Ethique et entreprise

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Pour définir le périmètre de sa responsabilité sociétale, identifier les domaines d’action pertinents et fixer ses priorités, il convient que l’entreprise traite [toutes] les « questions centrales » suivantes : la gouvernance de l’organisation, les droits de l’Homme, les relations et conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, les communautés et le développement local.

Ex :- le groupe Michelin a élaboré une charte qui se décline en plusieurs catégories telles le respect des parties prenantes que sont les collaborateurs, les partenaires commerciaux, les pouvoirs publics et les populations locales. L’accent est également mis sur le respect des actionnaires, des clients et bien sûr de l’environnement.

-Le développement de l’investissement socialement responsable(ISR) est lui aussi le signe que l’on ne se focalise plus seulement sur les profits des entreprises mais également sur des critères sociaux, environnementaux et de gouvernance d’entreprise. Des agences de notations permettent d’évaluer les performances des entreprises au-delà des résultats financiers.

II)

Pour autant, l’éthique première de l’entreprise est bien une éthique du profit, et il ne faut pas s’y tromper, même si les discours des entreprises sont parfois très séduisants. L’entreprise peut en effet prendre conscience de sa responsabilité et développer des activités « éthiques », il n’empêche qu’elle cherche avant tout à tirer profit de ces actions en les entourant d’un important battage médiatique, souvent disproportionné quant aux actions réelles. L’entreprise semble donc surtout « recycler » la question de l’éthique, pour laquelle elle était fortement critiquée, afin d’en faire un nouvel axe de sa politique marketing. Sa finalité première est le profit est non le bien social. Comme l’écrivait Adam Smith dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) "ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais de leur souci de leur intérêt propre », on ne doit donc pas attendre de l’entreprise une générosité désintéressée.

b)Les actions éthiques ont la possibilité dans certains cas d’améliorer l’efficacité de l’entreprise ou bien son image auprès du consommateur. L’image de l’entreprise est le premier moteur qui conduit à une démarche responsable auprès des entreprises.

Ainsi,les activités marketing cherchent à conquérir le consommateur dans l’objectif de vendre mieux, c'est-à-dire maximiser le profit de l’entreprise. Mais ce marketing peut être soupçonné de construire des messages publicitaires vantant le développement durable alors que le fonctionnement de l’entreprise reste inchangé. Les entreprises qui se lancent dans de telles initiatives sont souvent accusées de faire du « green washing » selon le terme anglais, c’est-à-dire de se donner une image « verte » sans réellement entreprendre des actions concrètes.

Ex : L'entreprise Total s'est dotée durant les années 90 d'une Charte Sécurité Environnement Qualité, d'un code de conduite et d'un Comité d'éthique. A travers son code de conduite, le groupe a ainsi explicitement affirmé sa volonté de « respecter les lois et règlements applicables », notamment en matière d'environnement, de concurrence et de législation sociale des pays où il travaille, ce qui paraît normal. Mais plus important, Total affirme également demander à ses associés industriels de « respecter des normes compatibles avec ses principes d'action et de comportement ». Malgré la critique de multiples ONG et d'une partie de la société civile, Total reste néanmoins implantée en Birmanie, reversant une rente pétrolière à une junte ayant massivement recours, entre autres, au travail forcé. Total affirme clairement s'engager au niveau social mais travaille avec un régime qui consacre une part conséquente de ses revenus à son appareil militaire et délaisse complètement d'autres domaines tels l'éducation ou la santé.