En quoi l’évocation d’un monde éloigné dans le temps ou dans l’espace permet-elle de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui l’entoure ? Devoir 1 CNED Francais
Par Junecooper • 30 Septembre 2018 • 1 704 Mots (7 Pages) • 769 Vues
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On verra tout d’abord le voyage dans un monde distant avant d’évoquer l’apport de réflexions pour finir avec les critiques de la société.
En général, les écrivains contournent la réalité en se projetant dans leur imagination pour représenter des périples qu’ils n’ont pas forcement parcourue la plupart du temps. Ils envoient le lecteur dans un monde éloigné, voire fantaisiste pour le confronter à autrui ainsi, cet étranger devient une source d’enrichissement personnel. C’est pour cette raison que les auteurs vont faire évoluer leurs personnages au fil de leur tournée. De cette façon, ils transportent, en reprenant des idées de contes déjà existants, le lecteur dans des pays étrangers ou exotiques à travers leur représentation du différent pour montrer le dépaysement comme le fait Montesquieu avec les Lettres persanes ou encore Cyrano avec Les Etats ou Empires de la lune et Les Etats et Empires du soleil. Ce dépaysement aide le lecteur à imaginer un cadre spatio-temporel semblable au sien et ainsi donner une illusion de réel au récit. Victor Segalen, aussi, montre dans son Essai sur l’Exotisme, qu’ouvrir son esprit au monde extérieur enrichit la personnalité d’un, dans la mesure où il augmente par-là la « faculté de percevoir le Divers ». Le voyage dans un récit philosophique comme Micromégas de Voltaire aide aussi à instruire le lecteur et à lui donner, grâce a un parallélisme de notre société, une vision et une réflexion sur celle-ci.
Ainsi l’auteur nourrit le lecteur par des récits de voyages afin de l’étonner, de le dépayser, de le faire rêver dans le but de causer un effet qui le mènera à la réflexion.
Après avoir intéressé le lecteur et lui avoir donné une visualisation claire de la représentation imaginaire d’un monde éloigné qui est soit une simulation du réel, une fantaisie ou une utopie, l’auteur instaure une ou plusieurs idées à travers le développement du récit. Comme dit Bougainville dans le Voyage autour du Monde, il se croyait « transporté dans le jardin d’Eden ». Il fait ainsi une référence au mythe de l’Age d’Or par cette évocation. Il met en avant la beauté du lieu en décrivant une « plaine de gazon, couverte de beaux arbres fruitiers et coupée de petites rivières qui entretiennent une fraicheur délicieuse ». Par cette description du lieu visité, l’auteur donne une envie, une aspiration d’un monde idéal au lecteur. Un pays comme Tahiti ou règne « l’hospitalité, le repos, une joie douce et toutes les apparences du bonheur », peut faire partie de cette allusion qui ne se compare pas à la réalité cruelle de la société où vit le lecteur. Et terminera par lui donner une envie d’un monde parfait où y vivre.
Mais des réflexions apparaitront dans la pensé du lecteur à cause de ces allusions. Alors que l’écrivain joue autour d’une société parfaite, il accentue aussi la société imparfaite qui est pleine de défaut et rempli de folie par différents types d’argumentations. Ainsi causant des effets au lecteur.
De toute façon, l’utopie par définition n’est pas la réalité. Donc celle-ci est forcément plus triste ou plus grise que l’utopie. Alors que cette utopie reste inaccessible, elle peut nous apprendre à essayer d’améliorer la dure et froide réalité dans laquelle nous vivons. C’est pour cela que tous ces voyages imaginaires sont prolifiques, ils nous enseignent à essayer de nous surpasser pour améliorer notre réalité. Sans eux, il n’y aurait pas de matière pour réflexioner. Et donc, le lecteur, au lieu de se sentir puissant dans ce monde irréel qui est parfait, se sent impuissant par la réflexion imposée du l’auteur, les parallélismes de notre société et par la réalisation de l’imperfection.
Dans l’extrait lu, Cyrano appauvri le regard porté sur l’Autre comme il l’a avec Les Etats et Empires de la lune. Il cherche à dénoncer, de même que Carrière, Diderot, Montesquieu et plein d’autres, la société dans laquelle nous vivons. Au lieu de se contenter de faire la paix, on essaye toujours de rabaisser son prochain, de vouloir les bénéfices qu’un autre possède, de toujours trouver une excuse pour les horreurs qu’on fait et qu’on cause. Ceci est la description de la société humaine ou l’on se trouve.
Pour conclure, le lecteur est emmené dans des mondes éloignés par l’auteur. Il est invité à rêver et à aspirer une réalité parfaite mais l’auteur ne se contente pas que de cela. Le récit a pour but de faire réfléchir le lecteur sur la société injuste, inhumaine, implacable, grise, cette réalité qui est juste triste et qui est dénoncée par ces auteurs. Les voyages utopiques ou dans un monde irréel nous apporte une ouverture d’esprit et nous aide à prendre du recul. Un recul qui sera le pilier de la critique de la société et qui nous aidera à l’améliorer, la bonifier ou en un seul mot, l’humaniser.
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