Chapitre 10 et 11, Livre III, Les Aveux
Par Christopher • 3 Juin 2018 • 1 659 Mots (7 Pages) • 518 Vues
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si variée dans leurs paroles et dans leurs énormes et nombreux livres ». Le Manichéisme était une religion initiatique. Il faisait appel à la raison, mais il n’introduisait que progressivement dans la vérité. Cette initiation se faisait grâce à l’enseignement du maître, Mani, qui avait tout consigné dans les livres réservés aux élus. Dans la marche vers la vérité, Mani jouait le rôle du Paraclet, du révélateur ultime.
“J’étais affamé de toi”. Oui, Augustin avait vraiment faim et soif, la faim et soif de Vérité. Par contre, on lui servait à manger des paroles, de soleil et de lune. Cette nourriture, les mirages trompeurs pour l’esprit et le regard, le rendaient toujours plus vide : « je mangeais sans avidité. Tu n’avais pas dans ma bouche le goût de ce que tu es vraiment ». Comme dans les rêves, les aliments ressemblent aux aliments de la vie éveillée. Mais ils ne nourrissent pas les dormeurs puisqu’ils dorment. Ainsi, le cœur d’Augustin reste toujours dans sa faim et soif de la vérité.
En voulant se rassasier de la véritable nourriture, c’est-à-dire de Dieu, Augustin tente à d’identifier celui qui puisse lui en donner. « Tu n’es ni ces corps que nous voyons, même dans le ciel, ni ceux que nous n’y voyons pas. » Ici Augustin provoque la question sur la nature de Dieu et celle de l’homme. Il s’agit aussi de la question sur la relation entre le corps et l’âme. Selon le Manichéisme, l’homme naturel est donc double. Il possède: un esprit (l’âme) et un corps. L’âme est une parcelle de Dieu perdue dans la matière dont il faut la délivrer. Pour Augustin, il veut comprendre non plus ce que Dieu est pour l’esprit, mais ce qu’il est en lui-même. Augustin veut positivement exprimer la transcendance de la Vérité. « Dieu n’est pas de ces corps. Il n’est pas non plus l’âme qui est la vie des corps. Dieu est la vie des âmes, la vie des vies, vivant par lui-même. Dieu ne change pas, c’est la vie de son âme. »
Augustin désire découvrir afin de saisir celui qui est la « vie » de son âme, la « vie des vies ». Mais « Où étais-tu si loin, si loin de moi ? » Non, la question devrait être: « où étais-je si loin, si loin de toi, mon Dieu ? » Comme le « fils prodigue » qui quitte son père et s’éloigne de sa maison, Augustin était si loin en terre étrangère des mystifications, exclu de Dieu, privé des nourritures manichéennes. Pour Augustin maintenant, les vers et le chant poétique, le vol de Médée par exemple, sont bien plus utiles que les cinq éléments maquillés de nuances diverses (les cinq fils de la Lumière : Air, Vent, Lumière, Eau, Feu) en rapport avec les cinq antres des Ténèbres (les Ténèbres elles-mêmes, les Eaux, les Vents, le Feu, la Fumée). Les parcelles de la substance divine sont aussitôt absorbées par les puissances ténébreuses ; mais cette « perte de soi » est aussi le commencement du salut car l’âme divine ainsi mélangée empoisonnera progressivement les forces du Mal pour les réduire à la défaite.
Comme Médée s’envole vers le Soleil, son grand père, qui en est l’origine, le fils prodigue Augustin veut retourner vers Dieu qui a eu pitié de lui pour lui dire que « je m’échinais et je me débattais sans la vérité et que c’est toi que je cherchais… » Augustin nous a montré en fin un chemin de la recherche de Vérité, qui n’est pas « par l’intelligence de l’esprit, mais par les facultés physiques. » C’est-à-dire les sentiments et l’humilité du cœur. Cette Vérité ne se trouve qu’en soi-même. Car « tu étais plus intérieur que mon intimité, plus élevé que mes sommet ».
III. Conclusion
« Devenu manichéen dans sa dix-neuvième année, en 372. Durant cette longue période au Manichéisme, Augustin s’est laissé séduire, et il n’a pas tardé à se faire lui-même « séducteur », déployant tout son talent pour entraîner dans la secte ses amis les plus chers. Il resta « auditeur » de la secte pendant neuf ans… sans jamais s’engager au-delà jusqu’à devenir « élu ». Sa vie dans la secte nous est mal connue, du moins dans ses aspects positifs, Augustin insistant, au moment où il rédige les Confessions, sur les erreurs des manichéens et sur ses propres déceptions plus que sur les avantages qu’il en a tirés… » Avoir voulu chercher la Vérité par la raison, la connaissance en entrant chez Manichéisme, Augustin nous a montré enfin le chemin pour la trouver, c’est le chemin du cœur, en se confessant « tu étais plus intérieur que mon intimité, plus élevé que mes sommets ». Il nous faut rappeler qu’Augustin raconte son histoire sous la lumière de la foi d’un adulte et que le temps chez des manichéens lui donne une connaissance importante qui lui permet de mener la lutte contre cette religion dès le « lendemain » de sa conversion. Le Manichéisme a influencé la formation d’Augustin. C’est cette secte dont il allait parler plusieurs fois dans les Confessions.
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