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Commentaire Composé - Iphigénie Acte 1 Scène 1

Par   •  11 Octobre 2018  •  2 597 Mots (11 Pages)  •  4 196 Vues

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- Donc évidemment par le principe de la double énonciation propre au théâtre le spectateur découvre les éléments de l’intrigue :

Annonce dès le vers 10 de l’élément déclencheur de la tragédie « mais tout dort, et l’armée.. » avec une polysyndète

Note : La polysyndète (substantif féminin), du grec poly "plusieurs") et syn ("ensemble") et dète ("lié") est une figure de style reposant sur un mode de liaison consistant à mettre une conjonction de coordination au début de chacun des membres de la (ou des) phrase(s), le plus souvent alors qu'elle n'y est pas nécessaire.

La figure provoque un effet de rythme et d’insistance souligné par la conjonction « mais en début de phrase. Donc connotation négative.

La flotte est en effet bloquée depuis « trois mois » (v.34) en Aulide et le problème majeur est le manque des « vents » : répétition du mot (v. 10, 11, 32, 34, 52, 56, 69) donc effet d’insistance et importance de la circonstance.

→L’analepse à partir du vers 51 permet de contextualiser l’intrigue. Elle accentue l’effet de tension du présent grâce à une hypotypose efficace : « mille cris de joie » Nous partions » (v53) versus « il fallut s’arrêter, et la rame inutile »(v57). Ce vers renvoie à la situation présente (immobilité insupportable) et à l’urgence pour Ag. d’agir. Cette immobilité présente est aussi figuré dans les propos d’Arcas au vers 11 quand il dit « Mais tout dort, et l’armée, et les vents, et Neptune. » La polysindète allonge ce temps et la conjonction négative en début de vers exprime la déception d’Arcas encore en ce matin car rien ne bouge.

→L’intrigue est donc construite sur une situation bloquée, ce qui provoque un suspens quant à son issue.

Arcas est en effet alerté par le propos du roi (vers 17-20).

On remarque qu'Arcas soupçonne un "outrage des dieux", une mauvaise foudre. Par ailleurs, le suspense de l’intrigue est mis en place avec l’adjectif « secret » (v18), les propos décousus et mystérieux du roi (v.13,14,15), le trouble qu’avoue ressentir Ag. (v.49).

Agamemnon est prêt à tout pour la gloire de la guerre v.53 « J'offris sur ses autels un secret sacrifice. » repris v61 , les questions d’Arcas, l’urgence et l’impatience « retarde vos conquêtes.. depuis trois mois »v34.

→Agamemnon fait part à son conseiller Arcas de la volonté des dieux révélée par la bouche du devin Calchas (à partir du v.65) avec une irrégularité dans les vers, les rimes par rapport à l’échange (ab/ab alors que le reste de la pièce est en aa/bb et pas une suite d’alexandrins). Donc une parole rapportée décisive qui constitue une rupture, un choc dans la scène : en effet si le roi veut que les vents se lèvent et permettent à la flotte grecque de prendre le large et d'attaquer la ville de Troie, il lui est ordonné de sacrifier sa fille Iphigénie. (v.70). On remarque la répartition de l’alexandrin entre les deux personnages aux v. 70 et 71 qui forment un alexandrin complet. La diérèse « sacrifiez » souligne avec insistance la cruauté de l’ordre de Calchas.

L’intrigue est donc mise en place, exposée de façon classique dans cette première scène et l’issue fatale prévisible pour le spectateur.

II/ l’aspect tragique

a. les marques du trouble/ les circonstances du tragique

La plupart ont vu :

- Le trouble d’Agamemnon , le suspens, et l’importance de la double énonciation (Arcas et le spectateur) pour découvrir les raisons de ce trouble.

- Le fait qu’Agamemnon doute et se sente abandonné par le destin

- Les ruptures dans les vers « sacrifiez votre fille !

- L’irrégularité dans les vers de la prophétie de Calchas

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- →Dès le vers 14, l’antithèse « Libre du joug superbe où je suis attaché » met en œuvre la tension que subit le roi. Agamemnon se plaint.

Il déclare souhaiter vivre dans un « état obscur » (v.15), ce qui semble paradoxal pour un héros au faite de sa gloire, et sur le point de partir en campagne (la guerre de Troie). Comme un souhait d’éviter le destin qu’il pressent.

→Donc il y a création de la part de l’auteur d’une atmosphère menaçante, comme le calme avant la tempête. Tragique des éléments qui vont se déchaîner « ce long calme » (v33-34) « enchaînés sur nos têtes ». L’auteur met en place les hésitations d’Arcas qui sont en définitive les mêmes que celles des spectateurs : points de suspension (v47). Il ne comprend pas ce qui se trame (v.17) et toutes les questions adressées au roi.

→ Pour que l’aspect tragique de l’aveu en fin de scène soit efficace, Racine orchestre par ailleurs de façon subtile les prémisses de l’aveu : « Tu vois mon trouble » (v.49) ; Agamemnon se sent abandonné et seul : opposition entre la foule qui le soutient « assemblés »(v51), « appelés » (v52), « mille cris de joie » (v53) et le choc de la tournure impersonnelle « il fallut s’arrêter » puis l’unique rame « la rame inutile » au v57 qui exprime la solitude soudaine du roi. « Le vent qui nous flattait nous laissa dans le port. » il ne se sent en effet plus soutenu dans sa quête (v.53).

On remarque aussi qu’Agamemnon ne répond pas directement aux questions d'Arcas et prononce des mots surprenants. Arcas, bien sûr, ne peut le savoir, pas plus que le spectateur d’où son rôle dans la scène C'est sur le ton de l'énigme qu'Agamemnon s'exprime "Non, tu ne mourras point, je n'y puis consentir."(vers 40) comme s’il se parlait à lui-même.

Au v. 64, l’hémistiche « quelle fut sa réponse ! et quel devins-je » avec apostrophe, est la preuve de son tourment., avec point d’exclamation à l’hémistiche puis interrogation en fin de vers. La ponctuation du vers insiste sur le trouble d’Agamamnon qui aboutira bien sûr à la révélation du dilemme du héros.

Donc mise en place du nœud tragique dans la scène d’expositionet une atmosphère (et non une ambiance) qui suscite la crainte chez le spectateur, l’interrogation, puis l’effroi :

le manque de vent qui fonctionne

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