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Comment l'utiopie permet-elle à la fois une critique de l'Autre et une défense de soi?

Par   •  15 Octobre 2018  •  1 946 Mots (8 Pages)  •  528 Vues

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impérativement être capable de « passer des épines des mathématiques aux fleurs de la poésie, et qui juge également bien d’un livre de métaphysique, et d’une pièce de théâtre » (Voltaire, articles « Auteur », « Gens de lettres », Dictionnaire philosophique, 1764. On peut citer aussi Lavoisier, célèbre savant français, qui était chimiste, philosophe, économiste, agronome... Rêve de l’époque d’un savoir totalisant (en témoigne la volonté de réunion de tous les savoirs de l’époque dans l’Encyclopédie). Cf. J.J. Rousseau qui avait lui-même exercé bien des métiers avant de devenir le plus célèbre philosophe français : secrétaire, traducteur, valet, serviteur, professeur de musique, interprète, précepteur (professeur) d’enfants, etc. savoir-faire: Par ce savoir-faire polyvalent mais néanmoins savant (les Suisses ont la réputation d’être d’excellents horlogers : c’était aussi la profession du père de J.-J. R.), les habitants de Neuchâtel contribuent au luxe (et à la civilisation) français puisqu’ils exportent leurs meubles en France (l.18), à Paris. Education différente de la nôtre : ce savoir-faire n’est pas transmis de maître à élève, mais de père en fils. Transition : le monde idéal repose ici sur la dimension brillante et talentueuse de ces Suisses retirés du monde. Rousseau, rappelons-le, écrit la Lettre à d’Alembert sur les spectacles dans un contexte polémique. C’est l’occasion pour lui de régler ses comptes. Chaque aspect positif de cette société renvoie à une critique de la France et, aussi, dans une moindre mesure, des Lumières.

II. la critique de la France

Derrière chaque aspect enchanteur se cache une critique de notre société (ici J.-J. Rousseau critique la société française et, à travers eux, les Philosophes des Lumières) Les paysans ne paient d’impôt à personne à critique du système français où les paysans paient, eux, des impôts à leur Seigneur : les termes « taille » et « corvées » renvoient très précisément au système féodal français : La corvée: c’est le prix à payer pour être protégé par le seigneur. Le paysan effectue la « corvée» en curant les fossés,

 

  rentrant du fourrage, etc. La taille: impôt direct… • En mentionnant ces termes désuets (qui correspondent toujours , néanmoins, à ce que doivent payer les paysans à leur seigneur), Rousseau retourne l’argument de mentalité « arriérée » employé par les Philosophes français contre eux : c’est leur pays, la France, qui utilise encore ces impôts du Moyen-Âge (la protection du seigneur au XVIIIe siècle n’existe plus), pas les paysans suisses qui, eux, sont vraiment libres et ne dépendent de personne… • Le terme « francs » qui signifie ici « libres », « affranchis » peut renvoyer ironiquement aux « français », qui ne sont donc libres que d’un point de vue… étymologique ! L’absence de théâtre à Genève n’empêche pas la culture de s’épanouir : o c’est la raison pour laquelle J.J. Rousseau insiste sur l’industrie tant manuelle qu’intellectuelle : « mille travaux amusants » (commenter l’antinomie entre le nom commun « travail » qui est associé à un désagrément (signifie « instrument de torture », tripalium, en latin) et l’adjectif verbal « amusant », qui marque le caractère particulier des Neuchâtelois). o « Inventer et faire mille instruments divers », « ils ont des livres et sont passablement instruits », « tous savent un peu dessiner, peindre, chiffrer… » à le portrait de ces hommes industrieux et instruits est à des lieues de ce qu’en dit d’Alembert dans Genève…(exemple de polyvalence donné l.25-26). Rousseau critique ici l’image donnée des Suisses par ses amis encyclopédistes. o De cette double culture, manuelle et intellectuelle, un nouveau type d’homme semble possible : « j’admirais sans cesse en ces hommes singuliers un mélange étonnant de finesse et de simplicité qu’on croirait presque incompatibles » à permet une critique des intellectuels français incapables de simplicité, ou du moins de la tendance à catégoriser, bien française : un homme manuel ne peut être intellectuel, pas plus qu’un homme intellectuel ne peut manier les objets. o Sans ces hommes exceptionnels, le luxe qui fait la fierté de la France des Lumières ne serait sans doute pas si développé (cf. l.18) Critique de l’éducation « traditionnelle » : o Rejet de l’enseignement maître-élève traditionnel : « Ces arts ne leur sont point enseignés par des maîtres, mais leur passent, pour ainsi dire, par tradition ». Critique de la figure maître : critique traditionnelle dans la littérature depuis Rabelais. Tradition : du nom latin « traditio », acte de transmettre. La transmission / enseignement se fait au sein de la

 

  Séquence n°1 –Lecture analytique n°4

 

 

  famille : « De ceux que j’ai vus savoir la musique, l’un me disait l’avoir apprise de son père, un autre de sa tante, un autre de son cousin, quelques-uns croyaient l’avoir toujours sue… » • Cette critique de l’autorité du maître, associée au privilège des pères renvoie au célèbre traité d’éducation de J.J. Rousseau. Traité révolutionnaire qui est encore influent de nos jours (a inspiré notamment les pédagogies Montessori). La thèse de Rousseau : le mentor d’Emile, idéalement son père, ne se pose pas en maître mais prétend toujours « laisser faire la nature », et observer l’élève apprendre (toutefois le mentor dirige toujours, sans le montrer, chaque occasion d’apprentissage). C’est ce que l’on a appelé « l’éducation négative » : en tant que guide de l’enfant, le mentor ne doit imposer aucune culture du dehors, ni par le moyen de l’autorité, ni par celui des connaissances. C’est ce que l’on voit dans cet extrait : isolation extrême des habitants, qui ne communiquent pas avec l’extérieur (sauf pour exporter) et semblent être à eux-mêmes leurs propres maîtres. Eloge de soi : Rousseau était

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