Huis clos - Jean-Paul Sartre
Par Christopher • 29 Avril 2018 • 1 487 Mots (6 Pages) • 780 Vues
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SC5 : Elle est la fin de l'acte unique de « Huis clos ». On en apprend beaucoup plus sur le caractère de chacun des personnages, on comprend également les raisons de leur arrivée en enfer.
L’Analyse :
p.30-37 : La Grande question est « pourquoi nous sommes ensemble ? » Ce n’est ni du hasard ni par rapport à un quelconque assortiment. Ils attendent la réponse, comme nous, les spectateurs.
p.38-41 : La violence de la parole, la tension augmente et les mots sont prononcés : « enfer », « assassins », « damnée la petite sainte », « damné le héros sans reproche », « il faut payer pour sa vie ». Présence du trio instable et source de souffrance, aucun pacte n'est possible. Dénonciation de l'illusion de l'isolement et de l'irresponsabilité morale. Cri, langage du corps.
p.42-50 : Le rapport à autrui et le problème du miroir, sans lui le monde nous agresse. Le silence et l’immobilité de Garcin deviennent insupportables.
p.50-63 : Le tutoiement, l'impératif, les comparaisons communes, les phrases nominales transforment le langage théâtrale langage familier. On passe aux révélations. Le Silence devient un personnage et augmente la tension, « Je vous avais supplié de vous taire ». Les personnages attendent de nouveau.
p.63-72 : Tirade d'Estelle, elle y décrit une vision et engage la conversation fictive avec Pierre. Attitude caractéristique de la jeune femme, elle échappe à la réalité par de la frivolité passagère. Elle est sous le choc de cette révélation.
Tout est devenu piège et menace pour leurs relations. Les personnages ont leur vie derrière eux et ils la regardent comme un spectacle pour lequel ils ne peuvent plus rien.
p.70-95 : La durée importe peu maintenant, ils doivent assumer. Garcin s'ouvre face à leur incompréhension « mon avenir est entre leurs mains ». Les autres sont devenus les juges.
Estelle est la plus rebelle, poussée par sa haine elle veut tuer mais est impuissante. Elle n'est plus libre de modifier l'état des choses. Elle devient une morte vivante.
La communication est le problème de toute une génération, l'existentialisme le prouve. Comment être compris ? « Quand les hommes sont fiés dans le regard des autres c’est l’enfer. Alors, continuons. »
La Synthèse :
Ce théâtre appartient au répertoire classique car il s'inscrit dans l'histoire littéraire de l'époque. Le point de départ est de parler aux spectateurs de son quotidien, et ce, avec une distance dramatique.
Comment ? Par une grande sobriété des répliques rythmées et denses.
→ Stichomythie
Par un jeu de questions réponses courtes.
Le langage doit être elliptique car il est acte, il ne peut se séparer du geste.
→ Message verbal et gestuel pour exprimer l'existentialisme.
Le langage doit être irréversible comme le geste, la liberté existait mais avant le huis clos.
Le théâtre un moyen d'expression privilégié pour un philosophe de l'existence ; celui-ci a pour principe de partir de l'expérience vécue, d'un choc d'exigences d’où l'homme accède du néant à l'existence.
La morale tient non pas à une affirmation de principes mais à l'analyse de situations, ce que lui offre commodément la scène.
L'homme vit parmi des choses et des êtres étrangers, il sait qu'il existe hors d'eux, hors de lui-même. L'homme est face à sa mauvaise foi et à l'absurdité de l'existence.
→ Huis clos est une introspection et un affrontement aux autres.
→ La conscience privée de liberté et la connaissance de l'angoisse d'être des « hommes choses » car être figés dans le regard des autres est une situation paradoxale qui ne se vit que dans l'après vie, l'après action.
Lhomme vivant a le choix de la liberté, de faire ou non l'acte décisif ; l'homme mort n'a plus de choix ni d'acte à accomplir, il ressent alors cette liberté comme vaine, sa personne a été.
→ Les personnages n'évoluent plus dans cet enfer, ils restent dans le cadre de leur condition d'homme (avec leur manque, leur maladie...)
Est-ce une tragédie ? Oui car nous avons une confrontation avec le destin mais les personnages ne peuvent vivre que le présent avec leur mauvaise foi.
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