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Réflexions ou sentences et maximes morales

Par   •  16 Février 2018  •  1 914 Mots (8 Pages)  •  452 Vues

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Seulement, La Rochefoucauld ne fait pas que déshumaniser certains comportements humains : il en laisse d’autres parfaitement intacts, mais de telle sorte que nous en soyons honteux, puisque ce sont des défauts méprisables par l’homme, mais qui font partie de sa nature.

B. L’amour pour l’autre est totalement démythifié et rendu égoïste

Au siècle de l’Astrée et de La Princesse de Clèves, l’amour idéalisé occupe une place importante dans les arts et notamment en littérature. Mais ici, La Rochefoucauld le démythifie totalement : ce n’est plus un aspect noble de l’être humain, puisqu’il lui échapperait totalement (maximes 175, 176, 177 et 181). Quant à la persévérance, l’amitié et au repentir, ils sont certes apparemment « maîtrisés » par l’homme, mais pas dans le sens noble auquel on voudrait bien croire : ils consisteraient en fait en des élans intéressés traduisant seulement notre couardise et notre égocentrisme. Les propos du philosophe sont d’autant plus durs que, rappelons-le, le sujet traité n’est pas l’homme mais l’un de ses aspects : ainsi, il ne peut pas espérer échapper aux règles présentées par La Rochefoucauld, puisque s’il le pouvait, il ne serait tout simplement pas humain. La forme elliptique des maximes participe par ailleurs au malaise du lecteur, qui va se sentir obligé d’ajouter sa part du raisonnement, mais qui ira forcément dans le sens des propos du philosophe, le début et la fin du raisonnement donnant toujours le ton du pessimisme.

C’est cette connivence « forcée » entre le moraliste et le lecteur qui permet à ce dernier d’assimiler totalement cette vérité glacée, de se voir comme esclave éternel de ses faiblesses.

C. L’homme comme esclave éternel de ses faiblesses

La Rochefoucauld, par ses maximes, nous peint ainsi un monde où les hommes seraient les marionnettes de leurs vices. Le regard du moraliste est donc profondément pessimiste, d’autant plus que le philosophe ne propose aucune solution : l’homme ne peut pas changer son rapport au monde et aux autres, puisqu’il n’est pas maître de son attitude, régie par ses faiblesses, ses peurs ou tout simplement son ignorance. Dans leur formulation, les maximes ne présentent pas l’homme comme un actant : par exemple dans la maxime 175, le verbe « aimer » est bien directement rattaché au sujet « nous », mais dans la maxime suivante, ce verbe perd tout son sens : l’homme serait incapable d’aimer une personne, seulement d’aimer découvrir de nouveaux aspects chez elle… Par ailleurs, on apprend dans la maxime 177 « qu’on ne s’ôte et qu’on ne se donne point » la durée de nos propres sentiments… Chaque lueur d’espoir est ainsi promptement éteinte de maxime en maxime, de sorte que le lecteur en apprend toujours plus sur lui-même, en même temps qu’il est de plus en plus déstabilisé. En fin de compte, les seuls verbes qui font de l’homme un décideur de ses actions sont des verbes qui renvoient à une action égoïste : avec la maxime 179 « nous nous plaignons » et dans celle 180 la seule chose dont semble capable de faire l’homme est le mal, alors même que c’est la seule chose qu’il semble craindre…

CONCLUSION :

La Rochefoucauld nous dessine là les grandes lignes d’un processus d’autodestruction de l’humanité par le seul moyen de sa nature vicieuse. S’il ne propose pas de solution, le philosophe délivre au moins l’homme de l’ignorance de son comportement, le mettant donc dans une situation plus gênante que celle initiale : Continuera-t-il à agir comme il le fait alors qu’il a la vérité dans ses mains ? La volonté semble la vertu épargnée par La Rochefoucauld, puisque l’homme est capable de se faire « un honneur d’être constant ».

Bien que le principe de la maxime soit justement d’apporter une nouvelle vérité, elle délivre ici son contenu de même qu’une boîte de Pandore, c’est-à-dire de manière soudaine et irréversible, et ôtant toute espérance à l’humanité.

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