Le paysage : attribut de la propriété privée ou bien collectif ?
Par Andrea • 2 Décembre 2018 • 6 451 Mots (26 Pages) • 486 Vues
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que chaque
consommateur bénéficie d’une consommation égale de ce bien. Chaque consommation individuelle du bien est
toujours égale à l’offre totale disponible de ce bien.
La demande de paysage, ensuite, est exclusive. Dés qu’il y a paysage il est impossible de ne pas le
consommer. Il est impossible de retirer le paysage du marché aux individus qui n’auraient pas payé pour sa
consommation. On peut cependant noter avec Rambonilaza (2004) que la non exclusivité est partielle et n’existe
que pour les résidents. Les touristes doivent au contraire payer pour venir consommer un paysage urbain, de
campagne ou maritime. Cette incidente est évidemment une première faiblesse de ce type de définition, car si on
interdit l’accès alors le paysage devient un bien exclusif susceptible de rivalité du fait de problèmes potentiels de
congestion. Il suffit d’empêcher l’accès et de faire payer l’entrée comme pour le théâtre. Le paysage devient,
alors, un spectacle payant.
Si on s’en tient, cependant, pour l’instant au paysage bien collectif on est conduit à soutenir que les
acteurs ne vont engager aucune action en sa faveur. Les coûts de la protection et/ou de l’amélioration d’un
paysage sont privés, alors que les bénéfices sont collectifs. La décision d’un individu en matière de paysage ne
sera ni sanctionnée ni récompensée parce que le consommateur pourra toujours consommer sans payer. Aucun
fonds ne viendra alors se porter pour produire ce bien, les individus étant même tentés de faire supporter les
coûts aux autres afin de profiter uniquement des avantages. "Qu’ils paient ou non le bien collectif indivisible à
consommation automatique, les consommateurs le consomment. Ils seront donc tentés de déclarer une
disposition marginale à payer plus faible que celle qu’ils éprouvent réellement, laissant à d’autres le soin de
contribuer au financement du bien. Ils se comportent en passager clandestin" (Bénard 1985 ; p.167)
. Tout le
monde se repose sur l’action des autres afin de ne pas supporter le coût de la protection, de la conservation ou de
la production de beaux paysages. La prédominance des stratégies de passager clandestin rend les solutions de
marché inenvisageables et l’intervention de l’Etat nécessaire. C’est parce qu’il est impossible de gagner de
l’argent avec le paysage (gratuité du fait de la non exclusivité) et que sa consommation est la même pour tout le
monde que le paysage est délaissé par les acteurs intervenants sur le marché.
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L’analyse ne serait, cependant, pas complète si on s’en tenait à une telle définition. Contrairement aux
biens collectifs à la Samuelson, le paysage n’est généralement pas le résultat d’une production volontaire. Cette
non-intentionnalité dans la production du paysage en fait une externalité, autrement dit un bien ou un mal effectif
joint aux décisions privées.
Le paysage comme externalité
Cette non intentionnalité dans la production du paysage en fait une externalité, autrement dit un bien ou
un mal collectif joint aux décisions privées. Le paysage n’entre pas, pour cette raison, dans le calcul économique
des agents et plus particulièrement des propriétaires fonciers qui par hypothèse cherchent à maximiser leur profit
et/ou à minimiser leur coût. L’intervention publique s’impose parce que le paysage est un effet externe. Il révèle,
à ce titre, une défaillance du marché. La coordination des intérêts individuels par le marché ignore le beau
(l’usage esthétique) par nature. La dégradation du paysage est dans ce cadre comprise comme une pollution
visuelle et s’analyse comme une perte de satisfaction. La puissance publique est de ce fait saisie d’un problème
d’externalité qui s’il n’est pas corrigé conduit à une affectation inefficace des ressources disponibles. Afin
d’atteindre un optimum social et de maximiser l’utilité collective, elle cherche, légitimement, à donner un prix au
paysage en vue de l’intégrer spontanément dans le calcul économique des propriétaires.
Le paysage est une ressource "dont sont titulaires de nombreuses personnes, qu’elles aient des droits de propriété
ou de simples droits d’usage. Dans ce cas, un utilisateur ou un groupe d’ayant droit peuvent porter tort aux
1
Rambonilaza M. (2004), « Evaluation de la demande de paysage : état de l’art et réflexions sur la méthode du
transfert des bénéfices », Cahiers d’économie et de sociologie rurales, n°70, pp.77-101.
2
Bénard J. (1985), Economie Publique, Economica, 430 p.
3
. Ainsi le système de propriété a ses limites car
"certains biens sont non appropriables par nature, tels que l’eau, la mer, l’air, certaines espèces animales, le
paysage (res communes et res nullius)" (Falque 1991 ; p.110)
intérêts légitimes des
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