Analyse : Le cageot, Le partie pris des choses, Francis Ponge
Par Andrea • 22 Octobre 2018 • 1 209 Mots (5 Pages) • 1 412 Vues
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La structure du poème peut aussi être considérée comme un jeu. « A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot » est la phrase d'introduction du poème. Ponge offre une analyse purement physiologique du mot en disant qu'un cageot est l'intermédiaire d'une cage et d'un cachot. Cependant, la physiologie de l'objet ne correspond absolument pas à cet intermédiaire. Ce début de définition remet en cause la langue française dès le début du poème en plaçant la poésie sur un piédestal en dépit du sens. Le poème est parcelé en trois paragraphes tous commençant par la lettre « a », voyelle mère du mot « cageot » qui est d'ailleurs retrouvée quarante-cinq fois dans le poème et la lettre « o » trente-et-une fois. La forte présence de ces voyelles fondamentales du mot « cageot » révèle le jeu des sonorités de Ponge en plus de la présence d'allitérations (« cage » avec « cachot » et avec « cageot » ou encore « caissette » avec « claire » et « voie » avec « vouée »). Et Ponge exploite entièrement la prose en finalisant son poème par de la parataxe : « , - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement. »
De plus, la dernière phrase clôt parfaitement la définition proposé par le poète en introduisant une limite « sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement ». Mais cette limite présente une ambiguïté sur le sens. Deux interprétations très contrastées sont possibles, la première étant beaucoup plus triviale car s’asseoir longuement sur un cageot n'est pas très intelligent et la deuxième étant plus intellectuelle et réfléchie car il ne faut pas non plus trop s'attarder sur un objet comme un cageot.
3) A quel endroit le poète intervient-il ? Pourquoi ? Quel est le statut du lecteur ?
Le poète intervient à la fin du dernier paragraphe : « sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement. »
Ici, deux interprétations disparates apparaissent. La première est ridicule car elle renvoie à une situation grotesque qui est de s'asseoir sur un cageot. La deuxième interprétation serait de dire qu'au final, il ne faut pas s'attarder sur un banal cageot car il reste une « simple caissette ». Le poète se place sur le côté de la rationalité.
Cette ambiguïté volontaire permet une réflexion chez le lecteur toujours indécis et perplexe sur la « question du cageot ». Il ne sait pas où se placer et comment interpréter le poème. Par la même occasion, Ponge, en confrontant une situation ridicule à une situation plus réfléchie, décrédibilise l'intellectualité et la noblesse lyrique de la poésie qu'on peut retrouver lors du Romantisme chez Alfred de Vigny ou Victor Hugo.
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