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Gide, Les Faux-Monnayeurs

Par   •  3 Décembre 2018  •  1 282 Mots (6 Pages)  •  501 Vues

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le démon de l’aventure qui nous harcèle ainsi tous les deux. Nous avons été présentés à lui par le démon de l’ennui, avec qui nous avons fait connaissance à bord... (24) ». Et l’on sait ce qu’il adviendra de Vincent qui « se croit possédé par le diable ; ou plutôt [qui] se croit le diable lui-même » finissant par assassiner Lilian. Nous trouvons aussi un démon qui épisodiquement orchestre ou commente quelques événements. Ainsi lorsque Bernard se trouve sans argent devant l’employé de la consigne, le diable semble intervenir : « Mais le démon ne permettra pas qu’il se perde ; il glisse sous les doigts anxieux de Bernard, qui vont fouillant de poche en poche, dans un simulacre de recherche désespérée, une petite pièce de dix sous oubliée depuis on ne sait quand, là, dans le gousset de son gilet. » Il semble intervenir encore une fois la valise retirée : « Que va-t-il en faire ?... Il songe tout à coup qu’il n’en a pas la clef. Et non ; et non ; et non ; il ne forcera pas la serrure ; il n’est pas un voleur, que diable !». N’est-ce pas déjà le démon qui l’assiste dès le début du roman ? « La famille respectait sa solitude ; le démon pas. ».

L’Appendice nous en apprends ensuite plus sur certaines histoires du roman : le second article est un extrait du Journal de Rouen daté du 5 juin 1909 qui évoque le suicide par balle d’un lycéen, en pleine classe, malheureusement poussé à la mort par ses « camarades ». Bien sûr, cette histoire fait écho à celle de Boris, qui n’est pas élevé dans une famille violente qui lui donnerait des idées noires comme c’était le cas dans le fait divers mais qui a péri dans une horrible mise en scène semblable. Un troisième document de l’appendice revient sur ce thème du suicide, une lettre signée « Ch. B » et qui raconte l’histoire de « D », personnage dont il est dit qu’il n’enchaîne que les déceptions et qui décide de mettre fin à ses jours suite à un évènement qui l’a rempli d’une joie si immense qu’il a peur de ne jamais ressentir de sentiment pareil. L’auteur de cette lettre avoue sa culpabilité en expliquant qu’il avait eu une discussion à propos de ce sujet et qu’il pensait être le responsable, ayant fait entrer cette idée de bonheur inégalable dans la tête de « D ». Evidemment, cette histoire nous rappelle celle de Bernard qui disait la même chose à son ami Olivier et qui regrette fortement ses paroles lorsqu’Olivier tente de se suicider après un évènement significatif (sans toutefois y arriver).

On note que Gide n’a pas gardé toutes ses idées originelles pour les retranscrire dans son roman, notamment son premier jet des Faux-Monnayeurs avec le Journal de Lafcadio, personnage imaginé dans son autre œuvre Les Caves du Vatican et dont Les Faux-Monnayeurs devaient être la suite, projet abandonné en cours de création.

L’Appendice a donc un rôle d’éclaireur et d’informateur. Il nous permet de mieux comprendre comment Gide a élaboré ses intrigues et surtout de voir par quoi (qui) il a été inspiré. Mais il n’y a pas que ça, avec la publication de sa correspondance avec une lectrice qui lui reproche de ne pas avoir parlé de l’analogie entre la maladie de La Pérouse et celle de "Monsieur le Prince" dans les Mémoires de Saint-Simon (alors que Gide lui explique ne pas connaître ce texte de Saint-Simon) est pour l’auteur représentatif des « universitaires qui transforment la critique en police et qui précipitent tant d’artistes dans l’absurde par crainte de pouvoir ressembler à quelqu’un » : Autrement dit, un bel exemple des lecteurs qui poussent à l’extrême leur cherches pour détecter des références et des parallèles. Gide invite donc ses lecteurs (avec une touche d’humour) à être actifs et complices mais pas maniaque et paranoïaque.

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