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Commentaire Charles d'Orléans

Par   •  2 Avril 2018  •  1 600 Mots (7 Pages)  •  489 Vues

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Malgré tout cela, malgré cet exil, cette solitude, le sujet semble dans les deux poèmes, satisfait de sa situation. En effet, cela est remarquable dans le rondeau à partir de la question rhétorique du vers 5 à laquelle il répond par la suite « Content m'en tien, et bien m'agree ». La prison anglaise semble être remplacée par une forme de retrait volontaire. De plus, la ballade le démontre également cela puisque Charles d'Orléans met en scène son cœur qui décide de devenir ermite. L'ermite s'exclu volontairement de la compagnie des hommes, il est dit qu'il renonce lui-même au plaisir. La mélancolie subie de l'auteur lui déclenche des images de vagabondage mental. Il y a une progression assez évidente dans cette ballade puisque l'on comprend que le cœur s'enferme volontairement dans sa tristesse, il tient une position ferme et n'en sortira que s'il reçoit une lettre réconfortante de la Dame aimée. En effet, c'est à la troisième strophe que l'on voit apparaître pour la première fois la véritable raison de son chagrin, on comprend que le cœur souffre de l'absence de son amour, de sa Dame, il n'a plus que ses pensées pour seules compagnies. De plus, l'envoi constitue une sorte de synthèse, il nous confirme ce que nous venons de dire puisqu'un envoi est destiné à être envoyé, adressé à un destinataire parfois nommé comme dans la Ballade 31 avec « Loyauté ». Or, ici, l'envoi est adressé à « vous » , « belle » qui renvoie donc à la Dame Beauté, qui semble être la seule personne capable de le consoler, de le soulager, de l'aider. La relation amoureuse semble être vécue dans la douleur d'une prison aussi réelle que métaphorique ici.

L'auteur emploie abondamment la première personne mais son moi va s'exprimer de différentes manières. En effet, le « je » n'est pas la marque suffisante du lyrisme mais il y participe, la première marque identifiable dans le rondeau est la présence nettement employé du sujet avec des adjectifs possessifs, des verbes conjugués à la première personne, ici, nous avons des éléments grammaticaux qui nous le montre de nombreuses fois, « m' » (v.3), « je » et « soye » (v.4), « me », « ma » … Le lecteur à donc dès la première lecture, l'impression d'être mis en relation avec le sujet lyrique. En ce qui concerne la ballade, Charles d'Orléans parle de son « coeur » et la mention du cœur renvoie à une autre instance du sujet lyrique, c'est une synecdoque donc le cœur constitue une entité du « je » , une sorte de théâtralisation du moi comme pour s'observer à distance en mettant en place un petit théâtre du moi. Il n'est pas allégorisé ici contrairement à de nombreux poèmes comme la ballade 33 ou encore le rondeau 242. Pour en revenir à notre ballade 43, nous voyons apparaître le sujet lyrique « je » à plusieurs reprises ; notamment dans le refrain « Si lui dis je que c'est folie » présent en fin de chaque strophes. Ici, l'auteur se place comme étant la voix de la raison et le vers 23 insiste sur cela avec « m'en acquitte » que l'on peut traduire en français moderne par « mon devoir » qui suggère un rôle assez important, en effet, l'auteur est censé aider le cœur, il essaie de le raisonner son cœur mais celui-ci refuse. On observe donc une inquiétude présente à travers le « je » lyrique.

Pour conclure, du fait qu'elles sont, pour la plupart, centrées sur le milieu de la vie de l'auteur, les ballades obéissent à la tradition de l'amour courtois et de la lyrique qui en découle ensuite les rondeaux, qui correspondent à la fin de sa vie, des poèmes de vieillesse qui vont plutôt vers un rejet de l'amour et un repli sur soi, or, nos deux poèmes étudiés expriment bien cela. Tout en ayant des similitudes diverses, ces poèmes sont différents du fait de la temporalité, du moment d'écriture. Après l'analyse de ses poèmes, on peut comprendre que l'auteur se contente de la pensée, qui lui permettra sans doute d'écrire ses poèmes. De plus, dans chacun des poèmes, Charles d'Orléans n'écrit pas explicitement tout ce qu'il pense, il faut donc comprendre à demi-mots ce qu'il pense à travers ce qu'il dit. Mais ne serait-ce pas justement ce qui constitue l'esthétique même de son œuvre ?

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