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Dissertation Frankenstein de Mary Shelley, roman romantique ?

Par   •  13 Novembre 2017  •  2 620 Mots (11 Pages)  •  2 110 Vues

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Le récit possède une dimension métaphysique, avec la création de Frankenstein (le scientifique qui crée un homme).

Tout d’abord, on peut condamner la morale, ce qu’a engendré Frankenstein est vu comme un monstre, on ne devrait pas réanimer la mort, il n’est plus seulement rival des Dieux leur égal puisque il leur vole « l’étincelle de la vie ». Il faut prendre en compte ce qui est mort doit rester mort, notamment par la « théorie du chaos » théorie selon laquelle on ne doit pas bousculer l’espace spatio-temporel (cela peut perturber toute l’histoire avec des conséquences terribles). Frankenstein, en livrant son récit à Robert, le met en garde (son histoire va lui enseigner une morale) comme on peut le relever chapitre IV : « « Apprenez […] combien il est dangereux d’acquérir la science, et combien plus heureux est l’homme qui prend sa ville natale pour l’univers, que celui qui aspire à une grandeur supérieure à ce que lui permet sa stature. » Victor en créant sa créature, commence sa propre descente aux Enfers, il crée un monstre qui le dégoûte lui-même, on peut le rapprocher du mythe de Pandore, il n’a su résister à la tentation. Frankenstein est comparable au mythe de Faust qui aspire à l’au-delà de l’humain et qui vend son âme au Diable pour connaître le secret de la vie éternelle, ils souhaitent tous deux transgresser le secret de la vie, les frontières entre la mort et la vie. Victor est obligé de se taire quand son petit frère William est étranglé alors qu’il sait parfaitement qui est le coupable, il va laisser Justine se faire accuser sans pouvoir rien faire pour remédier à la situation puisque personne ne le croirait s’il révélait la vérité, c’est une faute qu’il aura toujours sur sa conscience. La plaidoirie de Justine est pleine de noblesse ; son discours est quelque peu romantique avec l’étalage de sentiments et d’émotions ! Justine sera malheureusement exécutée, elle fait des aveux pour un crime dont elle n’est pas coupable. Mais ce n’est pas seulement Victor qui est condamné, mais son monstre, qui est condamné à ne jamais faire partie d’une espèce puisqu’il essaye de s’intégrer à des humains mais tout le monde prend peur, même quand il sauve une jeune fille de la noyade. Il énonce alors ce qu’on peut citer : « L’homme était-il donc à la fois si puissant, si vertueux et magnifique, et, d’autre part, si vicieux et si bas ? Il me semblait n’être à un moment qu’une branche de l’arbre du Mal, et, à d’autres, tout ce que l’on peut concevoir de noble et de divin. […] Longtemps, je ne pus concevoir qu’un homme pût aller tuer son semblable, ni même pourquoi il existait des lois et des gouvernements ; mais quand j’entendis mentionner des exemples particuliers de vice et de carnage, mon étonnement cessa, et je me détournai avec impatience et dégoût. » Il réfléchit sur ce qu’il a appris en observant les humains, le langage, les mœurs, que lui ont-ils amené sinon de la souffrance ? C’est à partir de là que commence un nouveau débat moral : En tant que créateur, Frankenstein se fait exiger du monstre un compagnon, comme nous pouvons le lire au chapitre XVI : « je suis seul, et je souffre ; les hommes repoussent ma société ; mais une femme, aussi difforme et horrible que moi, ne se refuserait pas à moi. » Le romantisme est à son paroxysme : le scientifique est pris de répulsion, mais notamment de compassion et finit par accepter le pacte pour cette raison. Il doit retourner en Angleterre pour créer le monstre, seulement sa conscience est lourde. S’il crée ce monstre, est-ce qu’ils engendreront une race qui détruira

l’humanité ? Le procès est fait à travers Frankenstein : ceux qui sont hors-normes sont exclus de la société.

L’hybris, est d’origine grecque et signifie la « démesure », sentiment violent qui est surtout inspiré par l’orgueil. C’était considéré comme un crime. Ici on condamne l’hybris du scientifique qui ne se pose plus seulement en rival de Dieu, mais en son égal. Il n’a plus aucune modestie en voulant animer la mort, il ne respecte plus l’ordre naturel des choses. Il se condamne lui-même par sa démesure, au châtiment éternel (d’où la comparaison qu’on peut faire avec Prométhée, qui a donné le feu aux humains) il est devenu un damné. Au final, c’est son ambition immense qui a causé sa chute. Plus précisément, il cause sa propre déchéance. Mais pas seulement cet état de fait, vouloir se passer de la femme pour créer est une vraie analogie au vécu de Mary Shelley (enfants morts nés qu’elle souhaiterait réanimer). Pour se prendre pour un Dieu, l’Homme utilise un instrument : la science.

La science peut avoir des effets positifs mais ici la science est la cause du malheur, Victor a voulu s’affranchir des limites naturelles. On peut relever cette phrase au chapitre IV qui est une vraie leçon : « Un être humain en état de perfection devrait toujours conserver une âme calme et paisible, et ne jamais permettre à la passion ni à un désir éphémère de troubler sa tranquillité. Je ne pense pas que la poursuite de la science fasse exception à cette règle. » C’est comme un cycle qui ne doit pas être rompu. Le savant en refusant d’éduquer Frankenstein (il s’enfuit quand il voit ce qu’il a créé), se condamne au supplice et « à sa propre rédemption » c’est-à-dire qu’il perd tous ses proches comme Prométhée est condamné à se faire ronger tous les jours le foie par cet aigle. Le roman lance un avertissement à ceux qui pensent que la science est la toute puissance, il faut être extrêmement prudent ou elle se retourne contre vous.

Le mythe explique les mystères du monde, de nombreux mythes retracent l’histoire de l’humanité comme celui de Prométhée, le Titan qui a fourni aux humains le feu, ainsi condamné pour le vol du « savoir divin ». Il est condamné au châtiment éternel, attaché sur le Mont Caucase avec son foie se faisant dévorer tous les jours par un aigle. Il y a une réelle différence entre les mythes de création comme Frankenstein et créations de mythe comme Prométhée. Dans Frankenstein il n’y a pas vraiment le conflit avec Dieu alors que Prométhée, Dieu intervient lui-même pour châtier. C’est plus un conflit entre le scientifique et sa créature, sa « hideuse progéniture ».

Finalement, pour répondre à la problématique « Frankenstein est-il un roman romantique », Frankenstein est bien un roman romantique, par son lyrisme et la profusion des sentiments et émotions, mais aussi par ses thèmes : le moi en souffrance, la nature, le voyage, le désir de fuite… On peut rapprocher cela

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