Les déterminants des comportements d'épargne
Par Ramy • 3 Septembre 2018 • 2 415 Mots (10 Pages) • 447 Vues
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Pour qu’épargne des retraités coïncide avec le modèle HCV, qui comme nous venons de le constater est un peu simpliste, il faut prendre en compte la notion de solidarité intergénérationnelle autrement dit l’accumulation d’actifs d’un ménage dans le but de transmettre ces derniers à des héritiers. Bien sur le fait que la valeur de désépargne en fin de vie soit bien souvent inférieure à la valeur d’épargne en vie active ne peut être totalement expliqué par la notion de transmission patrimoniale intergénérationnelle mais peut aussi l’être par l’incertitude sur la date de décès. En effet, une personne ne pouvant savoir, sauf cas rare, sa date de décès, il paraît compliqué de décéder avec un patrimoine nul. Malgré cela et le fait que certains retraités épargnent par motif de précaution, la notion d’héritage est la principale cause d’épargne chez les seniors. Aujourd’hui, avec la forte croissance de la valeur du patrimoine net des ménages depuis le milieu des années 1990, c’est finalement vers les seniors que la balance de la valeur du patrimoine net penche, ce qui devrait entraîner une hausse encore plus importante des successions, en valeur comme en nombre. Selon des prévisions de l’Insee, le nombre de décès va augmenter, ayant pour cause le taux de mortalité des adultes qui va fortement augmenter. Ainsi, le nombre de successions va augmenter et, cela combiné aux décès des baby-boomers étant les français avec les patrimoines les plus élevés, les legs seront d’autant plus importants et nombreux donc le patrimoine français va croître fortement. Ainsi, cela met en évidence que l’espérance de vie, l’âge de la retraite sont des déterminants du comportement d’épargne des ménages :
- Si l’espérance de vie augmente alors selon l’HCV, les ménages épargneront plus pour pouvoir subvenir à leurs besoins plus longtemps et inversement. De plus, cette tendance à la hausse de l’épargne sera d’autant plus à la hausse que les futurs retraités souhaiteront épargner pour favoriser la transmission intergénérationnelle.
- Si l’âge de la retraite augmente, les ménages épargneront moins car ils auront moins besoin de liquidités lorsqu’ils seront à la retraite et inversement.
Bien que de 2014 à 2015 le taux d’épargne ait subi une légère baisse, on peut prévoir que si l’espérance de vie diminue d’ici 2030 et que l’âge de la retraite augmente, l’épargne des ménages diminuera en France, ce qui aurait comme impact une diminution du patrimoine net des ménages en valeur.
Intéressons-nous désormais aux aspects économique et institutionnels du sujet, c’est à dire l’impact des politiques conjoncturelles ou structurelles adoptées par un pays qui vont influer sur le comportement d’épargne des ménages. De manière générale l’épargne évolue en fonction du pouvoir d’achat des ménages c’est à dire que si le pouvoir d’achat baisse de manière significative, les ménages vont avoir tendance à baisser leur consommation et à épargner davantage pour se protéger d’un avenir incertain. Si le pouvoir d’achat augmente, les ménages épargneront, à l’inverse, moins. Ainsi, en période d’inflation, comme les prix augmentent à cause d’une demande trop forte, la BCE va augmenter les taux directeurs. Il sera donc plus intéressant d’épargner. Inversement en période de déflation, les taux baissent donc il est moins intéressant d’épargner. Plus globalement, tout ce qui est inhérent à la situation économique d’un pays va avoir une influence sur le taux d’épargne des ménages. Cela englobe le taux de chômage, le niveau des prix (inflation - déflation), les taux d’intérêts, le niveau de revenu… En raison de prévisions conjoncturelles que les ménages peuvent effectuer, ces derniers peuvent prévoir une baisse d’un des facteurs cités précédemment (revenus, taux d’intérêt, croissance d’un pays à long terme…), et par conséquent peuvent souhaiter constituer un capital pour mieux vivre plus tard. Ce motif est appelé motif de précaution. Après la crise de 2008, malgré un ralentissement du revenu disponible, le taux d’épargne a augmenté. Ce ralentissement et le développement du chômage semblent être la cause de la diminution de la consommation. Les ménages ont depuis la crise perdu confiance en la situation économique à long terme du pays, ils ont donc réduit leur consommation ce qui a conduit à une épargne de précaution. De plus, les anticipations du revenu permanent prévoient une baisse, et ce depuis la crise, entraînant une baisse de l’épargne des ménages (cf. lien revenu – épargne fait en partie I). Plus simplement, l’épargne de précaution s’appuie sur une crainte du futur économique du pays dans lequel vivent les épargnants. Selon une étude de la banque de France, 45% des français pensent que la situation économique de la France va se dégrader. Bien que ce pessimisme, moins important qu’en 2014, ne soit pas le seul facteur influant le comportement d’épargne des ménages à rentrer en compte, précisons que ces chiffres coïncident avec les taux d’épargne de 2014 et 2015 : lorsque le pessimisme augmente (2014), le taux d’épargne aussi (15,1%) et inversement en 2015 (14,5%). C’est surement ce pessimisme qui conduit les français à investir dans des placement financiers non risqués (90% en 2014 contre 93,4% en 2015 d’après l’INSEE). Ainsi, les prévisions à la hausse ou à la baisse de l’économie française influe sur le comportement d’épargne des français et joue un rôle clé. Ce rôle que joue les prévisions des revenus sur la consommation et donc l’épargne est tout de même à nuancer puisque l’effet cliquet mis en avant par Brown montre que « une consommation atteinte est difficilement réduite du fait des habitudes et des engagements qui ont été pris » et donc que malgré une prévision à la baisse des revenus, l’épargne ne va pas forcément augmenter.
Le comportement d’épargne des ménages est également fortement influencé par le prix du logement. En effet, on remarque une grande corrélation entre ces deux éléments alors que le patrimoine net des français est principalement constitué d’actifs non financiers (Thésaurisation/ logement). En 2015, le bulletin N°209 de la Banque de France indique que 68% du patrimoine net des ménages français est composé d’actifs non financiers dont la plupart sont de l’immobilier. Le patrimoine non financier des ménages s’est redressé modérément (+ 1,2 %, après – 1,4 % en 2014). Cela est dû au fait que les prix des logements anciens sont stables sur un an alors qu’ils diminuaient depuis 2012, tout comme l’indice du coût de construction. De plus la valeur du patrimoine
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