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Tradition et Nouveauté dans La Modification de Michel Butor

Par   •  10 Septembre 2018  •  2 253 Mots (10 Pages)  •  501 Vues

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Sa cohésion instable se fonde dans la pratique poétique d’œuvres irréductiblement individuelles dont le trait dominant est l’effort de substituer au romanesque traditionnel un nouveau réalisme qui, tout en ayant rien à dire, cherche à dire ce rien, au sein d’une modernité énoncée par l’adjectif « nouveau » attribué au nom « roman ».

Mais depuis l’apparition de cette notion, le public est souvent conduit à opérer une distinction entre le roman traditionnel et le nouveau roman. C’est à partir de cette distinction, nous avons intitulé notre travail :

TRADITION ET NOUVEAUTÉ

DANS LA « MODIFICATION » DE MICHEL BUTOR

ESSAI D’ANALYSE DU PROCÉDÉ D’ÉCRITURE

DANS LE NOUVEAU ROMAN

Trois raisons principales ont guidé notre choix. En premier lieu, nous avons voulu, par ce travail, montrer les résultats de nos recherches dans le domaine du nouveau roman dont nous avons vu le contexte sociohistorique d’émergence. En second lieu, cette méditation permettra de mieux saisir l’effort des nouveaux romanciers afin de comprendre leur apport dans la compréhension du monde. Enfin, lorsque nous avons commencé à considérer La Modification de près, ce roman nous a fasciné et ce travail est une tentative d’exposé de cette fascination. Parmi les buts assignés à ce travail se trouve la volonté de dépouiller l’illusion d’être l’auteur ou le héros, celui qui identifie l’empreinte qu’il reçoit. Nous avons voulu identifier cette empreinte...

Parmi les tenants du Nouveau Roman, Michel BUTOR prend une place particulière. À travers cet auteur, nous allons nous poser la question de savoir si la tradition peut survivre dans le roman moderne.

Dans notre investigation, nous avons adopté les méthodes analytiques d’inspiration sociocritique. C’est une démarche qui explique la littérature et le fait littéraire à partir de la société qui les produit. Elle explique les textes par la simple interprétation « historique » et « sociale ». Elle vise le texte lui-même comme un lieu où se trouve une certaine socialité. Entre les déterminations et les conséquences, le texte est suffisamment important pour attirer la sociologie du littéraire. La sociocritique désignera donc la lecture de l’historique, du social, de l’idéologique, du culturel. Dans cette configuration, il faut admettre que le texte n’existerait pas sans le réel mais le réel aurait existé sans lui.

D’après Claude DUCHET, la « société de ce roman » est une société produite par le texte et non seulement reflétée par lui. C’est ce qu’entend BADIOU lorsqu’il dit : « non pas le reflet du réel mais le réel du reflet », donc une analyse matérialiste de l’écriture. À son point d’aboutissement le plus valable, la sociocritique n’évapore pas le texte. Elle le promeut et sert la littérature, arrachée aux vieux magismes. D’après Georges LUKACS, il n’y a pas d’un côté les « idées » et les « sentiments » et de l’autre côté le « style », il y a un acte fédérateur et novateur par quoi le réel du latent à l’exprimé.

L’acte d’écrire en relation avec l’inconscient et les outils du langage, est un acte de refuge et de refus. Tout texte est donc clandestin, frauduleux, parole secrète … En plein ou en creux, quelque chose est là dans le texte qu’il s’agit d’abord de ne pas refroidir et de prendre en compte.

Le degré zéro de la sociocritique est d’abord de ne pas considérer comme secondaire ou négligeable certains énoncés patents. Il s’agit de recharger le texte de ce qui est déjà là, mais qui a été marginalisé ou évacué. Il ne s’agit pas ici d’un symbolique obscur mais des références claires à restituer. Il est important donc de traquer ce qui, dans le texte, se trouve dit ou dénoté.

Il y a toujours dans le texte des perturbations du langage et/ou du comportement, des opacités qui tranchent sur le relativement clair de la « vie » et du cours du monde. Celui qui parle ou qui agit autrement fait toujours émerger des frustrations et/ ou des aliénations qui renvoient toujours à des crises ou à des apories dans le réel sociohistorique. La famille, le couple et la société apparaissent comme les lieux d’usures et d’illusion dont le cousinage étend singulièrement les frontières de l’historico – politique.

La sociocritique se trouve ainsi dans deux tâches apparemment contradictoires : historisation et socialisation des textes dont l’historicité et la socialité ont été sous-estimées ; correction et récupération de l’historicité et de la socialité des textes dont le message sociohistorique était un peu trop clair. Entre les deux, d’immenses zones de la production littéraire demeurent à lire et à interpréter comme symbolisations et figurations qui relèveraient d’une seule problématique « poétique » abstraite.

La lecture sociocritique est donc la lecture des virtualités et de l’histoire en devenir : fonction de l’écriture et de l’art comme lieu et comme moyens de découverte et d’expression de la sociohistoricité en tant que champ des problèmes récurrents et renouvelés du vivre et de la condition humaine. L’écriture et l’art ne sont pas platement « reflet du réel » (toujours supposé positif) mais le réel du « reflet » (toujours problématique).

Donc, dans notre investigation, nous interpréterons sociologiquement les textes tout en effectuant un va et vient entre la société et l’œuvre et en revenant constamment à l’auteur pour repérer les différents conflits et les différentes manifestations de ces conflits et des idéologies apparaissant dans le texte : d’idéologie explicite et d’idéologie implicite.

Notre lecture sociocritique sera donc un mouvement qui ne s’opère pas uniquement à partir de textes fondateurs d’archives mais à partir d’une recherche et d’un effort tâtonnant et découvreur. Parce que toute lecture est invention et recherche et qu’à un niveau propre, elle contribue à l’enrichissement et au progrès de la conscience de la sociocritique : aussi bien que l’écriture que la création, l’interprétation, même si elle s’appuie sur certains acquis théoriques, contribue, à façonner et à prendre la conscience que nous avons du réel sous divers aspects.

Nous avons adopté cette approche sociocritique car elle nous permettra d’être attentif à tout ce qui émerge de nouveau et de contribuer à faire émerger, dans l’histoire et dans la connaissance des mentalités des diverses temporalités de l’histoire et des difficiles relations moi – histoire, et enfin dans la

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