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Sommes-nous déterminés par la culture à laquelle nous appartenons?

Par   •  2 Novembre 2018  •  4 049 Mots (17 Pages)  •  454 Vues

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Un problème se pose : l'immense pluralité des cultures. En effet, cette culture, dont les enfants héritent et qu'ils perpétuent, ne se limite pas à seule identification à un pays, une idée ou une croyance. Les cultures peuvent être religieuses, politiques, sociales... Ainsi, au sein d'une communauté de personnes ayant une culture commune, plusieurs autres cultures cohabitent. La culture est donc un facteur de division extraordinaire. Dans un supermarché, nous trouvons souvent un rayon « hallal » et un rayon « casher », dans une école publique, on reconnaît les jours de fête de différentes cultures (bouddhistes, chinoises, juives). Ainsi, une même civilisation est fragmentée par la cohabitation des différentes cultures qu'elle admet. Mais pensons maintenant aux incompréhensions qui naissent entre plusieurs civilisations de cultures absolument différentes, et n'ayant rien en commun. Les rencontres entre des peuples, que tout, dans leur culture, oppose, ont souvent des conséquences catastrophiques. Souvenons-nous de l'arrivée des colons portugais et espagnols dans « le nouveau monde », et de leur réaction face à la culture inconnue à laquelle ils étaient confrontés. Les coutumes des Indiens ont été un prétexte pour déclarer leur infériorité, pour les juger sans âme, pour les massacrer. Comment des occidentaux déterminés par leur culture auraient-ils pu comprendre le polythéisme, le cannibalisme, la polygamie, les sacrifices humains faits aux dieux ? Ainsi, on ne peut pas, à priori, parler d'une culture, mais de cultures, d'identités plurielles mais réductrices, qui abaissent les individus à leur héritage culturel. Ces cultures entrent en conflit et ne peuvent parfois tout simplement pas cohabiter.

Mais, ne peut-on pas penser une culture qui transcenderait l'héritage culturel ? Si l'on donne au mot « culture », non plus le sens « d'héritage culturel », mais celui de travail sur soi, d'apprentissage, alors, la culture ne rend-elle pas libre ?

Le fait d'être cultivé, grâce la scolarité, l'apprentissage des langues, les voyages, la lecture, l'expérience de l'art, permet à l'homme un élargissement de son savoir et de ses connaissances. Or, quelle que soit la culture dont nous avons hérité, nous pouvons nous adonner à la construction de cette autre culture. Un homme qui maîtrise cette culture intellectuelle, quel que soit son héritage culturel, peut découvrir d'autres cultures, d'autres modes de vie, d'autres opinions et d'autres coutumes que ceux dans lesquels il a toujours baigné. Alors, l'effort intellectuel qu'est le fait de se cultiver, peut permettre une cohabitation, une compréhension, une harmonie entre des civilisations différentes, entre des communautés différentes, entre des individus d'héritage culturel différents. Le travail de l'homme sur lui-même est donc son seul moyen d'être moins déterminé par la culture dont il a hérité : si son savoir a une dimension universelle, que sa connaissance est riche, il peut acquérir une certaine objectivité, agir, penser, et être, de la manière la moins déterminée possible par son héritage culturel. Si un homme cultivé se rend compte de la sympathie qu'il a pour une culture qui n'est pas la sienne, il a acquis une certaine liberté. S'il se rend compte qu'il n'a pas une sympathie si évidente pour la culture dont il a hérité, c'est bien la preuve que son jugement n'est pas déterminé par elle ! C'est ainsi que deux hommes cultivés, même d'héritages culturels différents, peuvent se comprendre et se respecter, comme le montre la belle et puissante amitié qui lie Raja, Palestinien d'origine modeste, à Enoch, Juif bourgeois, dans Tenir bon, le journal de Raja Shehadeh. Étant tous deux instruits, cultivés et respectueux, les deux hommes n'ont pas de difficulté à se libérer des préjugés dont ils ont hérité et qui auraient pu déterminer leurs relations, pour se comprendre, sans pour autant éviter les sujets qui pourraient les opposer : par la réflexion, ils parviennent toujours à tomber d'accord. La culture est donc la condition à une harmonie entre les hommes, et c'est elle qui peut les libérer de l'emprise que leur héritage culturel a sur eux. Si l'objectif à atteindre est une amélioration des rapports entre les différentes cultures, l'homme est obligé de passer, lui-même, par la culture, et la connaissance.

La culture de soi peut aussi être un moyen, pour l'homme, d'accéder, s'il le souhaite, à une culture autre que celle dont il a hérité : elle peut permettre l'émancipation. En effet, si un homme se rend compte qu'il n'aime pas son héritage socio-culturel, il peut se cultiver et accéder à un savoir et un niveau intellectuel qui lui ouvre une possibilité d'atteindre un objectif qu'il a lui-même choisi. Cette règle est surtout valable dans le cadre d'une ascension, culturelle ou sociale : des individus sont capables, grâce à leur niveau de connaissances, de surmonter des obstacles évidents, comme leur éducation, leur niveau de langue, pour atteindre leur objectif. Cet usage que l'on peut faire de la culture n'est pas un mystère, et de nombreuses œuvres, littéraires comme cinématographiques, mettent en scène ce scénario. Fatima, film de Philippe Faucon, sorti en 2015, nous montre la vie d'une famille maghrébine récemment installée en France. La mère, Fatima, parle peu français, et se fait en permanence exploiter, au cours des nombreux emplois qu'elle obtient. Elle a deux filles. Alors que l'une est déterminée par la culture de la famille, et ne parvient pas à s'adapter à celle à laquelle elle est confrontée à Paris, l'autre, Nesrine, la fille aînée, a en tête une émancipation, dont elle rêve : elle souhaite devenir médecin. C'est son travail, sa persévérance, son apprentissage, qui lui permettent d'acquérir le niveau de connaissances requis dans ce domaine, dans lequel son statut social ne la favorise pas. Son ascension est remarquable et bien représentative de la force de la culture, quand elle est utilisée à bon escient, pour éviter la détermination d'un individu par sa culture originelle. La surprise de la patronne de Fatima, quand cette dernière lui annonce que sa fille a été reçue en première année de médecine, est significative de son opinion : elle aurait parié que cette jeune femme serait déterminée par son héritage socio-culturel, et ne parviendrait pas à s'en émanciper. Un autre film met bien en scène cette possibilité d'émancipation, qui passe par la culture

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