Quels sont les obstacles majeurs auxquels font face les jeunes marocains qui veulent entreprendre ?
Par Andrea • 9 Novembre 2018 • 16 059 Mots (65 Pages) • 771 Vues
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Trois principales difficultés ont été les plus citées par les enquêtés :
- La première est d’ordre financier dans la mesure où elle été avancée par une très forte majorité des jeunes entrepreneurs enquêtés. Celle-ci peut concerner aussi bien la couverture de l’exploitation de leur entreprise que le financement de son investissement. Aussi, 95,5% des enquêtés ont rencontré ce type de difficulté. A ce niveau, on retrouve les mêmes problèmes liés à la répugnance des banques, au coût élevé du crédit, à la faiblesse et à l’inadaptation des garanties de l’Etat… [HAMDOUCHE, 2005, BOUSSETTA, 2009].
La nature défavorable voir hostile de l’environnement général de l’entrepreneuriat des jeunes et les énormes difficultés rencontrées en matière de son amélioration constituent l’un des facteurs essentiels qui expliquent pour les enquêtés en grande partie l’échec du programme Moukaoualati.
En effet, ceux-ci doivent affronter divers obstacles sans véritable appui et réel soutien de l’Etat à travers une stratégie cohérente et efficace d’assainissement de cet environnement. Des efforts ont été certes accomplis ces dernières années, mais ils demeurent à leurs yeux très insuffisants et en de ça de leurs espérances. La problématique du financement ; il faut préciser tout d’abord que tous les jeunes entrepreneurs enquêtés ont bénéficié d’un appui financier plus ou moins important de la part des banques pour faire aboutir leur projet entrepreneurial. C’est d’ailleurs l’un des objectifs de base du programme Moukawalati. L’ensemble des crédits octroyés varient largement selon la taille de l’entreprise et le recours plus ou moins large de l’entrepreneur à l’autofinancement. Dans tous les cas, il doit être compris entre 50.000,00 dhs et 250. 000,00dhs.
Selon les tranches de crédits reçus par les enquêtés, on peut faire les remarques suivantes :
- La répartition des enquêtés montre un certain équilibre relatif en termes de tranches de crédits obtenus par les jeunes enquêtés dans la mesure où le nombre des enquêtés ont pu bénéficier de montants de crédits d’importance quasiment équivalent pour la 2eme et la 3eme tranche avec plus du tiers dans les deux cas soit respectivement 37,5% et 35,8 % ; - Un peu plus du quart des enquêtés n’ont pu bénéficier que de crédits dont le montant varie entre 50 .000 et 100.000 dhs . Ce qui constitue une part non négligeable et qui dénote de la taille très limitée d’une partie non négligeable des entreprises créées par les jeunes dans le cadre du programme Moukawalati ;
- La taille de ces entreprises et par conséquent le montant des crédits obtenus est fonction du niveau de formation du jeune entrepreneur, des exigences des banques ainsi que du degré de leur méfiance vis-à-vis de ces jeunes. En dépit de la grande modicité des financements demandés, les banques ne répondent pas favorablement, totalement et toujours aux sollicitations des jeunes que de manière partielle.
L’obtention du crédit bancaire par les jeunes entrepreneurs enquêtés a été souvent difficile avec un processus long et compliqué. Ainsi 19,4 % des enquêtés estiment que les procédures d’approbation de leur demande de crédit sont très lourdes, tandis que, 72, 3 % considèrent qu’elles sont plutôt lourdes. Au total, 91,7 % insistent beaucoup sur le caractère plus ou moins contraignant du processus en termes de délai, de pièces à fournir … ce qui décourage parfois les jeunes entrepreneurs dès le début du leur processus entrepreneurial.
Seuls 8,3 % affirment que ces procédures leur apparaissent tout à fait normales et ne leur posent pas de problèmes particuliers. Ce pourcentage apparait très faible eu égard à la nature du programme Moukauoalati, à ses instruments et à ces objectifs qui visent justement en autres à faciliter grandement le financement des projets des jeunes entrepreneurs. Le corollaire de cet aspect essentiel est l’importance des exigences des banques en matière d’offre de crédit à ces jeunes puisque 87,8 % d’entre eux pensent que les conditions imposés par les banques sont importantes (65%), voire très importantes (22,8%). Ainsi, un peu moins de neuf sur dix des enquêtés affirment que les exigences des banques sont disproportionnées, tandis que seul un peu plus de un sur dix pensent qu’elles sont très normales ou plutôt faciles. Il s’agit pour l’essentiel des garanties demandées par les banques aussi bien en termes d’hypothèque que de garantie accordée par la Caisse Centrale de Garantie qui est l’organisme qui devrait normalement garantir les crédits octroyés par les banques aux jeunes entrepreneurs. L’absence d’actif à hypothéquer par le jeune entrepreneur et le grand retard souvent pris par la Caisse Centrale de Garantie en matière de traitement des dossiers ne fait qu’allonger l’attente et complique la situation financière du jeune entrepreneur. Ce qui est extrêmement fâcheux dans la mesure où le financement bancaire des jeunes entrepreneurs dans le cadre du programme Moukaoualati doit obéir à des critères plus simples et à des exigences plus faciles et relativement légères. Ce qui n’est pas le cas puisque le traitement et la gestion des dossiers des demandes de crédits des jeunes entrepreneurs par les banques ne bénéficient nullement d’aucun traitement de faveur.
- La seconde est d’ordre administratif puisqu’elle a été mise en avant par 78,9% des enquêtés. Celle-ci se retrouve au niveau de l’accomplissement de diverses formalités de nature sociale, fiscale… La complexité de la plupart des formalités administratives à accomplir au cours de la gestion de leur entreprise se traduit par des pertes d’énergie et de temps qu’il a fallu utiliser pour mieux gérer leur entreprise et par un découragement et une résignation des jeunes promoteurs à aller de l’avant et à développer leur projet entrepreneurial. Ainsi, plus des trois quarts des jeunes enquêtés affirment avoir rencontré ce genre de difficulté au cours de la gestion de leur propre entreprise.
- La troisième difficulté de gestion est constituée par le poids jugé écrasant de la fiscalité et de la parafiscalité aussi bien en termes de niveau de pression fiscale et sociale que du nombre d’impôts, taxes et cotisations auxquels ils sont soumis. Cette difficulté a été citée par la quasi-totalité des jeunes entrepreneurs enquêtés. Ce qui représente une part non négligeable des enquêtés. Enfin, d’autres difficultés telles que celles relatives à la production, à la commercialisation de leurs produits et
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