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La femme dans les contes de Charles Perrault

Par   •  21 Avril 2018  •  11 710 Mots (47 Pages)  •  868 Vues

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Charles Perrault et les contes

L’ascension sociale d’un homme de lettres

Charles Perrault est né à Paris en 1628. Il est le cadet d’une famille de sept enfants. Son frère jumeau, François, meurt à l’âge de six mois. La famille Perrault, dont le père est avocat au parlement de Paris, appartient à la grande bourgeoisie qui depuis la fin du XVIe siècle s’élève dans l’échelle sociale.

Formation : Charles Perrault fait des études littéraires au collège de Beauvais à Paris. En 1643, pourtant brillant élève, il abandonne ses études, quitte le collège et poursuit en autodidacte une formation littéraire et culturelle. Il obtient sa licence de droit en 1653, qui le destine au métier d’avocat. En 1654, Charles abandonne le métier d’avocat. Il fréquente les salons, qui sont au XVIIe siècle les centres de la vie mondaine et artistique : on y pratique des jeux littéraires où il faut faire preuve d’esprit. La poésie galante y est à la mode : on développe sous une forme précieuse, plaisante et allégorique, des sujets touchant à l’amour, à l’esprit ou au sentiment. Perrault écrit dans cette catégorie un Dialogue de l’amour et de l’amitié en 1660.

Au service de la politique culturelle de Louis XIV : À la fin des années 1650, son frère aîné, Pierre, devenu receveur de finances, l’introduit auprès de Colbert. Il lui permet ainsi de diriger la politique culturelle de la monarchie. En 1661, Louis XIV, qui souhaite affirmer la toute-puissance de la monarchie absolue, exige l’obéissance des artistes : l’art doit célébrer la grandeur de son règne.

Pendant plus de vingt ans, Perrault sera ainsi l’un des artisans essentiels de cette véritable propagande culturelle : il compose des poèmes et des discours à la gloire du roi et de sa politique, tel que celui-ci, lu le 27 janvier 1687 à l’Académie Française :

« La belle Antiquité fut toujours vénérable

Mais je ne crois jamais qu’elle fut adorable

Et l’on peut comparer sans craindre d’être injuste

Le siècle de Louis au beau siècle d’Auguste. »

En 1663, Perrault devient commis de Colbert, puis secrétaire de la « petite académie».La même année, il épouse une jeune femme de 19 ans, Marie Guichon avec qui il aura quatre enfants.

En 1672, il est promu « contrôleur général des bâtiments et jardins, arts et manufactures de France » ainsi que « chancelier de l’Académie Française » chargé de moderniser et de fixer l’orthographe. Perrault est à l’origine de nombreuses réformes linguistiques.

Il devient en 1681 le directeur de l’Académie. Convaincu de la supériorité de son époque sur les précédentes, Perrault aura employé son énergie à servir le siècle de Louis XIV. En 1678, à la mort de sa femme, il se consacre à l’éducation de ses enfants et s’intéresse aux contes merveilleux.

Charles Perrault fréquente les salons littéraires de Ninon de Lenclos ou de Madeleine de Scudéry. C’est au contact des Précieux que Perrault constate que la littérature est un jeu mondain où il s’agit d’entrer en une élégante compétition avec ses rivaux. Sa nièce Marie-Jeanne L’Héritier de Villandon joue un rôle non négligeable en soutenant Perrault au sein des salons dans l’élaboration des contes et en écrivant elle-même des contes.

Dans les dernières années de sa vie, entre 1691 et 1696, Perrault se distingue par son talent de conteur célèbre.

Les contes et la Querelle des Anciens et des Modernes

La publication des contes de la Querelle : Perrault écrit ses contes dans le contexte de la Querelle des Anciens et des Modernes. Grisélidis paraît sans nom d’auteur en 1691 et en 1693 paraissent Les Souhaits ridicules. En 1694, ces deux premiers contes sont regroupés avec Peau d’âne pour former les contes en vers augmentés d’une préface en 1695. La préface de Peau d’âne est vue par certains comme une plaidoirie en faveur des Modernes. Elle montre que, pour Perrault, le conte n’est pas un genre mineur, mais une œuvre appartenant au genre moderne par excellence : à la fois national et moral.

Un genre national et moral : Ces contes ne sont pas le fruit de l’imagination de Charles Perrault, mais sont issus de la tradition orale. Les légendes relatées viennent majoritairement du folklore, transmises au coin du feu d’une génération à l’autre. Perrault l’affirme d’ailleurs dans la préface des contes en vers : le conte puise ses sources dans le folklore français et participe à l’existence d’un imaginaire national qui ne doit rien à la mythologie antique. Les partisans des Anciens se moquent de ces « contes de la mère l’Oye », sous prétexte qu’ils sont absurdes et racontés à des enfants par leurs nourrices. Mais pour Perrault le merveilleux du folklore n’est pas plus vraisemblable que celui de la mythologie. Et mieux vaut le merveilleux national, supérieur par son inspiration chrétienne et qui transmet la sagesse naïve des gens du peuple. Ainsi la deuxième qualité essentielle des contes populaires français est leur moralité. La préface de 1695, écrite l’année de la mort de La Fontaine, est l’occasion pour Perrault de prendre ses distances vis-à-vis de ce dernier, qui était à la fois son modèle et son adversaire. Car si les Fables sont aussi des « histoires pour enfants » se terminant par une morale, elles sont inspirées par Ésope, poète de l’Antiquité, ce que Perrault voit comme une faiblesse. Le message est clair : aux fables anciennes de La Fontaine doivent répondre désormais les contes modernes de Perrault.

Des contes publiés anonymement : Enfin, il est surprenant de constater que Perrault choisit de publier ses contes anonymement. La dédicace des contes est signée « P. Darmancour », le surnom mondain de son fils Pierre. Aujourd’hui, on pense que ces contes résultent d’une collaboration père/fils, dans laquelle le père aurait mis en forme des histoires d’abord recueillies par son fils auprès des conteurs. Il souhaite dissimuler son nom et ses sources littéraires pour mieux mettre en avant le folklore national contre la culture des Anciens.

L’invention d’un genre littéraire

Il est important, pour bien comprendre les contes de Perrault, de se débarrasser de deux idées reçues. La première voudrait que les contes de Perrault aient été écrits simplement pour les enfants. La seconde, que Perrault ait adapté, sans les modifier, des contes provenant de sources orales. Les choses

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