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Marché du travail

Par   •  26 Novembre 2018  •  21 758 Mots (88 Pages)  •  366 Vues

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Les évolutions de la répartition de la population active entre les trois secteurs ont commencé avec la révolution industrielle qui a entraîné une montée de l’industrie et une baisse de l’agriculture. Si tout au long du 19e S le poids de l’industrie augmente dans tous les pays, l’emploi tertiaire croît lui aussi et de plus en plus vite. Le 20e S et surtout sa 2e moitié sont marqués par une accélération de la croissance des emplois tertiaires, leur part dans l’emploi va rattraper celle de l’industrie puis la dépasser.

Cette tertiarisation peut s’expliquer par des évolutions tant de la demande que de l’offre. En effet, l’augmentation du niveau de vie se traduit par une part croissante des dépenses de « luxe » (cf. les lois d’Engel) et dans celles-ci les services ont une part importante. La demande des services est donc dynamique même s’il ne faut pas exagérer ce dynamisme. En francs constants hors dépenses de santé, les dépenses de services marchands n’augmentent pas plus vite que celle des biens et seule la hausse plus rapide de leurs prix explique la hausse de leur part dans le budget des ménages. Il est vrai que la « demande » de services non marchands est fortement croissante dans certains domaines (cf. enseignement) et que la demande de services de la part des entreprises augmente très rapidement. Cette demande dynamique nécessite pour être satisfaite une augmentation importante des emplois (à la différence de l’industrie) compte tenu des faibles gains de productivité (en moyenne) de ce secteur. Le développement très rapide depuis une vingtaine d’années des services rendus aux entreprises traduit une réorganisation de l’appareil de production. Les entreprises pour améliorer leur compétitivité font faire à l’extérieur (externalisent) un certain nombre de services qu’elles réalisaient auparavant en leur sein (cf. nettoyage, informatique, gardiennage…). Ce phénomène atténue un peu l’importance de la tertiarisation : en fait des activités tertiaires exercées dans le secondaire et donc classées emplois secondaires deviennent des emplois tertiaires car elles sont maintenant réalisées dans des entreprises tertiaires. (L’emploi est classé dans un secteur d’activité en fonction de l’activité principale de l’entreprise mais l’activité réelle de la personne employée peut être différente, ex. : tâches de gestion dans l’industrie.)

L’économie marocaine n’a pas connu une telle évolution linéaire et normale de passage du primaire, au secondaire puis tertiaire. L’évolution de l’emploi et de la population active à travers le temps montre la prédominance du primaire et du tertiaire (cf. stats HCP).

- La salarisation

Elle constitue sur le long terme la deuxième grande évolution qui se manifeste.

Le développement de l’industrie comme du tertiaire se traduit par un développement de l’emploi salarié ; les emplois indépendants, qu’il s’agisse d’emplois agricoles ou d’emplois du tertiaire traditionnel (petit commerce, artisanat), tendant à décroître. Ainsi en France, moins de la moitié des actifs étaient salariés en 1851, alors qu’en 1990 ils sont plus de 85 %. Ce phénomène s’observe dans les autres pays et atteint des niveaux plus importants dans les pays anglo-saxons (ainsi aux Etats-Unis, le taux est de 90 %). Cette tendance lourde semble cependant s’infléchir dans les vingt dernières années où la diminution du nombre des emplois indépendants semble se ralentir. Ils augmentent même dans certains pays comme en Grande-Bretagne ou en France, entre 1983 et 1992, hors du secteur agricole.

Le Maroc ne fait pas exception à cette évolution dans la mesure où le nombre des indépendants recule au profit de la population des salariés dans le total de la population active et l’emploi. (cf. stats HCP).*

- Des emplois plus qualifiés pour une main-d’œuvre mieux formée

Bien que la mesure de la qualification ne soit pas aisée, il n’en reste pas moins que, sur le long terme, l’évolution montre une plus grande qualification des emplois. La révolution industrielle et le 19e S marqués par le développement des ouvriers d’industrie n’ont sans doute pas amélioré la qualification des emplois. La montée du tertiaire, les transformations de l’industrie font que depuis la Deuxième Guerre mondiale et plus encore depuis la fin des années 60, la qualification des emplois augmente. Ce sont les catégories les plus qualifiées qui croissent le plus vite aussi bien dans l’ensemble de l’économie que dans l’industrie.

Ainsi en France au sein de cette dernière, depuis 1969, la part des emplois de techniciens et de cadre augmente et au sein des emplois ouvriers, celle des ouvriers qualifiés (par exemple de 1982 à 1992 les ouvriers qualifiés sont passés dans l’industrie de 1.767 million à 1.578 million tandis que les ouvriers non qualifiés passaient de 1.590 million à 0.943 million). Globalement entre 1991 et 2001 l’emploi non qualifié est passé de 27 % du volume d’emploi total à 22 %. Il constitue donc encore plus du cinquième des emplois et depuis 1995 cet emploi non qualifié tend à augmenter et a tendance à se déplacer de l’industrie vers les services et donc des emplois d’ouvriers vers ceux d’employés.

Ces emplois rencontrent une population de mieux en mieux formée.

Au Maroc, l’évolution est plus contrastée par rapport à la tendance générale dans les pays développés. En effet, la population active et employée se caractérise par la prédominance des non diplômés particulièrement en milieu rural. (Cf. stats HCP).

- Une population active qui travaille moins

La diminution de la durée du travail constitue elle aussi une tendance lourde de long terme. Celle-ci se manifeste tout d'abord en termes de durée annuelle. Au début du 19e S, les journées de travail étaient très longues, avant 1848 couramment 14 heures ; les congés n’existaient guère et on peut estimer que vers 1830-1840 la durée du travail s’établissait autour de 3 000 heures par an, 150 ans après elle est tombée à environ 1 500 heures. La journée de travail est réduite, la semaine dure moins longtemps et les congés payés annuels ont été institués. Mais la réduction porte aussi sur la durée du travail au cours de la vie : l’allongement des études, l’instauration des mécanismes de retraite et l’abaissement de l’âge de celle-ci ont contribué à réduire la durée de la vie active.

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