Le personnage de Jocaste, chez Sophocle et Pasolini.

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boit la liqueur enivrante de la vérité. ».

Par ailleurs, dans la pièce comme dans le film, Jocaste ne semble pas choquée ni dérangée par le lien incestueux, à la fois maternel et conjugal, qui l’unie à Œdipe. La réplique de la pièce « Ne t’effraie pas à l’idée d’épouser ta mère : on a souvent vu, ici-bas, des gens partager, en rêve, le lit maternel. », est reprise par Pasolini dans son film : « Bien des hommes ont déjà dans leurs rêves, partagé la couche maternelle ».

En revanche, dans la pièce, Jocaste est généralement représentée de manière plus humaine, moins inquiétante et paradoxale que dans Edipo-Re. De plus, chez Sophocle, on peut constater que son rôle conjugal, c’est à dire son rôle de femme par rapport à Œdipe, domine celui de la mère. En revanche, dans le film, Pasolini insiste principalement sur la dimension maternelle du rôle très complexe de Jocaste. Par exemple, un passage qui met en scène Jocate et Œdipe seuls dans le jardin, témoigne particulièrement bien de l’importance du lien maternel pour le réalisateur : en effet, le point de vue de la caméra (cadrage de près en contre-plongée) accentue le côté maternel de Jocaste, Œdipe étant comme un enfant, allongé la tête sur ses genoux. Néanmoins, dans l’œuvre cinématographique de Pasolini, il reste parfois difficile de savoir si le rôle de Jocaste est maternel ou conjugal, à l’égard de l’homme qui est à la fois son fils et son mari.

Enfin, la scène du suicide de Jocaste est très différente de la pièce théâtrale au à l’œuvre cinématographique. En effet, dans le film, la scène est très explicite : le personnage pendu est lentement filmé en gros plan. Au contraire, dans la pièce de Sophocle, les faits ne sont pas décrits clairement, mais rapportés de manière plus implicite.

Pour conclure, on peut dire que Jocaste est représentée différemment selon les intentions des auteurs. Dans les deux cas, elle renvoie l’image d’une femme puissante. D’une part, Sophocle insiste sur son rôle de reine, de conseillère et de confidente qu’elle joue auprès d’Oedipe, et sur son pouvoir politique et religieux. Puis d’autre part, Pasolini va plus loin en questionnant la complexité, le caractère paradoxal, ambigu et énigmatique du personnage, ainsi que le fait qu’elle soit partagée entre son rôle d’épouse et de mère.