Histoire des institutions
Par Orhan • 30 Juin 2018 • 33 648 Mots (135 Pages) • 489 Vues
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B/ Les caractère de la souveraineté
Selon Bodin , la souveraineté revêt trois caractères :
- la souveraineté est absolue (1)
- la souveraineté est perpétuelle (2)
- la souveraineté est indivisible et unitaire (3)
- Le terme absolu vient de absolutus qui signifie en latin être libre , être délié de , n'avoir de liens avec personne.
- Elle est permanente , elle n'a ni origine ni fin , elle a toujours existé et elle existera toujours. Pour Bodin elle est une création divine qui date de la création de l'Homme sur Terre.
- Selon Bodin , la souveraineté est indivisible car elle est indépendante , absolue et n'appartient qu'à un seul , le roi.
Par la suite , d'autres auteurs interviennent pour achever cette doctrine :
- Guy Coquille « Le roi est monarque et n'a point de compagnon en sa Majesté royale » (1607)
- Charles Loyseau « La souveraineté n'est point si quelque chose y fait défaut » (1608)
- Cardin le Bret « Le roi est le seul souverain dans son royaume et la souveraineté n'est pas plus divisible que le point en la géométrie » (1632)
$2 – Les manifestations de l'absolutisme
Jean Bodin ne s'est pas contenté de contextualiser cette notion de souveraineté , il ajoute que c'est dans le cadre d'un régime monarchique que la souveraineté s'exprime pleinement. En clair , il nous dit que le régime monarchique est le régime idéal. Mais surtout Bodin expose les différents pouvoirs qui appartiennent à un monarque souverain.
A/ La préférence monarchique
Dans son ouvrage Jean Bodin utilise la notion de souveraineté pour distinguer les régimes politiques. Il distingue ainsi 3 grandes formes d'état :
- démocratie dans laquelle la souveraineté appartient au peuple
- aristocratie dans laquelle la souveraineté appartient à une portion du peuple , à l'élite
- monarchie dans laquelle la souveraineté n'appartient qu'à un seul titulaire
Bodin constate que dans les deux premiers régimes, la souveraineté est partagée entre différents titulaires du pouvoirs. Or parce que la souveraineté est absolue, et surtout indivisible, le régime qui a ses faveurs est la monarchie, à ses yeux c'est le régime idéal car c'est celui où la souveraineté s'exprime le mieux. Il conclut ainsi qu'au même tire qu'il n'y a qu'un seul Dieu , il ne doit y avoir sur Terre qu'un seul souverain en la personne du roi.
B/ Les « marques » de la souveraineté
Jean Bodin expose toujours dans Les Six Livres de la République, les pouvoirs régaliens qui découlent de la souveraineté. Tous ces pouvoirs sont qualifiés de marque de la souveraineté par Bodin car quand le monarque utilise un pouvoir, il marque sa souveraineté. De manière générale selon Bodin, le roi est le moteur de l'état, la matrice. En effet, parce qu'il est souverain il juge , il légifère et il exécute , cela traduit une totale confusion des pouvoirs.
- Le pouvoir législatif : le pouvoir royal est avant tout conçu par Bodin comme celui de légiférer. Autrement dit , la loi est l'acte de souveraineté par excellence , elle est la première marque de la souveraineté. C'est lorsque le roi exerce son pouvoir législatif qu'il est pleinement souverain.
- Le pouvoir judiciaire : appartient tout entier à la personne du roi. Le roi est source de toute justice , toute la justice dans le royaume de France émane directement ou indirectement du roi souverain. Le roi peut exercer la justice lui même , mais il peut aussi déléguer son pouvoir judiciaire à des officiers royaux qui seront chargés de rendre justice au nom du roi. On parle alors de justice déléguée.
- Le pouvoir exécutif : se traduit par plusieurs compétences. Le roi est à la tête de l'administration , il nomme aux fonctions publiques, il est le chef temporel de l'église de France , il est le seul en mesure de lever les impôts , il peut seul battre la monnaie , seul mettre de la guerre et de la paix et le seul maître de la diplomatie.
En conclusion la théorie absolutisme de Jean Bodin fait de la royauté une autorité pleine qui concentre tous les pouvoirs sans partage et sans contrôle. La doctrine de Jean Bodin est un des fondements de l'absolutisme de Louis XIV.
$3 – Un absolutisme théocratique
A la suite de Jean Bodin , d'autres auteurs interviennent pour renforcer la théorie absolutisme. Le plus célèbre de ces auteurs est Jacques Bénigne de Bossuet, il parachève la doctrine absolutisme dans La politique tirée des propres paroles de l'écriture sainte (1670 – 1679) .
Jusqu'au 16 siècle personne n'avait osé remettre en cause l'origine divine du pouvoir royal, jusque lors on considérait que le pouvoir royal était d'origine divine. Cependant cette conception théocratique du pouvoir est contestée au 16e siècle par les monarchomaques et notamment ceux protestants. Ils entendent désacralisé le roi , en faire un homme comme les autres , ils renient l'immédiateté du lien qui unirait Dieu au roi.
Pour contrer cette attaque Bossuet réaffirme l'immédiateté du lien entre Dieu et le roi et surtout il sacralise la personne du roi. A partir du moment où Bossuet publie son ouvrage non seulement le roi est un monarque absolue mais il est aussi un roi de droit divin. Il vient achever la théorie de Bodin. Pour parvenir à ce résultat, il s'appuie essentiellement sur la bible qu'il se permet d'interpréter de manière libre et sa théorie finale s'appuie sur plusieurs propositions :
- L'autorité royale est sacrée, cela veut dire que s'opposer à l'autorité du roi c'est s'opposer à l'autorité de Dieu.
- La personne des rois est sacrée , c'est-à-dire que toucher à la personne physique du roi c'est toucher à Dieu lui même et à s'exposer à la damnation éternelle.
- Les rois ne sont
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