Grands Enjeux Contemporains - De l’Université aux universités
Par Ninoka • 13 Novembre 2017 • 2 897 Mots (12 Pages) • 747 Vues
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B – Des problématiques en terme d’apprentissage
Les universités doivent donc composer avec la société mais également avec des problèmes directement liés à l’éducation qu’elle prodigue. Selon COLLINI, l’aspect national de l’éducation supérieure a été supplanté par l’international. Un aspect évident de ce changement est le développement de la mobilité étudiante et des accords entre les écoles et universités dans différents pays. Les universités sont donc de plus en plus en concurrence et essayent de réunir le plus grand nombre d’étudiants étrangers. L’aspect le plus important de cette rivalité entre pays est surement l’importance des tableaux de classement qui sont très largement utilisés comme publicité pour les formations mais qui ne sont que très rarement la reflet de la réalité à cause de données biaisées. On a aujourd’hui tendance à penser que les universités sont en concurrence à travers le monde comme le sont les économies ; constamment en recherche de compétitivité. Cela laisse entendre qu’il faut lutter contre les universités étrangères, or cela va à l’encontre du principe d’échange des connaissances qui permet pourtant l’élévation du niveau universitaire. Une université moderne devrait, selon COLLINI et d’un point de vue éducatif, réunir au minimum quatre caractéristiques : une offre d’éducation postsecondaire où l’éducation ne se réduirait pas à une formation professionnelle, une forme d’éducation ou de recherche qui ne viserait pas uniquement à résoudre les problèmes pratiques immédiats, des activités variées qui ne se limiteraient pas à une seule discipline, une autonomie institutionnelle aussi loin que sont concernées les activités intellectuelles. Ces caractéristiques sont cependant difficiles à appliquer dans toutes les universités car, même si on a tendance à féliciter l’éducation dans les universités qui forment les futures générations et sont une source d’innovation et de découvertes, on leur reproche également de ne pas assez orienter l’éducation vers les besoins de la société. L’éducation est intrinsèquement bonne en cela qu’elle pousse l’individu à exercer et améliorer ses capacités mais elle se heurte à la tendance actuelle qui est d’évaluer l’utilité des choses en terme d’avantages économiques. De plus, selon R. ARUM & J. ROKSA dans leur texte Academically Adrift: Limited Learning on College Campuses, les nouvelles universités ont un réel problème de transmission des connaissance aux étudiants, c'est-à-dire que les étudiants ne montrent pas forcément de compétences particulières grâce aux études supérieures. En effet, des recherches prouvent qu’aujourd’hui de plus en plus d’étudiants sont envoyés faire des études supérieures avec des coûts de plus en plus élevés sans qu’ils en ressortent avec un grand esprit critique ou une grande capacité de réflexion. Un nombre important d’étudiants sont aujourd’hui à la dérive face aux études postsecondaires. Les universités se concentrent sur leur capacité à répondre aux multiples demandes actuelles au dépend de l’instruction des étudiants dont le développement des compétences est délaissé. De plus, les étudiants reconnaissent être plus focalisés sur le développement social qu’académique à l’université et passent plus de temps à des activités extra-scolaires qu’à étudier ; choisissant notamment des cours qui ne nécessitent pas beaucoup d’investissement. Un des problèmes actuels de l’université est donc son enseignement limité qui pouvait, autrefois, fonctionner car elle n’accueillait que des héritiers ou des notables qui allaient hériter des sociétés ou des terres de leur famille. Mais avec l’économie actuelle et la concurrence sur le marché de l’emploi, les étudiants ont nécessairement besoin d’acquérir des compétences académiques. Enfin, un double processus qui renforce cette sous-éducation au sein des universités apparaît : les étudiants cherchent à avoir les meilleurs résultats avec le moins d’efforts et les professeurs sont plus enclins à se concentrer sur les intérêts professionnels que sur l’éducation en elle-même. On voit apparaître une remise en question du système éducatif des universités par différents acteurs tels que les entreprises pour qui les compétences dont elles ont besoin devraient être enseignées aux étudiants. Il y a donc un besoin de changement dans l’éducation supérieure.
L’université a donc du évoluer avec la société passant d’une éducation théologique à une approche beaucoup plus professionnalisante de l’enseignement et voyant son organisation et sa place dans la société se modifier. Cela l’a confrontée à de nouveaux enjeux autant du point de vue de l’apprentissage que de celui de son positionnement dans la société. Pourtant la société ne disparaît pas mais, au contraire, s’adapte, multipliant ses fonctions et ses champs d’actions. Cependant, nous pourrions, au travers du texte de Pascal Engel, « Les MOOCs : cours massifs ou armes de destruction massive ? », nous interroger sur ces nouvelles formes d’apprentissage qui apparaissent. Dans ce texte, l’auteur ne dément pas les intérêts des technologies, et ainsi des MOOCs, comme aide à l’enseignement, mais il présente les risques d’un enseignement totalement virtuel. En effet, remplacer une formation par une combinaison de cours en ligne ne correspond pas à la globalisation de l’enseignement. Cela ne conduit qu’à exacerber la compétition entre les universités, faisant ainsi disparaître les petites universités sous le poids des plus célèbres qui parviennent à mettre en avant des professeurs stars. In fine, la compétition entre les différents enseignements virtuels réduira l’offre de formation. De plus, l’accès au professeur, l’accès au savoir, le droit des professeurs d’être auteur de leur cours, la liberté académique, et finalement la démocratie de l’enseignement sont en danger. Faut-il alors abandonner toute modernité dans le système universitaire ? Les nouvelles technologies peuvent-elles trouver une place dans l’enseignement moderne ?
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