Commentaire littéraire sur "Heureux qui comme Ulysse" de DU BELLAY
Par Raze • 7 Décembre 2018 • 1 283 Mots (6 Pages) • 726 Vues
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On ne peut à proprement parler de chauvinisme pour ce poème, car ce n’est pas seulement une patrie qui manque au poète, et nous pouvons le voir en étudiant de plus près les caractéristiques de ce dont il est éloigné. Une des premières caractéristiques est la modestie. Le lieu est un village, ce qui suggère un nombre limité d’habitants, et ce village est « petit » ; la maison est qualifiée par l’adjectif « pauvre », qui désigne à la fois la petitesse et l’affection du poète pour elle. Cette modestie se retrouve également dans les matériaux qui constituent la maison, il s’agit de l’« ardoise fine », qui est fragile, surtout lorsqu’on la compare au « marbre » des palais romains. Enfin, la modestie est soulignée dans la comparaison entre les lieux : d’un côté une petite rivière : le « Loir », un affluent de la Sarthe, un petit village du Maine et Loir, le « Liré », dont certainement seuls les gens de la région connaissent les noms ; et de l’autre, le «Tibre », fleuve majestueux qui traverse Rome ville mondialement connue, riche de toute son histoire glorieuse, et qui peut afficher l’audace des constructions majestueuses que sont ses « palais ».
Ce qui fait aussi la supériorité de cet endroit est le fait qu’il soit lié à une histoire familiale. Dès la première strophe, Du Bellay enviait à Jason et à Ulysse d’avoir retrouvé une famille, des « parents ». Cet attachement s’exprime également dans le rappel de la présence familiale dans le village, c’est le « séjour qu’ont bât mes aïeux », c’est un endroit marqué par une histoire familiale, qui donne à l’homme son identité.
Enfin, la modestie, la présence familiale, c’est ce qui donne à l’endroit une chaleur, un confort de vie, comme le suggéraient les connotations présentes dans le feu de cheminée de la strophe 2, et comme le suggère également l’ nom « douceur associé à l’origine géographique dans le dernier vers du poème : on peut à ce propos noter que dans un poème la place finale (tout comme la place initiale) est très importante, et qu’il n’est pas innocent que Du Bellay termine par « la douceur angevine ».
Dans « Heureux qui comme Ulysse… », Du Bellay se laisse aller au lyrisme, à la douceur d’exprimer la nostalgie pour le pays où il est né, qu’il a quitté et qui lui manque cruellement. Mais loin de la plainte gégnarde et chauvine, ce poème apparaît comme l’expression cultivée et raffinée de la douleur de l’exil.
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