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Penser est-ce rompre avec la tradition?

Par   •  11 Septembre 2018  •  1 725 Mots (7 Pages)  •  458 Vues

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Ainsi, Hannah Arendt dans La crise de la culture, affirme qu’il faut concilier loi, passé et raison. En d’autres termes, elle parle de conciliation entre tradition et raison dans le domaine politique, pour préserver la légitimité de l’autorité imposé à autrui, c’est-à-dire obtenir son obéissance. Les traditions permettent en effet d’établir une hiérarchie implicite mise en place par les prestiges du passé et des modèles ancestraux. Elles constituent en effet la norme politique morale, qu’on respecte par le témoignage du passé. Sans le poids du passé et de l’héritage, la raison seule ne peut pas justifier la légitimité d’une autorité mais elle permet de consolider, de conforter les arguments de la tradition dans l’exercice de l’autorité politique. Penser ne rompt donc pas forcément la tradition sous toutes ses formes, et peut même amener à une conciliation des deux.

Pour illustrer cette thèse, Pascal dans le fragment 56 des Pensées, explique les origines des lois : la coutume constitue le droit. Les mœurs et les habitudes forgent alors la pensée des personnes. Le droit qui permet le maintien de l’ordre n’a aucune légitimité antérieure et naturelle. Cette autorité ne s’appuie pas sur la raison et le peuple obéit parce que c’est tout simplement la coutume, la tradition. Mais le peuple, qui adhère à cette autorité sans savoir pourquoi et qui cherche à la justifier par une pensée rationnelle, pouvant être valable, ne fait en réalité que dissimuler la véritable raison qu’est la coutume. Ici, pensée et tradition permettent la pérennité du droit et des lois. Même si ces deux instances s’opposent, elles peuvent s’allier pour former une vérité. Penser ne rompt donc pas avec la tradition. Cependant est-ce toujours convenable de concilier la pensée et la coutume ?

De nos jours, on observe une forte distinction entre penser, le fondement de la raison, et tradition religieuse dans le secteur scolaire, c’est la laïcité. La France étant un État laïque interdit tout signe religieux au sein des établissements scolaires, où réside le développement de la raison. L’objectif de la laïcité est de concilier avec la diversité des Hommes, l’unité du peuple et la diversité. Elle ne peut être la volonté de nier la religion mais elle ne se prononce pas sur ce domaine. L’interdiction de la présence religieuse à pour but d’empêcher qu’une tradition spirituelle prenne un poids sur la sphère publique qui entraverait la sphère privée. L’école étant obligatoire et un lieu de formation du jugement rationnelle, il n’est pas justifié de la part de la religion de s’imposer universellement, dans la mesure où la raison ne peut pas fonder la foi. On observe donc une séparation nécessaire entre une tradition et la pensée dans la sphère scolaire où la pensée rompt avec une tradition.

De plus, le religieux peut faire l’objet d’un discours rationnel, à condition de rester ferme sur la distinction de la pensée rationnelle et de la foi. En effet, une tradition religieuse étant le rapport au sacré, ne peut pas être un domaine qui commande, qui dicte la raison en toute circonstance. Si on donnait un fondement rationnel à une croyance, on prétendrait à l’universalité. Dans ce cas les religions tendraient à opprimer sur les autres. Rousseau, dans l’Émile ou l’Éducation, explique que lors de débats entre chrétiens et juifs, les chrétiens donnent tord aux juifs en s’appuyant sur des livres chrétiens et ne donne pas aux juifs de droits de communiquer, que ce soit par les écrits ou par la parole. Les catholiques considèrent en effet, par un discours rationnel que l’Église a la plus grande autorité, utilisant la raison pour essayer de justifier leurs affirmations, mais n’ont pas de preuve. On observe alors une mauvaise utilisation de la raison dans la domaine d’une tradition qui tend à l’oppression en enlevant le droit de parole aux autres.

La pensée et la tradition sont donc opposées mais peuvent cependant coexister dans le cas où penser ne rompt pas nécessairement avec toute forme de tradition. Une tradition religieuse et la raison peuvent s’accorder afin de donner une interprétation conforme à la vérité de fait de certaines autorités et lois. Mais il est cependant nécessaire dans d’autres secteurs tel que le secteur scolaire, de nos jours, de distinguer catégoriquement pensée rationnelle et tradition religieuse afin d’éviter l’oppression des religions sur les autres. La rupture entre penser et tradition religieuse devient alors nécessaire. La tradition ne sera jamais réductible à la pensée puisqu’elle fait appel au sacré et dépasse la raison. Il ne faut pas qu’une tradition se prenne pour une pensée (rationnelle).

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