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La réforme militaire de Charles VII

Par   •  24 Août 2018  •  5 226 Mots (21 Pages)  •  488 Vues

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Charles VII via l’ordonnance du 2 octobre 1439 a pour ambition principale de mettre en place une réforme profonde et concrète de l’armée française. Cette dernière, présentée comme solution face aux exactions des mercenaires, doit également permettre au roi de se constituer une armée permanente, ordonnée et fidèle. Premièrement, on observe un état des lieux de la situation de l’armée actuelle et des soucis qu’elle entraîne. En effet, est expliqué le fait que « grande multitude de capitaines se sont mis sus de leur autorité… » (l.6) soit qu’ils ont outrepassés les ordres et consignes du roi à leurs fins personnelles ou à l’occasion d’une allégeance différente. Ces capitaines sont des officiers placés par le roi à la tête de compagnies militaires et dont le but premier est la direction de ces dernières ainsi que la responsabilité de leur discipline. L’armée française se compose en grande partie de sa noblesse qui paie l’impôt du sang et combat donc lors des conflits pour le souverain. Cependant, cette source d’hommes ne suffit pas à maintenir une armée efficace sur le long terme ce qui oblige le roi à enrôler des mercenaires locaux ou étrangers afin de se renforcer. Ces mercenaires sont mis sous le commandement des capitaines qui sont soldés comme leurs hommes en temps de guerre. Pourtant, il est mentionné que ces capitaines « …ont assemblé grand nombre de gens d’armes et de trait sans congés et licences du roi… » (l.6-7) et donc que sans autorisation royale ils ont levés des hommes sous leur commandement ce qui selon la source aurait eu des répercussions sur le pays: « dont grands maux et inconvénients sont advenus » (l.7-8). En effet, les chevauchées organisées par les capitaines et leurs troupes de mercenaires à travers le pays participent à mettre à mal une population déjà touchée par la guerre et les maladies. Ces capitaines qui sont censés être fidèles au roi lui font finalement bon nombre de torts ainsi qu’à ses sujets. Après le traité d'Arras de 1435 qui assure l'alliance entre Charles VII et Philippe le Bon, les Écorcheurs deviennent indésirables pour le roi, qui a pour soucis de regagner la faveur des provinces qu'il reprend progressivement aux Anglais tel Paris en 1436. La réforme militaire qu’entreprend Le roi souhaite de plus : “ être mis au fait de la guerre et restreindre telles voies” (l.8). Charles VII a donc pour but de stopper la propagation des routiers ainsi que de leurs capitaines mal intentionnés afin de retrouver la maîtrise de ses troupes et apporter plus de sérénité aux populations.

En plus d’une réforme militaire profonde, Charles VII souhaite instaurer une nouvelle forme d’imposition royale de manière définitive et permanente. Cette dernière est nécessaire afin de financer et rendre possible la création d’une armée de métier caractérisée par un paiement de solde récurrent aux hommes de guerres. Afin de mettre en place cette réforme fiscale, Charles VII, qui s’appuie sur la nécessité d’une nouvelle armée, s’approprie un impôt de nature seigneuriale à son profit. Le roi accapare donc les recettes de deux impôts en établissant que : “...aucun, de quelque état qu’il soit, ne prenne, arrête ni détienne les deniers des tailles et aides du roi” (l.27-28). En effet, le roi ne peut, pour entretenir sa cour, que compter sur ses revenus personnels et de fait doit convoquer les états généraux dès lors qu’il souhaite lever une aide exceptionnelle comme la taille des lances ou autrement dit l’achat ainsi que l’entretien d’hommes de guerre. L’ordonnance de 1439 lui permet donc de lever cette taille d’année en année sans recours aux états généraux et de façon nationale. Avec la prohibition qu’ordonne le roi : « Le roi défend et défend à tous, sur les dîtes peines de confiscation de biens, que nul de quelque état qu’il soit, ne mette ou impose taille ou aide ou tribut sur ses sujets. » (l.34-35-36), cet impôt devient dès lors l’apanage du souverain qui empêche tout autre seigneur à lever ce dernier. Le montant de la taille est alors défini par le roi ainsi son conseil et chaque famille du royaume doit la payer. Le roi peut aussi compter sur l’appropriation des taxes liées aux aides qui représentent des impôts sur la consommation et la circulation des biens ou denrées. La population française imposée devient donc la première source de financement de l’armée royale, il s’agit du tiers-état puisque le clergé et la noblesse en sont exemptés. Dès lors et comme le souligne l’historienne Claude Gauvard « L’impôt devient la contribution nécessaire du peuple à la bonne marche du royaume ». Le peuple qui souffrait énormément de l’omniprésence des compagnies d’écorcheurs sur les territoires versent désormais un impôt afin de constituer une armée permanente et assurer leur propre sécurité.

Charles VII souhaite donc, afin de pallier aux troubles que posent les bandes de routiers, constituer une réforme militaire et financière organisées autour du pouvoir royal.

Le roi pose tout d’abord les conditions de cette nouvelle armée qu’il souhaite organiser de manière permanente. Dans un premier temps, le roi veut mettre à jour le commandement des troupes. En effet, la ligne 20, « l’un des capitaines qui seront élus par le roi », indique la volonté de Charles VII à restreindre la voie de l’écorcherie par la nomination et l’élection de son choix « de capitaines [...] prudents et sages gens » (l.10). Cela nous montre qu’il souhaite avoir la mainmise sur ces combattants. Ces capitaines ainsi élus par lui, seront nécessairement des hommes proches et dignes de confiance. Ainsi, le roi par l’élection de ces capitaines montre sa volonté à contrôler les plus hauts rangs de l’armée mais également son armée à part entière. En effet, à la ligne 12 de l’article 2, le roi indique « et seront des gens d’armes pris et élus par leurs capitaines aux autres gens qui par le roi à ce ordonnés ». Ces combattants seront donc choisis par les capitaines déjà élus par le roi, considérés comme dignes de confiance, qui mettront alors en place ces mêmes nominations au sein des garnisons de l’armée. Par ailleurs, “aux autres gens” à la même ligne, signifie certainement, que les hommes d’armes seront pris aux seigneurs auxquels ils sont fidèles. Ces seigneurs sont dans l’obligation de le faire car c’est le roi qui l’ordonne (l.13). De plus, le roi à la ligne 13 de l’article 2, exige « de leur gouvernement leur capitaine sera tenu répondre ». En effet, le fait que le gouvernement soit représenté par le roi, les capitaines et gens de guerre doivent obligatoirement répondre à ces exigences. Auparavant, la majorité

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