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Ma conscience me permet-elle de changer ?

Par   •  11 Septembre 2018  •  1 612 Mots (7 Pages)  •  735 Vues

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au doute radical, il a pu remettre en question tout l’enseignement qu’il a reçu et repartir sur de meilleures bases. Ce doute l’a conduit à la certitude de son existence. Il l’a donc modifié dans la perception qu’il avait de lui-même, ce qui l’a rendu prêt à entreprendre de nouvelles recherches. Parfois donc, le changement opéré par la conscience n’est pas visible à l’extérieur, mais nous permet une véritable révolution intérieure, sentie au plus profond de soi-même, nous procurant la confiance en nous-mêmes et l’énergie qui nous dispose à réaliser de grandes choses. On retrouve d’ailleurs ce sentiment chez l’artiste qui s’apprête à créer une œuvre.

Mais la conscience qui va le plus transformer notre vie, c’est la conscience dite morale. Elle s’érige en véritable « tribunal intérieur », comme l’explique Kant. Elle est capable de nous faire éprouver les pires remords pour nous corriger d’une conduite jugée mauvaise. Elle nous guide vers un idéal moral et nous donne l’énergie de faire certains sacrifices (nos plaisirs immédiats) pour atteindre des plaisirs plus élaborés. Rousseau la décrit comme l’instigatrice de ses Confessions, celle qui le pousse à avouer ses méfaits pour se libérer du sentiment douloureux de la culpabilité (épisode du ruban volé par exemple).Mais cette conscience parfois nous paralyse si elle n’est que jugement négatif sur soi, sans espoir de pouvoir se racheter par une transformation authentique de soi.

C’est alors qu’on peut analyser les limites de nos formes de conscience par rapport aux changements qu’elles impliquent.

(Partie III)

Jusqu’ici, nous avons présupposé que la volonté de changer était forcément positive. Et pourtant, il y a des cas où c’est l’absence de changement et la volonté de rester le même qui l’est. Par exemple dans la fidélité à des principes ou à des personnes. Je peux décider que c’est mieux de ne pas changer, et percevoir toute tentation de l’extérieur comme un danger par rapport à mes valeurs. On trouve cette problématique dans le domaine éthique, moral, religieux. On reprochera par exemple à un homme politique de « retourner sa veste », s’il change trop radicalement de convictions, d’être opportuniste. On peut aussi trouver immoral le comportement d’un Don Juan qui change sans cesse d’objet amoureux, car il fait souffrir beaucoup de personnes qui tombent sous son charme et qui deviennent ses victimes. Changer ne serait donc pas toujours la meilleure des solutions, la plus juste, la plus digne de l’homme. Elle peut prendre sa source dans le fond le plus primitif qui est en nous : une sorte de pulsion qui pousse à trouver le plaisir n’importe où, n’importe comment, à l’occasion de n’importe quel objet de rencontre. Ici, le changement n’est pas l’œuvre de la conscience mais le produit de mécanismes inconscients. L’infidélité serait faiblesse, la fidélité seule serait force de résister à la tentation du changement facile.

Mais dans tous ces changements ou non-changements, l’individu n’est pas seul en cause. Il est toujours entouré d’un environnement humain, social, politique, éthique qui l’influence, consciemment ou pas. Quand il prend une décision, celle de changer par exemple, il est observé, écouté, jugé. Il peut agir sous l’influence des autres : le conseil d’un ami (« tu devrais changer ») ou le jugement critique d’un maître (« tu dois changer »). Il est pris dans la complexité de relations qui véhiculent des valeurs (la jeunesse a tendance à associer le changement au bien-être, alors que des personnes plus agées ont une préférence pour la stabilité). L’inconscient collectif et culturel nous influence également (par exemple une société polygame trouve normal qu’un homme « change » de femmes, et qu’il y en ait plusieurs à son service !).Changer de métiers peut également être une nécessité dans certains milieux économiques et à certaines époques (crises économiques). Changer est donc rarement l’affaire d’un seul individu, cela engage tout un groupe, en amont mais aussi en aval (car le changement d’une personne a des effets sur son environnement immédiat : il peut faire souffrir ceux qui le subissent, mais il peut aussi donner l’exemple et l’envie à d’autres personnes d’opérer à leur tour un changement de cap.

Conclusion :

La relation qui unit la conscience et le changement peut donc s’analyser à plusieurs niveaux : certains changements provoqués par la conscience réfléchie et morale sont des signes de libération pour l’individu qui les met en place. Mais d’autres changements, plus superficiels ou subis, seront plutôt des expériences aliénantes et dégradantes pour le même individu.

La vie humaine serait-elle donc une alternance de changements et de permanence d’états ? Changements qui stimulent la perception de nous-mêmes et de notre environnement, et permanence qui nous donne du recul et le temps de profiter de ces modifications antérieures qui ont été réalisées.

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