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Commentaire Composée Balzac Sarrazine

Par   •  20 Septembre 2018  •  2 934 Mots (12 Pages)  •  1 190 Vues

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Outres les indices sur ce bouillonnement ardent qui saisit les jeunes artistes, Balzac nous expose une vérité qui lui est chère, et qui est l’un des thème les plus importants, le plus dominant même, de sa nouvelle : la souffrance créatrice. Pour l’auteur, et pour beaucoup de philosophes, l’art est un exercice qui s’exerce dans l’affliction. Sarrasine n’échappe pas a cette exactitude, l’auteur précise qu’il «travaillait pendant toute la journée» ligne 4, à ce point qu’il n’est rien en dehors de ce processus de création («seul» ligne 27). Avec la personnification «Il n’eut pas d’autres maîtresses que la sculpture» ligne 28, Balzac donne a cet exercice une influence encore plus forte, cette humanité qu’il lui confère la pose en femme impétueuse qui applique son droit de possession sur l’homme. Sarrasine est soumis a son emprise, son charme, et ne peut espérer l’infidélité car le monde en dehors de son art le rend «si gêné» ligne 26. Si cette relation prend le pas sur l’être humain et réduit l’homme a l’artiste, elle le détruit aussi. La création est douleur : le champ lexical de la douleur dresse un portrait peu enviable du créateur, c’est une «violence» ligne 12, elle est «laborieuse» ligne 11, c’est «une profonde douleur» ligne 22, ce sont «les peines» ligne 20 qui accompagne cet acte et le résume à un «mal» ligne 29, l’auteur nous expose même un certain danger («catastrophe» ligne 30),il use d’ adjectifs péjoratifs tels que «terrible» et «infernal» ligne 66, et mentionne cette force comme une «dépression morale impossible à expliquer» ligne 67, alors l’artiste serait écorché vif et poussé dans une sensibilité extrême. Du reste le seul trait physique qui nous ait donné du personnage de Sarrasine est le terme «laid», la description la plus importante est celle faite sur son talent, comme si celui-ci le consumait et l’effaçait, peut-être même sa passion fulgurante et brûlante pour son art et le calvaire qui la suit l’aurait épuisé autant intérieurement qu’extérieurement, faisant de lui une victime collatérale de son génie et ne laissant plus que de lui une entité repoussante.

Même si sa description physique est réduite à un seul mot, le caractère du personnage est décrit avec beaucoup de détails, c’est une entité qui nous apparaît dans toute sa complexité, et qui fait de Sarrasine un personnage déchiré entre deux visions : celle de l’artiste et celle de l’homme.

Cet extrait est très important dans le déroulement de la nouvelle, il est sur plusieurs plans déterminants pour la compréhension des informations précédentes et l’histoire de ce vieil homme qui monopolise le début du récit de Balzac. On peut donc aisément qualifier l’extrait de «révélateur».

Le passage dont est tiré l’extrait étudié se situe dans la nouvelle à peu prés au milieu de celle-ci, sa place est tout à fait intéressante car elle se trouve au centre de la nouvelle. Cela nous en apprend beaucoup sur le rôle qu’il va jouer : le pivot. Il est question d’un instant crucial pour nous lecteur. C’est le moment précis où on comprend l’enjeu de la description du vieil homme à la fête et son rôle dans cette histoire, c’est le nœud de l’intrigue principale et on y expose l’énigme maîtresse qui va tourmenter le jeune Sarrasine : la rencontre avec le castrat Zambinella. Cet acte a engendré pour lui une déception en la gent féminine, il n’avait connu qu’une seule femme dans sa vie, et cette expérience ne l’avait pas bien marqué, alors réaliser que celle qu’il aime et à qui il voue un véritable culte n’est en réalité qu’un homme, incapable de donner la vie, rien de plus qu’une illusion, va le pousser vers une puissante colère. On retrouve ainsi vers la fin du texte intégrale : «J’aurai toujours dans le souvenir une harpie céleste qui viendra enfoncer ses griffes dans tous mes sentiments d’homme, et qui signera toutes les autres femmes d’un cachet d’imperfection ! Monstre ! toi qui ne peux donner la vie à rien, tu m’as dépeuplé la terre de toutes ses femmes». Cette situation reste assez dramatique pour le personnage de Sarrasine mais pour nous lecteur, et grâce à Balzac, elle est aussi marqué d’une teinte d’ironie. En effet le protagoniste du récit n’a connu qu’une seule femme : « Il n’eut pas d’autres maîtresse que la sculpture et Clotilde» ligne 28. Et l’auteur nous fait part de l’insignifiance de cette rencontre, l’appellation d’ «illustre nymphe» (ligne 30) la transforme en une créature chimérique, un mythe et lui enlève cette part de réelle, comme si ce qu’elle avait partagé avec le jeune Sarrasine n’appartenait au final qu’au monde de la rêverie et n’avait aucune emprise sur le nôtre, cela remet donc en question son authenticité. L’auteur nous informe que «redoutant quelques catastrophes» ligne 30, elle «rendit bientôt le sculpteur à l’amour des Arts» lignes 30-31, cela vient insister sur le caractère insignifiant de cette relation, celle-ci ne valait pas la peine de se risquer pour la jeune femme à se frotter à la nature impétueuse du génie de Sarrasine, et n’ayant aucune informations contradictoires,le lecteur est en droit de supposer que le personnage de Sarrasine à lui aussi choisit d’abandonner cette liaison. Ainsi lorsqu’il rencontre enfin celle qui éveil tous ses sens, et lui rappelle sa part d’homme, Balzac choisit d’en faire une fausse-femme : un castrat, un eunuque. Le terme d’eunuque me semble tout à fait idéale pour qualifier la Zambinella, il est le gardien de la féminité, puisqu’elle est toute entière en lui, mais, et ce malgré ses attributs disparus, il reste, de manière intrinsèque, un homme. Afin d’accentuer l’ironie de cette situation, l’auteur se sert d’une hyperbole : «C’était plus qu’une femme, c’était un chefs-d’œuvre !» ligne 61 ; elle rend les circonstance assez humoristique car la Zambinella ne peut être plus qu’une femme, puisque c’est un homme, l’auteur fait en sorte que le personnage de Sarrasine nous semble à ce moment plutôt ridicule car il s’émerveille pour une chose qui est tout à fait le contraire de ce qu’il pense percevoir en spectateur privilégié.

Pour montrer que ce moment est significatif pour le personnage de Sarrasine, l’auteur à choisi d’en faire un éloge de la femme. En effet le discours du narrateur, qui est omniscient, et qui donc par conséquent est le discours rapporté (Indirect) de celui de Sarrasine est écrit à la louange de Zambinella, qui pour lui incarne la perfection féminine. Cela commence par le nom qu’il lui attribut : «beauté idéale» ligne 50, et qui vient apporter a ce personnage une vision plus

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