Commentaire de la scène 4 de Huis clos
Par Raze • 16 Octobre 2018 • 1 371 Mots (6 Pages) • 669 Vues
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L’usage de la violence
Du coup, prise au piège, Estelle devient verbalement violente envers Inès : « vous voyez » x2 + « avec insolence » + « je vous défends » + « Taisez-vous »
Ils imposent le silence à Inès : « taisez-vous » l.82 + 86 + 95 => refusent la vérité, sont dans le déni
Garcin devient violent physiquement : « la main levée » + « prenez garde »
Même Inès est assez violente dans son vocabulaire, dans ses répétitions qu’on peut imaginer criées (phrases nominales + exclamations l.84 + de nouveau répétition de damné avec dénomination ironique)
Ce qui met fin à la violence : c’est la découverte d’Inès : « j’ai compris », « je sais »
C’est la violence des deux autres qui lui a fait faire le lien avec le « bourreau ».
Elle raisonne logiquement : « A, cependant B et C, en somme D => phrase de conclusion sur le bourreau »
Bourreau <= sainte et héros !
« Le bourreau, c’est chacun de nous pour les deux autres »
B. Ne pas pouvoir jouer la comédie
On en apprend plus sur les personnages qu’ils ne veulent bien le dire explicitement :
- Inès : Comparaison de l’enfer avec une société coopérative : « économie de personnel », « clients », « service », « restaurant coopératif » => C’est Inès, l’employée qui parle, évidemment. Caricature sociale. + Paroles d’Inès : crues, voire « grossières » (« bête comme chou »)
- Estelle : méprisante (méprise le personnel + ne veut pas être incluse dans le « entre nous » d’Inès, petite employée des Postes), refuse de regarder la vérité en face (gens qui s’absentent), besoin d’être rassurée, suivie (et vous, dites qqchose), hypocrite (ment sur son passé), naïve (croit ou fait semblant de croire ce que dit Garcin). + Paroles d’Inès : empruntées, précieuses (« gens qui s’absentent »), prend soin de son apparence
- Garcin : violent (// a torturé sa femme), « j’ai osé » : aurait voulu être héroïque
- Garcin et Estelle : refusent la vérité, refusent qu’Inès parle, qu’elle mette à jour la vérité.
C. Etre toujours soumis au regard et au jugement de l’autre :
CL du regard : Garcin a été fusillé parce que les autres savaient : « yeux fixés sur moi », « vous voyez » l.71, « je vois » l.73, « Inès le regarde sans peur mais avec une immense surprise » l.96, « vous allez voir » l.103 => celui qui voit = celui qui sait, qui détient la vérité. Ici, celle qui sait = Inès.
Existentialisme : j’existe par le regard de l’autre, je dépends du regard de l’autre. Si l’autre a une mauvaise image de moi, je m’écroule en tant que sujet.
Estelle et Garcin n’assument pas leur passé, leurs actes : c’est cela leur enfer.
CL de la parole : « courage de dire » l.10, « dites quelque chose » l.29, « tout ce que vous avez à nous dire » l.35, « vous allez dire » l.101, + tous ce qui a trait à « se taire » => la parole qui dit la vérité, celle qui la cache, celle qui menace, celle qui supplie, celle qui met en doute... Celle qui dit = Inès.
Or dire, c’est faire exister. Tant que Garcin et Inès se taisent, il n’y a pas de vérité, ils peuvent prétendre à l’erreur. Pour eux, il est primordial qu’Inès se taise pour sauvegarder les apparences, pour faire comme si, comme dirait Estelle : « mieux croire que nous sommes là par erreur ».
L’autre (Inès) met en danger les deux autres parce qu’elle les juge, elle sait qu’ils ont des côtés sombres.
D’où la conclusion d’Inès : pas de torture physique + seuls ensemble jusqu’au bout + bourreau => bourreau psychologique = chacun va faire souffrir les autres. Comment ? En étant ce que l’autre veut ignorer ou en ignorant ce que l’autre veut (on saura après que : Inès veut Estelle qui veut Garcin qui veut la reconnaissance d’Inès)
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