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Commentaire composé Caligula acte IV scène 14

Par   •  13 Avril 2018  •  1 513 Mots (7 Pages)  •  4 255 Vues

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seraient simples. « tout serait changé » car « il suffirait que l’impossible soit ». Or, la formulation même de cette attente renferme un paradoxe : par définition, l’impossible ne peut être mais il a fait comme si cette perspective était facilement accessible, atteignable.

Comme nous l’avons vu cette scène apporte d’abord un dénouement à la folie de Caligula, à travers sa réflexion face à lui même et face au miroir. Mais cette scène est aussi et surtout une scène d’action, qui vient terminer la vie de l’empereur fou.

La pression monte crescendo durant toute la scène : « des bruits d’armes ! » ; « des bruits d’armes et des chuchotements s’entendent en coulisse » ces didascalies montrent que la menace est hors de la pièce, il y a un jeu sur le hors scène. Le public peut très bien imaginer la nature de la menace, et Caligula aussi. Une attente se crée.

L’action attendue se déroule en deux temps : Hélicon surgit sur scène en criant « garde toi, Caïus ! Garde toi ! » Il brise donc le calme de l’attente en annonçant directement à Caligula que la menace est très imminente. L’impératif, la mise en garde répétée et désespérée, la ponctuation exclamative montrent qu’Hélicon est fidèle jusqu’au bout, jusqu’à payer de sa vie sa loyauté, car il est poignardé « par une main invisible ». La lâcheté du meurtre d’un confident innocent est mise en valeur par le mot « invisible ». Ce premier meurtre sur scène déroge à la règle traditionnelle du théâtre de bienséance, qui veut que le dramaturge préserve le public de toute action violente. Le second meurtre est plus violent et plus important : un grand nombre de conjurateurs arrive par toutes les issues : les didascalies donnent des indications nombreuses au metteur en scène. L’importance des didascalies dans cette partie montre que cette partie de la pièce est faite pour être spectaculaire et exactement comme le veux l’auteur. La lâcheté des conjurés est mise en évidence : « par toutes les issues, entrent les conjurés en armes », « Tous frappent ». Leur nombre est souligné par les pluriels, les pronoms indéfinis « toutes », « tous » ; et « le vieux patricien le frappe dans le dos ». Ce meurtre nous rappelle celui de Cesar qui impliquait d’une façon similaire un grand nombre de conjurateurs qui frappent de manière aveugle.

Caligula ne se défend pas et ses dernières actions et répliques sont d’autres signes de sa folie. On peut interpréter cette dernière scène comme un suicide de la part de Caligula car celui ci ne se défend pas, et surtout à cause du miroir qu’il brise lorsqu’il lance une chaise dessus : il brise cet objet qui symbolise son double, lui même ; et le brisement du miroir déclenche l’arrivée des assassins dont il ne se défend pas.

Les deux dernières répliques de la pièce sont difficiles à interpréter et elles peuvent avoir plusieurs sens.

« A l’histoire, Caligula, à l’histoire ! » alors qu’il lance la chaise sur son reflet, Caligula prononce cette phrase exclamative qui peut avoir plusieurs sens : elle pourrait être un autre signe de sa folie si il suppose que l’histoire se souviendra de lui mais on peut noter que le « h » est minuscule... Ou cette réplique peut être une supposition de Caligula qui pense que l’avenir lui donnera raison, justifiera ses actes et se souviendra de la lâcheté des assassins.

« Je suis encore vivant ! » : l’ultime réplique de l’empereur fou qui pourrait soit être un signe de sa folie qui le pousse à ignorer sa propre mort, soit qui pourrait être plus profonde et qui serait une indication de Camus qui témoigne que la cruauté absurde qui a consumé Caligula et que Caligula représente est enfouie dans tous les hommes. La seconde interprétation est la plus probable et elle nous rappellerai la fin de La peste du même auteur.

Pour conclure, les fonctions de cette scène finale sont donc celles d’une scène de dénouement classique tragique : l’intrigue est terminée par le meurtre et par le brisement de la glace, ce qui symbolise la fin de la folie de Caligula. Le sort des personnages est par la même réglé : la mort est attendue et elle vient dans cette scène avec une violence et une théâtralité qui sont, elles, modernes. Le succès de la conjuration est une touche positive : la révolte triomphe sur l’absurde, personnalisé par Caligula. Mais la dernière phrase nous oriente plus sur une piste plus réaliste, sur une mise en garde de Camus comme celle que l’on peut retrouver à la fin de La peste : chacun a de la cruauté en lui.

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