Est-il possible se libérer de la morale
Par Ninoka • 5 Février 2018 • 2 100 Mots (9 Pages) • 743 Vues
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De plus, nos opinions, nos actes, nos pensées, même s'ils nous semblent personnels, sont déterminées par le monde extérieur, tant que nous ne les avons pas critiqués ou remis en question. Il y a des lois qui m’empêchent et me contraignent à exprimer mon individualité. Ainsi, la société et ses exigences ne me permettent pas d’être un sujet unique, maître de son propre monde, car dans nombreuses situations on a la nécessité de paraître, au lieu d’être, soit disant, soi-même. On ne pourra donc pas être tout le temps soi-même, mais est-ce qu’il y a un moment qu’on est vraiment nous-même, ou bien on porte un masque pour figurer sur la scène (vie quotidienne), l’unité d’un caractère ?
« Etre soi » n’empêche pas parfois de ne pas se sentir « être soi-même. Il y a l’écart entre ce qu’on croit être et ce qu’on est par ignorance de soi, par nature : le fait que l’homme étant un être non défini peut se définir par un projet (« on sera ce qu’on fera ») et en tant qu’être conscient peut prendre ses distances par rapport à ce qu’il est (je suis ce que je deviens par mes choix et actes). Or, selon Sartre, « nous ne choisissons pas notre situation », c’est-à-dire, notre corps, notre société, notre histoire collective. Mais, sur la base de cette situation donnée, l’Homme peut inventer des chemins inédits, cela est précisément la liberté comme pouvoir de construire un chemin de vie n’obéissant à aucun destin ni déterminisme. « Deviens ce tu es », peut-on devenir soi-même ?
- Devenir soi-même. Est-ce possible ?
« On doit se battre contre le courant social », selon Bergson. Cela présuppose une introspection sincère pour s’affirmer tel que l’on est et de reconnaitre aussi ce que l’on est et de ne pas fuir à tout instant. De plus, cela présuppose de se donner un projet et de s’efforcer de le réaliser avec responsabilité en sachant que par là on n’engage pas que soi, mais en un sens l’humanité, selon Sartre et sa théorie existentialiste, « l’existence précède l’essence ». Celui qui fait appel au destin et au déterminisme est de mauvaise foi. On doit donc apprendre à devenir soi-même par différents moyens. C’est plus qu’une condition, c’est un devoir existentiel. Chercher à devenir soi-même c’est donc s’opposer à cette « mauvaise foi » de l’Homme qui insiste à dire que on n’est pas nous-même car nous sommes déterminés par la société dans laquelle on vit et donc on n’est pas responsables de nos actes. De plus, «L’homme est condamné à être libre» dit Sartre. Il est donc libre d’apprendre à devenir lui-même en assumant des choix, c’est-à-dire qu’il deviendra lui-même par ses engagements. De plus, devenir soi-même est un devoir car en se choisissant, l’homme engage toute l’humanité.
Ensuite, pour apprendre à devenir soi-même on peut apprendre à interpréter certaines de nos pensées ou de nos actions réalisées inconsciemment et nous réconcilier avec nous-même, comme l’exemple raconté par Freud, de la femme qui a rêvé qu’elle est partie au théâtre avec son mari sans sa meilleure amie car elle a refusé les places existantes et qui cette femme ne trouve pas très grave qu’elle ne soit pas venue. Le sentiment de vérité dans ce rêve touche juste : Freud lance l’hypothèse, après une analyse complète de son rêve, que c’est un désir éveillé d’un autre homme et le regret de s’être marié aussi tôt. Ainsi, il faut mettre à jour des désirs inconscients, c’est-à-dire, prendre conscience. Cela est donc un éveil à la liberté car auparavant cette femme suivait la voie d’une vie bourgeoise sans problème. Maintenant, elle est libre de tracer son chemin, car il n’est pas tracé à l’avance.
Mais on se demande si devenir soi-même est possible sans les autres ? Selon le philosophe Alain « chaque être humain arrive au monde avec une fiche technique psycho-morphologique, le travail est de la découvrir et l’accepter » Donc, la liberté individuelle n’est pas donnée mais à conquérir en accédant à une conscience réelle de soi. Pour l’atteindre il faut lutter avec soi-même bien plus qu’avec autrui : « l’enfer c’est soi-même « . L’homme a besoin d’autrui pour être lui-même, de sa reconnaissance, il se doit donc absolument de le respecter, c’est-à-dire d’instaurer un espace de réciprocité.
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