Nana de Zola
Par Matt • 27 Janvier 2018 • 1 076 Mots (5 Pages) • 814 Vues
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de son ami Céard concernant le variole (petite vérole), pour en connaître le vocabulaire scientifique, médical , ainsi que pour en décrire les effets dans ce passage, même s’il en a forcé l’horreur. L’ambition scientifique est très prononcée dans cette description naturaliste. L’auteur devient médecin légiste, et dans ce charnier réussit à faire la distinction entre « l’humeur », « la purulence » et le « sang ».
Mais ce portrait prend plus une dimension hyperbolique que naturaliste en effet dans l’expression : « une pelletée de chair corrompue » Zola fait allusion à la vie menée par Nana, où elle a vendue son corps pour vivre dans la luxure, la débauche. « Vénus se décomposait » est un rappel à ses débuts, quand elle jouait Vénus au Théâtre des Variétés, et où son succès tenait plus à la fascination des hommes par la vue de son corps nu, qu’à son médiocre talent d’actrice. Dans ce portrait effroyable il ne reste plus que ses cheveux, qui ont gardé « leur flambée de soleil », pour témoigner de cette splendeur passée. Nana de son vrai nom Anna Coupeau est la fille d’une blanchisseuse, qui a eu deux enfants en état d’adultère, et une fille légitime, Nana ; mais l’hérédité du vice remonte déjà de trois générations. Comme pour Zola l’ivrognerie et le vice sont héréditaires, il écrit que l’hérédité du vice coule dans les veines de Nana et que celle- ci en se prostituant a empoisonné ceux qui l’avaient pour maitresse. A la fin de son roman Zola condamne Nana à une mort la défigurant, il donne ainsi une image physique de la moralité de celle-ci. Il l’exprime dans la phrase : « Il semblait que le virus pris par elle dans les ruisseaux, , ce ferment dont elle avait empoisonné un peuple, venait de lui remonter au visage et l’avait pourri ». La splendeur physique passée fait place à l’horreur.
Zola a travaillé la mort de Nana, de manière à ce que celle-ci soit théâtrale et dramatique. Chaque acteur à son rôle, les amies sont réunies autour du corps et ont une conversation superficielle, puis il y a une mise en mouvement. Chaque objet présent dans la chambre a son utilité. On ferme le rideau, devant la fenêtre ouverte, on éteint la lampe, par souci de convenance, on allume un cierge, que l’on pose sur la table de nuit près du lit. Geste anodin qui devient le déclencheur d’une fuite. Nana qui jusque ici n’était qu’un corps devient réelle sous l’effet de la lumière. C’est le coup de théâtre qui introduit son portrait, peu flatteur. Flaubert écrira, le 15 février 1880, à Zola : « La mort de Nana est Michelangelesque ». Enfin, la scène décrite comporte une visée symbolique et politique. En effet, Zola ne se contente pas de décrire les effets de la maladie et de la mort mais il ajoute des termes à connotations morales très négatives : « corrompue », « horrible et grotesque », « dont elle avait empoisonné un peuple venait de lui remonter au visage et l’avait pourri », « dans un rire abominable ».
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