Commentaire du Cageot de Ponge
Par Orhan • 28 Septembre 2018 • 1 373 Mots (6 Pages) • 466 Vues
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Le cageot est également personnifié à plusieurs reprises dans ce poème : il passe de sujet passif dans le premier paragraphe à sujet actif dans le second et enfin dans le troisième est personnifié à proprement parler, il est « ahuri », montrant également l’absurdité de se débarrasser d’un objet « tout neuf encore » (l.11) ; puis est considéré tout comme étant « des plus sympathiques » (l. 14). L’objet est donc, ici aussi, explicitement valorisé par l’auteur. Il aurait aussi une clairvoyance comme nous l'avons dit plus haut.
Il va également sans dire que ce poème est plein d'humour et de bon nombre de jeu de mots qui contribuent à rendre la lecture de ce poème agréable, et donc indirectement à valoriser le cageot. Nous pouvons citer par exemple « fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie » (l.3). Le poème se termine par une pointe comique à la fin de la clausule, « s’appesantir » signifiant à la fois qu’il ne faut pas trop d’y intéresser, mais également ne pas s’assoir dessus au risque de briser l’objet, le poète joue ici sur la polysémie des mots.
Ainsi, le cageot est par ce poème rempli d’humour valorisé et personnifié. C'est un objet que Ponge trouve « des plus sympathique» donc un objet intéressant. Mais le cageot n’acquiert-il pas par ce petit poème en prose une véritable dimension poétique ?
Le cageot est avant tout caractérisé par la brièveté de son existence - son destin est de mourir: il y a été conçu de telle sorte qu’il « puisse être brisé sans effort » (l.6). De plus, Ponge emploie un vocabulaire tragique : le cageot est « voué » (l.2), il a un « sort », qui est « sans retour » ; le cageot ne peut donc échapper à son destin, qui est celui d’être détruit.
Cette dimension tragique du cageot le transforme en symbole du caractère éphémère de toute existence. Le cageot a, comme nous l’avons déjà remarqué, le statut hybride d’objet qui subit toute les actions et de sujet qui devient presque humain. Le début du poème renvoie également à quelque chose de plus fort et de plus troublant qu’un simple jeu phonétique : à l’enfermement (le mot est à mi-chemin entre cage et cachot) ; cela peut laisser entendre que toute réalité, même la plus triviale comme celle du cageot peut être sujet à enfermement. Le cageot est également un lieu de mort, puisqu’il transporte des denrées « qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie » (l.3). C’est donc un objet inquiétant.
Cet objet trivial peut faire penser à l’homme qui est soumis au destin inéluctable de la mort, qui arrive toujours trop tôt. L’homme, comme le cageot, tout en étant une chose banale que l’on peut voir tous les jours, peut renfermer un véritable trésor. L’homme, comme le cageot peut être physiquement facilement détruit. En somme, le cageot est une vanité (comparable aux natures mortes du début du XVIIe siècle), un memento mori (souviens-toi que tu es mortel).
Ainsi, le cageot est un objet éphémère, mais aussi tragique, pouvant donc représenter la brièveté de l'existence humaine. C'est donc un véritable objet poétique.
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Ponge joue sur l'ensemble du poème sur le fait que le cageot soit à la fois un objet prosaïque mais aussi quelque chose de profond, de presque vivant. Cela confère un caractère tragique à l’objet, néanmoins, le traitement du sujet avec des pointes d’humour fait prendre du recul et rappelle l’ambivalence du propos de ce poème. En faisant sortir cet objet de la banalité de son état, « Le cageot » met en valeur cet objet prosaïque.
Dans le Parti pris des choses et en règle générale, Ponge ne s'intéresse que très peu aux hommes qu'il trouve inintéressants. Un objet, ou un élément de la nature offre en effet une richesse d'interprétation bien plus grande. Ponge a d'ailleurs déclaré qu'il « n'existe rien de plus révolutionnaire qu'un objet ». Ce commentaire est la preuve que Ponge peut trouver beaucoup de choses à un objet quotidien.
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