Le billet économique de Marie Viennot
Par Raze • 11 Novembre 2017 • 1 218 Mots (5 Pages) • 594 Vues
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est une science expérimentale (car disent-ils, on n’y fait pas d’expérimentation),
• qui accordent plus d’importance à l’histoire, aux institutions, aux régulations,
• et pensent qu’il y a peu de sujets en économie sur lesquels on peut avoir des certitudes.
Or ce que disent les auteurs du livre à ces économistes, c’est en gros "vous avez tort... et si vous voulez nous prouver le contraire vous n’avez qu’à publier vos recherches dans des revues scientifiques reconnues, elles ont les bras grand ouvert".
Et c’est là qu’il devient pour moi difficile de suivre les auteurs, car ce qu’ils font c’est quasi aussi du négationisme.
L’arroseur arrosé?
Eux aussi sèment le doute sur le sérieux de centaines d’économistes, qui publient leurs recherches dans des revues sérieuses. Quand j’ai contacté Pierre Cahuc, il était plus mesuré, et reconnaissait que des travaux sérieux pouvaient exister aussi chez des économistes qui ne pratiquent pas l’économie expérimentale. Cependant, pour lui, il y a bien une hiérarchie des revues, et les plus sérieuses sont de rang 1.
Et c’est là qu’il faut rentrer un peu dans le système de la recherche. Les revues scientifiques sont classées, il y a un palmarès. Voir ici le classement établie par la section 37 Economie et gestion du CNRS pour 2016. Or, vous n’avez aucune revue post keynesienne, c’est à dire hétérodoxes en haut de classement. Aucune revue française non plus.
Comment cela s’explique? D’abord, parce que les économistes hétérodoxes sont en minorité dans le monde académique. L’Afep a effectué un comptage, individuel des nominations de professeurs à la faculté, avec cette définition des hétérodoxes.
Les « hétérodoxes » sont définis ici comme des économistes institutionnalistes, qui travaillent à partir de méthodologies issues des sciences sociales et relevant des écoles de la Régulation, de l’institutionnalisme, des conventions, de la socio-économie, voire les chercheurs épistémologues. Font aussi partie de l’hétérodoxie économique les macro-économistes post-keynésiens, accordant généralement une place non négligeable à l’histoire.
Résultat: entre 2005 et 2011, sur 120 professeurs recrutés, six étaient des hétéroxes. Détail dans la note ici.
Plus on a de professeurs, plus on peut publier, plus on peut diriger de thèses, plus on peut animer la recherche, et faire remonter les revues de son propre courant dans le classement. C’est la première raison.
La deuxième, c’est que les sciences économiques sont dominées aujourd’hui par les recherches quantitatives, expérimentales, anglosaxones et pour un Piketty qui va publier dans une revue très cotée, vous avez tous les économistes hétérodoxes, qui ne cherchent même pas à se faire publier dans ces revues de rang 1.
Leur recherche sont-elles pour autant nulles et non avenues? Peut-on quantifier la performance en recherche pour disqualifier certaines approches? Comment se font ces classements? Qui juge? C’est le débat de fond, derrière la polémique sur ce livre. Il ne se cantonne pas aux sciences économiques, mais le titre du livre montre à quel point cette discipline est malade.
Malade au point qu’une partie des chercheurs en économie cherchent à prendre leur autonomie. C’est le combat de l’AFEP qui a obtenu dernièrement qu’une catégorie "Economie et Institutions" soit créée pour les classements de revues. Voir ici un lien vers la liste de revues que m’a transmise l’AFEP dans lesquelles publient les hétérodoxes.
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