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Commentaire de la scène 7 de l'acte V de Lorenzaccio de Musset

Par   •  30 Novembre 2017  •  1 701 Mots (7 Pages)  •  793 Vues

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le plus grand tort » (l. 42-43)] à la critique de Philippe : « votre esprit se torture dans l’inaction » (l. 36). Par-là, il montre les travers des autres qui eux n’avaient attenté aucune action en faveur de leur cause.

Lorenzo use également du registre satirique pour critiquer la lâcheté du peuple : « la récompense les rend presque courageux » (l. 59). Il se moque de ceux qui cherchent à le tuer pour l’appât du gain : « il regardait [son couteau] d’un air si penaud qu’il me faisait pitié » (l. 63-64). L’humour noir de Lorenzo moque également sa condamnation par la parabole : « le bon Dieu (le « bon » ici est surement ironique et montre le fait que Lorenzo ne croit pas en l’existence d’un dieu bon) […] fera placarder ma condamnation éternelle dans tous les carrefours de l’immensité » (l. 10 à 12). Tout cela montre que Lorenzo depuis qu’il a commis son meurtre, n’a plus espoir en la société. Le rôle de Strozzi est ici, encore une fois de rappeler Lorenzo à des sentiments plus humains : « Pourquoi attribuer à la lâcheté du peuple le respect pour les malheureux ? » (l. 67-68)

Mais plus que cela, l’ambiguïté, qui va presque jusqu’à la folie, de Lorenzo réside dans la réplique où il dit : « J’aime encore le vin et les femmes ; c’est assez […] pour faire de moi un débauché, mais pas assez pour me donner envie de l’être » (l. 54 à 56). Il n’arrive donc pas à s’habituer à son nouveau visage, tout en étant dégoûté de son ancien masque. Le mot « ennui » (l. 53) présent juste avant est également très fort. La phrase « Sortons je vous prie. » (l. 57), juxtaposée juste après, montre directement le lien vers le suicide, chose très romantique. Il est intéressant de noter que cette volonté de suicide indirect est directement liée à la mort de la mère de Lorenzo, la scène commençant sur « Voilà une lettre qui m’apprends que ma mère est morte » (l. 1). Cela fait également écho aux scènes précédentes dans lesquelles Lorenzo craint la mort de sa mère, qui est peut-être, une fois le tyrannicide commis la seule chose qui le rattachait à la vie. Mais là aussi, il existe une sorte d’ambigüité, Lorenzo insistant plus sur la lettre que sur le fait que sa mère soit morte.

Ainsi, cette critique ironique de la société faite par Lorenzo et la difficulté qu’il a à s’adapter à son nouveau masque « d’honnête homme » (l. 50) montre la folie de Lorenzo qui explique son quasi-suicide. Lorenzo meurt donc véritablement en personnage romantique.

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Ainsi, cette scène est le dénouement d’un drame romantique. C’est une scène extrêmement tragique dans laquelle le dialogue entre les deux personnages crée une tension dramatique par laquelle on ressent toute la folie de Lorenzo qui le pousse à tenter la destinée et donc à une sorte de suicide.

Le dénouement de Lorenzaccio est similaire au dénouement de nombreux autres drames romantiques. Dans Hernani de Victor Hugo, par exemple, le personnage éponyme doit tragiquement tenir la promesse faite plus tôt dans la pièce de se suicider à l’appel de son cor. Dans Ruiz Blas également, le personnage éponyme se suicide dans les bras de la reine dont il était amoureux, lui disant que son suicide était irrévocable quoi qu’elle lui eût dit. Même à la fin de René de Chateaubriand, bien qu’il s’agisse d’un récit, le personnage éponyme meurt dans un massacre d’Indiens, à la fin du texte. La scène que nous venons d’étudier est donc similaire au dénouement d’un drame romantique. Ainsi, la scène 8 est donc une sorte d’épilogue qui a son importance mais qui se situe hors de l’action romantique du drame : on aurait très bien pu terminer la pièce à la fin de cette scène.

Dans la mise en scène de Zeffirelli, la scène a été légèrement modifiée et la réplique impulsive de Lorenzaccio : « attribuez cela à ce que vous voudrez » a été changée en une longue tirade, beaucoup plus poignante.

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