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La raison d'état est-elle la raison du plus fort?

Par   •  16 Novembre 2018  •  2 958 Mots (12 Pages)  •  586 Vues

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ne pas donner ses raisons, c’est qu’il se veut comme le pouvoir qui a toujours raison et qui n’a pas besoin de faire preuve de sa légitimité. La naïveté de l’agneau de Lafontaine («Le loup et l’agneau», Fable X, livre I) consiste justement à croire que la puissance souveraine ne peut pas s’exercer sans donner ses raisons. L’agneau croit qu’il suffit de demander raison au loup de sa volonté de le dévorer pour suspendre son décret. Or, quand bien même il réduirait le loup a quia, quand bien même celui-ci n’avancerait aucune bonne raison pour le dévorer, son sort est tranché : il ne peut qu’être dévoré. Ainsi avec ses citoyens, le pouvoir de l’etat est tel, qu’il peut décider de leur sort à leurs dépends.

Max Weber tente de justifier cela dans Le Savant et le politique. Ainsi, Weber affirme qu’il ne reste, pour définir l’État, que ce qui lui appartient en propre, ainsi qu’à tout autre groupement politique, à savoir la violence physique.

En effet, si le pouvoir ne s’appuyait pas sur la force, il n’aurait aucun moyen de faire respecter les lois qu’il édicte et, nous dit Weber, il n’en résulterait rien d’autre que l’anarchie. Mais ce critère à lui seul ne suffit pas : la violence physique peut être exercée par n’importe quel individu ou institution non-politique. Il faut de plus ajoute que l’État dispose du monopole de la violence considérée comme légitime. Car si les sujets étaient libres de régler leurs différends entre eux par la violence, il en résulterait de même l’anarchie. La vie en société visant à la conservation des individus, aucune espèce de violence ne peut être considérée comme légitime (c’est-à-dire justifiée, fondée) à part celle qui est exercée précisément pour maintenir l’ordre et la paix au sein de la société.

Max Weber affirme donc que ce qui définit en propre l’État, plutôt qu’une quelconque action particulière, est de posséder le monopole de la violence légitime, de pouvoir seul faire un usage juste de la violence afin d’éviter l’anarchie et la destruction de la société même.

Pour trouver le fondement légitime de l’État, Hobbes a recours à l’hypothèse de l’état de nature. En effet, c’est en imaginant la situation des hommes sans État qu’il est possible de déterminer les raisons pour lesquelles ils décident de s’associer, et donc le fondement qui peut être légitime pour l’État. Or pour Hobbes, l’état de nature est un état de guerre de tous contre tous. En effet, puisqu’aucun pouvoir supérieur n’existe, c’est la seule force qui règle les rapports entre les hommes. Aussi, aucun homme n’est à l’abri d’une mort violente. C’est pourquoi, par une décision de la raison leur apprenant que la vie est leur bien le plus précieux, les hommes décident de se rassembler pour fonder une autorité qui, seule, peut user de la force pour maintenir un état de paix. Par le contrat, chaque individu accepte de se démettre de sa force naturelle, et la remet entre les mains de l’Etat (le Léviathan) qui gouverne au nom de tous. Le contrat ne vaut donc que si chacun accepte de se soumettre à l’autorité de l’État, qui garantit en retour aux citoyens la sécurité intérieure et la paix extérieure.

Non la raison d’état n’est éthiquement pas la raison du plus fort

Nous avons tous déjà entendus la fameuse expression “la raison du plus fort est toujours la meilleure”. Mais cette raison d’état à effectivement nombreux points faibles, nombreuses limites

L’état a effectivement des limites notamment d’après Marx et Engels : il serait un instrument de domination au services des classes hautes. Manipuler, réduire l’humanité à une masse amorphe, telle serait d’après Nietzsche le propre de l’état: “L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids. Il ment froidement ; et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : "Moi, l’État, je suis le peuple". (Ainsi parlait Zarathoustra). D’où même découlent les théories dites libérales, qui montrent que l’Etat n’est pas forcément le Bien, et qu’il faut limiter ses degrés d’influence, notamment quant à sa légitimité

La violence de l’état, même si elle est une composante importante de l’exercice du pouvoir est l’exemple le plus flagrant d’un débouché terrible probable suivant sa surdose:prenons l’exemple des totalitarismes qui sont une terrible finalité du détournement du pouvoir par l’Etat. D’après Hannah Arendt dans,Le Système totalitaire ce sont un dépérissement, une perversion de la politique et de la souveraineté.

D’après Rousseau, cette idée que la justice reposerait en réalité sur la force renvoie à l’idée d’une justice naturelle. En effet, dire que la justice n’est que l’exercice de la force, c’est dire qu’en définitive, la justice repose sur le droit du plus fort, tel qu’on le trouve dans la nature.

C’est notamment la position défendue par Calliclès, dans le Gorgias de Platon. Selon lui, les lois humaines sont contre nature car elles empêchent le droit naturel, qui repose sur le droit du plus fort, de s’exercer librement. Pour lui, le fondement légitime de la justice se trouverait dans la nature, sous la forme du droit du plus fort. Or nous sommes tous d’accord sur le fait que si notre société se fondait sur le principe de lois de la nature, comme disait Hobbes dans sa fameuse phrase “ l’Homme est une loup pour l’Homme”, nous vivrions dans un monde gouverné par l’injustice même, l’injustice naturelle.

En effet, faire reposer la justice sur la force pose le problème suivant : pourquoi le plus fort aurait-il besoin d’un droit pour conserver son pouvoir ? Sa force ne lui suffit-elle pas pour imposer sa volonté ? Rousseau se pose la question du sens d’un droit du plus fort dans Du Contrat Social, et remarque que le problème d’un tel droit est qu’il périt avec la force de celui qui le possède. “Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir.”. Ici, Rousseau souligne la limite de l’idée d’un droit du plus fort. En effet, la force ne peut constituer un droit, car elle n’est pas pérenne. Le plus fort n’est jamais assez fort pour toujours le rester : il peut toujours rencontrer plus fort que lui, ou plus rusé. En outre, toute personne vieillit : elle ne peut donc pas rester la plus forte éternellement. C’est donc parce que la force n’est pas une garantie à la manière d’un droit, qui vaut toujours, que le plus fort a besoin du droit pour pouvoir conserver sa supériorité.Un droit du plus fort serait absurde, car

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