Lorenzaccio : modèle le plus abouti du drame romantique ?

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En effet, les auteurs romantiques veulent rendre compte de l'Histoire et de la

société dans toute son amplitude. Les drames proposent alors des « moments

» où le destin d’un peuple se joue. Dans lorenzaccio, ce ''moment'' est

Florence avant l’assassinat d’Alexandre de Médicis.

Par ailleurs le thème de l'Histoire apparaît dans Lorenzaccio car il est écrit en

1834, et se déroule en 1536 à Florence.

D'autre part, utiliser l'Histoire a un but didactique, cela instruit le public, qui

doit comprendre le présent en connaissant le passé. Il y a donc là un but

politique. Dans Lorenzaccio, on fait réfléchir sur la capacité des républicains à

exercer le pouvoir après la chute de la tyrannie, ce qui renvoie à la situation

française. De même, Lorenzo montre aux spectateurs une vision pessimiste

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de l'humanité. Celle-ci apparait sous une image désenchantée, « quel

bourbier doit donc être l'espèce humaine qui se rue ainsi dans les tavernes

avec des lèvres affamées de débauche » (IV, 5)

De plus, la pièce remet en cause les pouvoirs de la parole et de l’action. On

parle beaucoup, mais on agit peu : c’est le cas des Strozzi, de la marquise et

même des Florentins.

D'autre part, le drame romantique produit une nouvelle sorte de héros, qui

n’est plus stéréotypé, mais qui a son propre caractère : c’est un individu à

présent, et il peut évoluer.

En effet, le romantisme pose la question de l’individu, dans son rapport à la

société. Le héros dramatique est souvent révolté parce qu'il est confronté à

une société médiocre. On le voit clairement avec le personnage Lorenzo qui

veut tuer un tyran pour libérer Florence de la tyrannie de ce dernier : il est

donc révolté contre la société. La mort est souvent présente à la fin de leur

destin. C'est le cas de Lorenzo qui se suicide : « Eh quoi ! Pas même un

tombeau ? ».

D'autre part, le drame romantique présente le héros comme un individu

tourmenté. On le voit dans l'une des paroles que Lorenzo prononce dans la

scène 3 de l'acte 4 : « je n'ai plus été qu'une ruine, dès que ce meurtre, comme

un corbeau sinistre, s'est posé sur ma route et m'a appelé à lui. »

Lorenzo éprouve un mal-être existentiel, car c’est un être tiraillé, qui a perdu

son unité, il n'est pas en harmonie avec lui-même. Cet état est caractéristique

du « mal du siècle » qui est un sentiment de malaise et d'insatisfaction au

XIXe . En effet, le romantique pense ne plus avoir sa place en ce monde

auquel il ne s'identifie plus : en proie au «vague des passions» il s’accuse lui-

même ou, le plus souvent s’en prend à la société qui ne le comprend pas. Être

à part, voué à un destin sur lequel il n’a aucune prise, le romantique va

mettre à profit cette insatisfaction pour échapper au monde soit par le rêve,

soit par la débauche. Lorenzo est donc en proie au mal du siècle.

Pour conclure, la pièce Lorenzaccio est considérée comme le modèle le plus

abouti du drame romantique, car elle possède toutes les caractéristiques du

drame romantique : aussi bien le refus de l'unité de temps que celle du lieu.

De plus, le thème de l'Histoire qui est l'un des grands thèmes du romantisme

est présent dans Lorenzaccio. Enfin, Lorenzo est l'archétype du héros

romantique, soumis aux déchirements de son Moi, isolé dans une société qui

le déçoit.

Musset a écrit cette pièce en sachant qu'elle n'était pas destinée à être jouée

sur scène. Nous pourrions alors nous demander si Lorenzaccio est un théâtre

injouable.