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Tradition et Modernisme dans le Gong a Bégayé

Par   •  24 Août 2018  •  3 756 Mots (16 Pages)  •  2 619 Vues

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2-Intérêt de la pièce

Après La bataille du trône (Editions Plumes Soleil), l’inspecteur de l’enseignement secondaire Apollinaire AGBAZAHOU en adéquation avec son thème favori, les arcanes du pouvoir et leurs dénivellations sur la vie publique et les traditions ancestrales nous émerveille à travers Le Gong a Bégayé. Cette œuvre d’anthologie reconnue par les universitaires béninois retranscrit le conflit durant depuis des lustres entre la tradition et le modernisme. Elle révèle un intérêt particulier envers la tradition béninoise plus précisément celle du royaume de Danxomè dont l’histoire fait partie des plus passionnantes et instructives. Elle a une portée qui embrasse non seulement le temps de la littérature dramatique, mais aussi l’histoire, la vraie qui dit la vérité des choses déformées dans des textes exotiques. En lieu et place des actes, toutes la pièce n’est que symbole qui font six au total. L’auteur, s’en explique, «j’ai écrit la pièce dans une série de six symboles tous simplement parce que dans le royaume d’Abomey, tout est symbolique et il faut savoir ouvrir les yeux et les oreilles pour pourvoir les interpréter à travers les mots». Quand on met pied à Abomey, la cité historique du Benin, ex-Dahomey du nom du royaume DANXOME, s’émerveille l’inspecteur AGBAZAHOU: « On est dans une forêt de symbole». Dans les palais royaux, à priori, havre de paix, où il s’est aussi rendu pour se ressourcer, se déroule un combat insoupçonnable, un choc entre tradition et modernisme. Un choc si élastique qui a provoqué le sacrilège, du bégayement du gong, mais à l’effet duquel la tradition, telle une forteresse n’a point cédée. L’auteur s’est employé à construire deux logiques opposées, deux façons de percevoir la réalité de la cour, des logiques qui finalement et comme on s’y attend, reflètent les points de vue contradictoires qu’inspirent encore aujourd’hui les traditions issues de la civilisation du Danxomè.

II-Vue synoptique des concepts.

1-La tradition et ses caractéristiques

A-Définition

Le mot « tradition » vient du latin traditio « acte de transmettre » venant du verbe tradere, « faire passer à un autre, livrer, remettre ». La tradition désigne donc la transmission continue d'un contenu culturel à travers l'histoire depuis un événement fondateur ou un passé immémorial. Cet héritage immatériel peut constituer le vecteur d'identité d'une communauté humaine. Dans son sens absolu, la tradition est une mémoire et un projet, en un mot une conscience collective : le souvenir de ce qui a été, avec le devoir de le transmettre et de l'enrichir. Avec l'article indéfini, une tradition peut désigner un mouvement religieux par ce qui l'anime, ou plus couramment, une pratique symbolique particulière, comme les traditions populaires.

B-Différence entre tradition et coutume

La tradition est universelle et se présente souvent sous différentes formes selon les pays, mais une tradition n'est pas toujours à l'échelle nationale, elle peut être familiale. La coutume est une histoire de localité, de région. Les traditions illustrent l'histoire des peuples. La tradition est une transmission culturelle qui dure à travers le temps et concerne des doctrines qui peuvent être religieuses, morales, politiques, etc. Les traditions se transmettent de génération en génération et il s’agit plus d’une pensée et d’un état d’esprit qui entoure des faits et des habitudes. Une coutume est une pratique qui s’applique à travers les générations afin de reproduire et de conserver les mêmes habitudes et les mêmes agissements anciens d’un peuple, d’un pays ou d’une famille. La coutume et la tradition sont intimement liées et sont souvent associées mais la tradition peut être définie comme la pensée qui entoure la mise en application concrète de coutume dans les faits.

C-Caractéristiques de la tradition

La tradition s’exprime de deux manières différentes et complémentaires : c’est d’une part l’évolution d’un état d’esprit, l’idée de décadence, et d’autre part un courant intellectuel et philosophique.

L’idée de décadence

L’instinct de mort joue un rôle considérable dans toutes les cultures. Platon, dans La République, expose comment les régimes se corrompent. Mais ce mal reste évitable, par des systèmes d’éducation évolués. A Rome, le problème de la mort de l’empire s’est posé bien avant que celle-ci n’intervienne. On analysera cette décadence en termes de prolétariat intérieur et extérieur (Toynbee). Il en va de même pour la décadence athénienne telle qu’éclairée par Salluste (La Conjuration de Catilina). Une explication d’ordre religieux: si les ennemis extérieurs demeurent les barbares, les ennemis intérieurs deviennent les péchés : l’idée de décadence s’alourdit de tout le poids d’une faute. Au XVIème siècle, l’Antiquité est valorisée contre la modernité selon Furet. Quevedo parle en 1624 d’une corruption par le luxe d’un idéal originel de frugalité et de moralité. Bruni associe la décadence des Belles-lettres à la dégradation des libertés publiques. Giovanni Botero établit une généalogie de la corruption à l’intérieur d’un Etat. Une méfiance croissante se fait jour dans les forces de l’homme, avec le sentiment que même les cités parfaites de l’Antiquité ont été à la fin détruites par la fortune. Il existerait une puissance, mi providence, mi hasard, à laquelle le monde est soumis, et qui détruit aussi la République de Platon.

Le danger des richesses : Gibbon, s’il cite toujours les causes morales de la décadence, est attentif à ses causes sociales. C’est l’idée, célèbre, que la décadence commence avec l’abondance. La civilisation des Lumières se sait vulnérable et elle a la hantise des ruines (Magnasco, Guardi peignent ainsi les restes de l’architecture antique).

Pour Herder, la Renaissance est un hommage tardif à l’Antiquité, qui doit être répudié. Le Moyen Age est un mythe germanique et réactionnaire. Sa vitalité est exaltée par opposition à la civilisation rationaliste et mécaniste du XVIIIème siècle français, rongé par le doute et le scepticisme. Le déclin est ainsi déplacé du bas-empire au XVIIIème. Le triomphe du rationalisme français est une victoire sur la vie, le dynamisme, l’esprit faustien.

Au XIXème siècle, Tocqueville a

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