La violence dans Oedipe roi chez Sophocle et Pasolini
Par Christopher • 11 Juin 2018 • 1 297 Mots (6 Pages) • 833 Vues
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Argument → Jocaste se pend.
Exemple → « Jocaste, tête divine, a succombé. » Le serviteur du palais (page 117)
Analyse → Le suicide de Jocaste est sous-entendu. En effet, rien n’est montré explicitement et lorsque les circonstances de sa mort sont demandées le serviteur répond « Elle même et sa propre main. » En revanche, dans le film, le spectateur contemple les pieds de Jocaste qui pendant dans le vide à côté du lit conjugal. La prise de conscience d’Œdipe par cette mort est suivie d’un écran noir et de déambulations très sombres dans le palais. Encore une fois, la métaphore de la cécité est visible puisque la lumière se fait dans son esprit tandis que la pénombre s’empare de l’écran.
Argument → Ainsi, la révélation chez Œdipe introduit une réelle cécité.
Exemple → « Ses prunelles déchiquetées mouillaient ses joues. » Le serviteur du palais (page 118).
Analyse → La structure même de la phrase accroît la violence des propos. En effet, les prunelles réfèrent à quelque chose de poétique, ce qui contraste d’autant plus avec le verbe « déchiquetée » exprimant des chaires dilapidées, éparpillées puisqu’elles en viennent à mouiller ses joues. Cela donne l’effet que ses yeux coulent sur son visage, plus le noir se fait dans sa tête plus son esprit s’illumine et comprend toute l’immensité de son erreur : on ne peut échapper à l’Oracle, le destin que les dieux nous ont choisi est irrémédiable.
- Violences morales.
Argument → Regard entre le père et l’enfant.
Exemple → « C’est elle que tu me voleras, elle, la femme que j’aime. » Intertitre.
Analyse → Le père d’Œdipe dans le film de Pasolini incarne à la fois son propre père (dimension autobiographique) mais aussi le fascisme italien (dimension politique). Le fait d’utiliser un procédé référant au cinéma muet indique une volonté d’insister sur l’essence du complexe d’Œdipe. Ainsi en enlevant le sens de l’ouïe il met en valeur celui de la vue et propose peut être déjà une réflexion sur l’importance de taire l’essentiel, certaines vérités ne se transmettent que par l’absence d’un sens.
Argument → Joute verbale Œdipe Tirésias.
Exemple → « J’affirme que c’est toi, le tueur de cet homme que tu cherche. » Tirésias (page 65).
Analyse → Cette révélation de la part de Tirésias est avouée après de nombreuses menaces qu’Œdipe profane contre lui. Il veut tellement connaître la vérité qu’il finit par accuser Tirésias du meurtre, à ce moment là Tirésias clame haut et fort que c’est Œdipe qui déshonore le peuple et répand la peste.
Argument → La querelle entre Œdipe et Créon.
Exemple → « Si, et c’est là que ta traitrise éclate ! » Œdipe (page 77).
Analyse → Œdipe suspecte Créon d’avoir tué Laïos, une querelle éclate donc entre les deux hommes. Créon sait pertinemment qu’il n’a rien fait et suspecte Œdipe de son côté. Après la prophétie de Tirésias, les soupçons de ce dernier augmentent. En effet, leur violente dispute, aussi bien exprimée au cinéma avec une scène de cris, repose sur de nombreuses stichomythies dans lesquelles Œdipe, ne connaissant toujours pas la vérité s’obstine à accuser son beau-frère. Créon en est réduit à quitter sa patrie, ce qui traduit l’emportement d’Œdipe et ses décisions hâtives et déraisonnées liées à la colère.
- Conclusion.
En somme, la violence est exprimée de façon directe (violences physiques) et indirectes (violences morales). Les oracles et devins représentent des médiateurs entre les dieux et les Hommes.
De plus, l’écriture confère une atmosphère particulière au mythe tandis que l’adaptation cinématographique propose un langage universel par les images et l’interprétation diffère selon chacun.
Ainsi, nous pouvons effectuer un parallèle avec les réécritures de Médée. En effet, Pasolini l’adapte aussi au cinéma et les mêmes thèmes sont abordés (respect des dieux).
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