une visée politique évidente qui va au delà de l’objectivité naturaliste.
En définitif le dernier portrait de Nana dépasse le traitement naturaliste. Zola en fait un portrait hyperbolique, puisqu’il travaille essentiellement sur la mise en scène de la mort de l’héroïne n’hésitant pas à montrer les conséquences dramatique causé par la syphilis. Il transforme la description en une vision d’horreur, avec une mise en scène très théâtrale, allant jusqu’a choquer le lecteur avec des détails répugnant.Ce portrait est d’autant plus frappant car il a une portée symbolique et politique vu que l’auteur assossie la décomposition du corps de Nana à l’effondrement du Seconde Empire.
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