Quand le ciel bas et lourd... - Baudelaire

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Une certaine inquiétude plane sur cette deuxième strophe, amenée par la chauve-souris, le cachot ainsi que les adjectifs « humide » et « pourris ». Dans cette atmosphère assez angoissante et lugubre, la comparaison avec l’animal qui bat les murs et se cogne la tête est révélatrice de l’espace restreint et de l’enfermement dans le spleen : l’Espérance, privée de liberté, renvoie donc à son contraire, le désespoir. Le dernier vers y fait particulièrement écho : en effet, il rappelle l’expression « se cogner la tête contre les murs », qui signifie « devenir fou » ou « désespérer ».

Dans la dernière strophe, une métaphore exprime la victoire du Spleen, qualifié ici au moyen d’une allégorie de l’Angoisse : le drapeau planté symbolise le triomphe, l’appropriation. Sa couleur noire est non seulement évocatrice du désespoir mais aussi de la mort, amenée aux deux vers précédents par le cortège silencieux de corbillards -symboles de la mort- dans l’âme du narrateur. Les deux adjectifs très forts et durs, « atroce » et « despotique », illustrent la victoire de l’Angoisse sur l’Espoir qui n’est qualifié que par sa défaite, au moyen des termes « vaincu » et « pleure ». Cette opposition entre triomphe et échec est appuyée par l’image du crâne incliné : au-delà de l’image de résignation, d’acceptation de son sort, on peut y voir une image d’un condamné à mort prêt à recevoir sa sentence, étant donné que la mort est déjà évoquée dans les deux premiers vers de cette ultime strophe. Le spleen a complètement envahi le narrateur.

En conclusion, au moyen d’isotopies telles que l’enfermement et l’ennui, ce poème illustre la difficulté de se défaire du spleen : celui-ci est une prison dont on ne peut s’échapper. Il est présenté de manière graduelle, dans une atmosphère angoissante, jusqu’à la rupture à la quatrième strophe qui annonce son triomphe sur l’espérance.