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La recherche du bonheur est-elle compatible avec le souci d'autrui ?

Par   •  20 Octobre 2017  •  2 487 Mots (10 Pages)  •  1 110 Vues

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Dans le tout premier stade de son évolution, le petit de l’homme est exclusivement tourné vers ses propres besoins : être nourri, soigné, consolé, stimulé et ce sont là les conditions de sa survie. Chez le jeune enfant, l’égoïsme a son utilité : il permet d’accéder à la conscience de soi et c’est un préalable indispensable à l’estime de soi. Ce n'est qu'après avoir acquis un minimum d'indépendance que l’enfant sort de son univers mental égocentrique, avec la reconnaissance de l’autre, la capacité progressive à éprouver de l’empathie et l’aptitude à se montrer curieux d’autrui. Il s'ouvrira peu à peu à un environnement de plus en plus large (de la mère à la famille, de la famille à la crèche…etc.). Mais pour que cette ouverture progressive vers les autres se réalise sans embûches, il faut que l'enfant ait reçu suffisamment d'amour pour croire en lui, pour s'aimer; il pourra alors commencer à donner de l'amour en retour et faire le bonheur des autres. Autrement dit, la personne égoïste qui accapare tout à son profit, ne trouve pas plaisir à échanger, à donner, n'est pas atteinte d'un "trop plein" d'amour pour elle ; elle souffre et comme le dit Alain-Fournier, « L'égoïste est triste parce qu'il attend le bonheur.».

Si le bonheur réside dans les plaisirs, sans distinction et sans hiérarchie, par l'avoir et la satisfaction des besoins, alors la recherche du bonheur revêtira nécessairement un caractère égoïste. Cependant, on peut douter du fait que le plaisir se confonde avec le bonheur et que la recherche exclusive des plaisirs mène au bonheur.

Arthur Schopenhauer (Le Monde comme Volonté et comme Représentation) pense que le principe d’individuation est une ruse de la Volonté aveugle qui régit l’univers. La volonté n’a pas d’autre but que le vouloir. Dans ce but, elle s’incarne et se démultiplie dans les désirs individuels (la faim, la soif, la sexualité…) qui renaissent sans cesse une fois assouvis. Nous pouvons échapper à la « tyrannie de la Volonté » en prenant conscience de « l’illusion de l’ego » et en éteignant nos désirs.

Même si la recherche du bonheur peut être considérée comme égoïste, elle semble parfois se faire avec les autres et qu'autrui est indispensable à l'épanouissement et au vrai bonheur de l'homme.

Pour la plupart des philosophes grecs, le bonheur est le bien suprême de la vie (le "souverain bien") mais ne se confond pas avec le plaisir. Pour Epicure, le bonheur consiste dans la paix de l'âme que rien ne vient troubler (l'ataraxie). La recherche de "l'ataraxie" peut sembler égoïste, donc on peut se demander si cette recherche ne suppose pas une certaine indifférence vis-à-vis d'autrui. Toutefois, le souci de soi est équilibré chez les Epicuriens par l'amitié et l’amour. La conception épicurienne du bonheur n'est donc pas égoïste car le souci de soi et souci des autres sont inséparables.

Salomon écrit dans les Proverbes : « Qui trouve une épouse trouve le bonheur. » Donc le bonheur se partage…On ne peut pas être heureux tout seul et c’est pourquoi lors de sa création, Dieu n’a pas laissé Adam seul dans le Jardin d’Eden, mais lui a créé une compagne, un vis-à-vis.

Il est difficile d'être heureux "tout seuls" dans un monde rempli de violence, d'injustices et d'inégalités, car nous n'aspirons pas à la continuation d'un tel monde. Sentant confusément que le bonheur d'un seul dépend du bonheur de tous, nous désirons contribuer à l'amélioration du monde.

La recherche exclusive des plaisirs ne mène pas au bonheur car le plaisir est fragmentaire, éphémère et dépend d'un grand nombre de facteurs qui ne dépendent pas de nous.

On peut douter que les égoïstes soient "heureux". Le vrai bonheur ne réside pas dans l’égoïsme des êtres et des choses considérés comme des moyens, mais dans une relation amicale ou amoureuse à autrui.

Emplis de générosité et de bienveillance, les philosophes des Lumières ne sont pas uniquement préoccupés de soi. Ce sont des hommes activement engagés dans le monde qui mettent leur raison et leur passion de la science (de la connaissance) au service de la société pour en dénoncer les injustices et les abus et en améliorer le fonctionnement au nom d'un idéal de progrès. Pour David Hume, philosophe anglais du siècle des Lumières, la sociabilité ne consiste pas seulement à aimer nos proches (notre famille), nos amis comme pour les épicuriens, mais la société tout entière et même l'Humanité. Le souci égoïste de soi doit faire place à l’altruisme. Ce terme employé pour décrire un comportement caractérisé par des actes n'ayant pas d'avantages apparents pour l'individu qui les exécute mais qui sont bénéfiques à d'autres individus. Chez l’homme il peut désigner un amour désintéressé d'autrui, c'est-à-dire le souhait qu'autrui trouve le bonheur et la générosité n'attendant rien en retour. Ce terme est parfois employé dans le sens d'empathie mais plus souvent dans le simple sens de générosité.

L'amour de soi et l'amour des autres n'est pas incompatible. Le précepte évangélique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » (deuxième commandement le plus important) suppose que pour aimer son prochain, il faut commencer par s'aimer soi-même, ce qui ne signifie aucunement se préférer aux autres ou se préoccuper uniquement de son propre bonheur.

Dans la Bible, à de nombreuses reprises, il est question de bénédiction, de souhaits de bonheur, en effet quand Dieu bénit une personne, cela veut dire qu’il comble l’homme fidèle de biens matériels et spirituels. Dans le Nouveau Testament, la bénédiction de Dieu apporte surtout le salut et la paix. L’homme peut exprimer le souhait que Dieu bénisse, il appelle ainsi le bonheur sur elle. La bénédiction décrit la joie de celui qui voit la réussite ou le bonheur d’autrui.

Comme nous le dit Diderot, « L'homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur d'un plus grand nombre d'autres. », mais ‘on ne peut pas faire le bonheur des gens malgré eux’, dit un proverbe. Ce qui présuppose que, sans être une affaire strictement privée, il y a dans la construction de son bonheur quelque chose qui ne peut en rien venir d’autrui. Le bonheur est affaire de volonté, de réflexion, fruit d’un long exercice personnel. Toutefois, peut-on faire le bonheur de quelqu’un sans qu’il le veuille lui-même ?

Si

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