L’Intervention Sociale d’Intérêt Collectif, Cristina de Robertis

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Dès le début de mon second stage, j’ai interrogé ma référente sur les ISIC qui avaient éventuellement été mises en place.

Elle m’a alors expliqué que suite aux attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, la direction de l’EMPRO avait organisé, à la demande des jeunes, une réunion pour permettre à ces derniers de poser leurs questions et de débattre. Cette réunion correspond au premier cas de figure présenté par les auteurs : l’institution et les intervenants sociaux sans le public.

En effet, la mise en place de cette réunion relevait en partie « de la panoplie nécessaire à l’ISIC » :

- Les travailleurs sociaux et la direction ont analysé les spécificités des réactions liées, en partie, au handicap mental des jeunes accueillis ;

- Ils ont ensuite « décodé » les remarques et questions des jeunes, en cherchant ce qu’il se cachait derrière (peurs, incompréhensions…) ;

- Ils ont alors organisé la réunion ;

- Enfin, ils l’ont mise en œuvre.

Cependant, cette réunion, comme l’expliquent les auteurs, ne correspondait en fait pas à une ISIC, car il n’y avait pas réellement de « dynamique participative » (les jeunes posaient les questions l’assistante de service social y répondait). De plus, le public ne pouvait en aucun cas s’approprier cette démarche, et ne faisait que « consommer », sans « produire ».

Une autre réunion, destinée à informer les parents sur les possibilités d’insertion professionnelles de leurs enfants, a également été mise en place. Cependant, elle correspondait au même cas de figure ; il ne semble donc pas utile de le détailler à nouveau.

Une autre partie qui m’a semblé très intéressante est celle sur le positionnement professionnel.

Celui-ci est défini comme « la manière dont le travailleur social se situe en tension à l’intérieur des pôles constitutifs de son intervention (…).

Cette notion de positionnement professionnel est essentielle dans l’exercice de nos professions, et éclaire encore mieux l’importance de l’ISIC.

En effet, on ne peut pas mettre en place une ISIC sans accepter de se positionner par rapport aux « usagers », aux politiques sociales, au cadre institutionnel, à nos propres valeurs, nos propres méthodes.

Mais il n’est jamais évident de se positionner, et encore moins dans le cadre d’une action collective (synonyme de nombreux acteurs).

L’Intervention sociale d’intérêt collectif rappelle ainsi des « stratégies d’action » pour permettre aux professionnels de se positionner, malgré ce que cela peut parfois avoir de complexe.

Les auteurs dégagent trois manières de se positionner : par des approches stratégiques représentées, entre autres, par Saul Alinsky et Paulo Freire : l’approche consensuelle, l’approche conflictuelle et l’approche de conscientisation (la seconde n’est plus utilisée dans le champ du social) ; par l’éthique engagée et par le développement social.

Mais ceci n’a pas valeur d’être sans avoir une « posture d’alliance », prônée par le CSTS. Cette posture réaffirme la volonté et la nécessité d’organiser l’ISIC en plaçant l’usager en son cœur. Il doit être « la raison d’être, la finalité, la mission fondamentale », co-auteur, coréalisateur.

Sur mon terrain de stage actuel, l’assistante de service social n’a pas encore eu l’occasion de se positionner professionnellement dans le cadre d’une ISIC.

Cet ouvrage m’a permis de réaliser que toutes ces démarches n’avaient pas été mises en place dans mes lieux de stage, par manque de temps, de moyens ou de marges de manœuvre. Au premier abord, j’ai pourtant pensé que cela n’avait pas été fait par manque d’investissement, mais la réalité est beaucoup plus complexe que cela.

L’intervention sociale d’Intérêt collectif, de la personne au territoire s’impose donc sans conteste comme un ouvrage de référence incontournable dans le travail social.

Les auteurs établissent une réelle et rigoureuse méthodologie de l’ISIC, qui servira autant aux professionnels qu’aux étudiants.

J’ai démarré cet ouvrage avec une certaine appréhension et j’ai été surprise de découvrir un déroulé clair et facile à comprendre.

L’Intervention sociale d’intérêt collectif est le genre d’ouvrage auquel on retourne régulièrement, même une fois diplômé.