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Jean BODIN Les six livres de la République (1576), Livre I, chapitre VIII, Lyon, 1579

Par   •  29 Octobre 2018  •  2 431 Mots (10 Pages)  •  939 Vues

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BOSSUET exprime un raisonnement logique proche du syllogisme mais qui ne l’est pas pour autant : comme c’est Dieu qui choisit les Rois et qu’Il exerce son empire par eux (Rois) et puisque les Rois siègent sur un trône, c’est donc Dieu qui siège sur le trône.

« Il gouverne donc tous les peuples et leur donne à tous leurs Rois », par cette formule, BOSSUET, homme d’Eglise, va à l’encontre du dogme ecclésiastique. Comme le judaïsme avant lui, le christianisme pose d’abord le principe de l’origine divine du pouvoir. C’est le sens de la maxime de saint Paul : « Omni potestas a Deo » (tout pouvoir vient de dieu). Mais depuis Saint Augustin au Vème siècle et surtout saint Thomas d’Aquin au XIIIème siècle, l’Eglise a toujours tempéré cette idée par la reconnaissance d’une méditation humaine : la nécessité du pouvoir vient de Dieu, mais ce sont les hommes qui se choisissent leurs lois et leurs chefs. Tel est le sens de l’adage « omni potestas a Deo sed per populum » (tout pouvoir vient de Dieu mais par le peuple). Cette théorie se présente ainsi de manière dualiste : son premier aspect est favorable à l’absolutisme de droit divin, que l’on rencontrera souvent dans la théologie politique chrétienne, le second tend au droit populaire et même à la démocratie.

Au travers de cette proposition, BOSSUET parle de l’autorité royale, et non pas du roi comme être de chair et de sang, c’est l’autorité royale en tant qu’autorité de Dieu sur Terre. Le droit du prince à exercer l’autorité politique n’est légitime que si ce droit est de droit divin, il ne se base pas sur un contrat ou un consentement populaire comme les régimes modernes le font, ou comme des thèses récentes, par exemple le Rousseauisme, ont pu l’exposer.

On peut faire une comparaison entre le texte de Bodin et de Bossuet, puisque tous deux légitiment l’autorité royale, mais ce qui les différencie l’un passe par la religion (BOSSUET) ce qui fait de l’autorité royale une autorité royale sacrée alors que l’autre (BODIN) passe par la souveraineté.

- «La personne des rois est sacrée »

BOSSUET exprime une continuité à travers ses propositions, puisque dans la deuxième proposition, il déduit ce qui découle de sa première proposition. « Il parait de tout cela que la personne des Rois est sacrée ». BOSSUET place le roi au-dessus des hommes, il est choisi par Dieu pour régner sur le peuple et puisque ce roi est choisi par Dieu il est sacré, donc porter atteinte au roi revient à porter atteinte à Dieu puisque le roi est la résultante du choix de Dieu.

BOSSUET fait référence à la sainte huile utilisée pour les sacres royaux depuis Clovis alors que depuis la régale, ce sacre en réalité ne fait plus juridiquement le roi, il conserve une dimension symbolique et politique importante, notamment car le sacre confère au roi les marques de l’approbation divine par l’onction. Tout comme BODIN, BOSSUET compare le pape et le roi, en ce sens que BOSSUET ici compare le fait que Dieu fait oindre le roi de la même manière qu’il fait oindre les pontifes (papes). Ce qui laisserait entendre que le roi est au même niveau que le pape, ce qui est inconcevable depuis la régale. Au cours de la cérémonie du sacre, le roi bénéficie de l’onction sacrée qu’évoque Bossuet. C’est une étape du sacre au cours de laquelle l’évêque de Reims procède à neuf onctions sur le corps du roi avec une aiguille d’or enduite de Saint-Chrême et d’une goutte de la Sainte Ampoule. Le Saint-Chrême est une huile consacrée par l’Eglise utilisée pour les sacrements. La Sainte-Ampoule aurait servi au baptême de Clovis et aurait été apportée par une colombe. C’est ce deuxième ingrédient qui fait la particularité du sacre du roi par rapport au sacrement des autels et des pontifes

C’est par cette formule « Mais même sans l’application extérieure de cette onction, ils sont sacrés par leur charges », que BOSSUET distingue les rois des pontifes, puisqu’il précise que les rois, n’ont pas besoin de cette onction pour être considérés comme sacrés, ce qui implicitement signifierait que les pontifes eux en ont besoin. BOSSUET insiste bien sur le fait que le Roi est un représentant de Dieu choisi par lui-même pour exercer ce que Dieu veut « députés par la Providence à l’exécution de ses desseins ».

BOSSUET a dans sa première proposition sacralisé l’autorité royale, en ce sens que celle-ci est détenu par le roi grâce à la volonté divine, puis dans sa deuxième proposition explique ce qu’est le Roi par rapport à Dieu, il est en quelque sorte son représentant sur terre.

II Respect et obéissance au roi au nom de la conscience et de la religion

De ses deux premières propositions en découle une troisième au travers de laquelle BOSSUET explique ce en quoi le peuple doit respect et obéissance au roi : soit par la conscience morale (A) soit par la religion.

- Respect et obéissance du roi par conscience

Respecter le roi, lui obéir, pour le peuple c’est aussi garantir la paix, le bien et la pérennité de sa société. Lui obéir est donc à la fois préserver la paix, et préserver la société, le royaume du représentant de Dieu, le royaume où le peuple vit lui-même. Quand bien même les princes ne s’acquitteraient pas bien de leur devoir, le peuple doit obéir à son maître, qu’il soit bon, juste ou injuste, capable ou incapable, puisque comme BOSSUET le précise « « il faut obéir sans murmurer, puisque le murmure est une disposition à la sédition » ainsi BOSSUET pose les bases pour le comportement d’un « bon sujet ».

On entre dans le syllogisme de BOSSUET : enfreindre les ordres du roi c’est désobéir à Dieu, on n’est pas dans un schéma contractuel, mais anti contractuel, ce qui veut dire qu’à propos de l’origine du pouvoir, il y a une obligation naturelle à régner pour les uns, et une obligation naturelle « obligation de votre conscience » de se soumettre pour les autres, pour ses sujets de respecter le Roi. Servir l’Etat relève beaucoup moins de l’acte de volonté mais de l’obligation naturelle. On ne peut pas parler de contractualisme, on né sujet de roi, on lui doit une obéissance absolue, si toutefois cette obéissance est rompue c’est un sacrilège.

Par conscience morale à t’on donc entendu une conscience intérieure, proche de la foi, mais au caractère religieux non immédiat. C’est une requête à but sociétal, religieux et sociétal bien sûr, mais qui va dans le sens du bien commun.

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