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Platon ou la vérité éternelle et universelle par l'exercice de la raison

Par   •  28 Septembre 2018  •  2 217 Mots (9 Pages)  •  459 Vues

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Dispositif de la caverne :.

Platon imagine une caverne profonde et obscure, ouverte d’un seul côté sur la lumière du jour. Face à la paroi interne, il y a des hommes prisonniers et enchaînés depuis leur enfance, qui ne peuvent regarder que devant eux : ils n’ont jamais pu tourner la tête, qui est tenue par une chaîne. Loin derrière eux en hauteur brûle un feu, et une route passe entre ce feu et eux. Un muret est construit le long de la route, et des hommes qui actionnent de multiples figures d’hommes et d’animaux en bois ou en pierre, projettent sur le mur des prisonniers l’ombre de ces figures, et parlent en même temps. Ces ombres parlantes sont les seules choses que les prisonniers connaissent depuis toujours.

Les prisonniers nous représentent, et la caverne est notre monde.

Ces ombres correspondent à ce que nous appelons les êtres et les choses concrètes. Les prisonniers, n’ayant jamais vu du monde extérieur que ces projections, leur prêtent une réalité qu’elles n’ont pas. Leur science se limite à l’observation empirique des successions de ces ombres dont ils cherchent à prévoir le retour.

Platon imagine ensuite qu’un prisonnier, délivré, entreprenne la marche vers la lumière, et ait enfin accès au grand feu et aux objets dont il ne voyait que les ombres, avec toute la souffrance d’une telle entreprise. La souffrance de devoir bouger du fait de son engourdissement, l’éblouissement, et la difficulté de reconnaître que tout ce qui était son monde était fictif, d’où sa tendance à croire plus réel ce qu’il connaît depuis toujours. La connaissance de cette machinerie et du feu qui l’éclaire, c’est la première étape de la connaissance rationnelle : la connaissance mathématique et des autres sciences, avec les limites qu’elle comporte. Les mathématiciens se contentent de poser des hypothèses qu’ils utilisent ensuite comme des choses qu’ils savent, sans plus chercher à en rendre raison. Elles se fondent sur des hypothèses non légitimées. Les mathématiques et les sciences, par leur dépassement du sensible et leur tension vers l’universel, sont cependant la voie royale pour exercer l’âme à s’élever à la contemplation des Idées. Le mathématicien considère les nombres tels qu’ils sont en eux-mêmes, sans considération pratique (comme le marchand). Les nombres doivent servir à attirer l’âme vers la vérité, à développer cette âme philosophique qui nous apprend à élever nos regards des choses ici-bas vers les choses d’en haut. Platon avait écrit au fronton de son école : « nul n’entrera ici s’il n’est géomètre ». Cependant, seule la philosophie permet la contemplation des Idées. Tel est le sens de la suite de l’allégorie :

Platon imagine qu’on force le prisonnier à remonter la route et sortir de la caverne. Là, il serait encore plus ébloui par la lumière et aurait du mal à voir les choses cette fois vraies. Il devrait s’habituer progressivement au spectacle du monde réel, qui figure le monde des Idées : regarder d’abord les ombres, puis le reflet des choses dans l’eau, et enfin les choses elles-mêmes. Le prisonnier serait ébloui comme un profane qu’on initie à la philosophie, et auquel on fait contempler les Idées. Ce n’est qu’après un certain temps qu’il tournera enfin son regard vers le soleil lui-même, qui est l’origine de toutes les choses (« qui fait les saisons et les années, qui gouverne tout dans le monde visible et qui, d’une certaine manière, est la cause de tout ce qu’il voyait avec ses compagnons dans la caverne »).. Puis il pourra enfin tourner ses yeux vers la source de ce monde : le soleil, ou l’Idée du Bien.

L’Idée de Bien: c’est le terme de l’ascension, la contemplation du soleil qui est au principe de toute la réalité. De même que le soleil, dans le monde sensible, est ce qui permet de voir les choses et ce sans qui les choses ne seraient pas, le Bien est à la fois ce qui permet de comprendre l’univers et ce sans quoi l’univers ne serait pas. Le Bien est le divin, le principe suprême de toutes choses, supérieur à l’existence puisque rien n’existe que par lui ; et supérieur à l’essence parce qu’il échappe à toute définition : comme le soleil, il éblouit qui le contemple. Platon est profondément mystique. La réalité objective n’est pas à chercher dans une physique qui serait derrière les productions sensorielles, mais dans une organisation optimale et parfaite, l’harmonie primordiale d’un cosmos (= « bon ordre »en grec) de nature purement intelligible, un Bien unique et divin, qui serait à l’origine de tout ce qui est.

- La nécessaire conversion de l’âme et la dialectique.

La connaissance véritable, l’episteme (la science), exige cet effort de s’élever au monde intelligible. Mais comment est-ce possible, puisque le sensible ne nous offre qu’instabilité ?

L’âme doit avoir connu le monde intelligible des Idées pour être capable d’opérer un tri dans le chaos des qualités sensibles et percevoir l’essence des choses au-delà de la confusion de leur apparence. Si l’intelligence peut ainsi saisir les Idées, c’est que l’âme a vu le monde des Idées avant de s’incarner dans un corps qui est pour elle comme un lieu d’exil, ou encore une « prison ». De sa vie antérieure, l’âme a des « réminiscences ». Connaître n’est que reconnaître les Idées de son ancien monde, et enseigner, c’est faire resurgir, réactiver l’Idée oubliée par l’âme, qui est présente en chacun.

Mais l’attrait de la réalité sensible sur l’âme est puissant, du fait de son incarnation. L’âme humaine, enfoncée dans la réalité corporelle et matérielle, oublie sa vraie nature spirituelle et devient la proie du désir, de la peur et des passions. Elle se perd dans le corps qui rend l’homme injuste, mauvais, fasciné par l’avoir, rempli d’avidité. Telles sont les chaînes qui l’empêchent de se tourner vers la vérité et ainsi de retrouver sa vraie nature faite d’élan pour le bien, la justice, la vérité et la beauté. Le long chemin de la connaissance exige une éducation qui n’a d’autre but que cette conversion de l’âme. La vraie philosophie consiste dans cette conversion de l’âme du monde sensible du devenir au monde intelligible de l’être.

Le processus par lequel l’âme s’élève par degré vers la vérité est la dialectique (dialogue : parole et raison à 2). La dialectique est d’abord un exercice spirituel exigeant une ascèse, une transformation de soi. C’est un jeu de questions et de réponses où

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